D’après la superstition maritime, on ne doit pas changer le nom d’un bateau sans respecter un cérémonial bien précis car sinon ça porte malheur en attirant les foudres du dieu Neptune !
Alors, si vraiment un bateau doit être rebaptisé, il faut respecter une certaine cérémonie en coupant le « Macoui ». Le Macoui est attaché au nom du bateau. C’est le sillage qui fait penser à un long serpent suivant en permanence l’embarcation. Chaque bateau a un et un seul Macoui qu’il obtient lors de son premier baptême. Du coup, si on le rebaptise, il aura un deuxième Macoui qui entrera en conflit avec le premier, chacun cherchant à prendre le contrôle sur l’autre et à cause de cela, il arrivera de nombreux ennuis au bateau. C’est pour ça qu’on dit qu’il faut tuer le Macoui attaché à l’ancien nom avant de lui donner le nouveau nom.
Tout d’abord, il faut faire disparaitre toute trace de l’ancien nom à bord. On efface donc l’ancien nom sur le tableau arrière. On se débarrasse de tous les objets marqués de l’ancien nom sans rien oublier : bouée de sauvetage ou gilets marqués au feutre indélébile, vieux journal de bord, cartes marines marquées, vieilles factures etc…
Ensuite la procédure nécessite l’intervention d’un bateau ami. Voici la manière de procéder :
- Verser un verre de rhum ou du meilleur alcool à bord à l’arrière du bateau dans le sillage pour saouler le Macoui.
- Le bateau ami doit couper le sillage du bateau par 3 fois, le plus près possible du tableau arrière car c’est là où se trouve la tête du serpent.
- Le Macoui déteste les bruits forts. A défaut de pouvoir tirer un coup de canon ou un coup de feu (un peu compliqué de nos jours, avouons-le), il faut donc sonner un grand coup de corne de brume à chaque fois que le sillage est coupé par le bateau ami. Ainsi, le Macoui attaché au premier nom du bateau va mourir et se détacher.
- On peut alors rebaptiser le bateau en prononçant son nom à haute voix et on verse une rasade d’alcool au nouveau Macoui.
- Il ne faut pas oublier de remercier Neptune, qui a présidé la cérémonie, en versant dans la mer, côté tribord cette fois-ci, une bonne rasade d’alcool.
Certaines variantes exigent que la marraine du bateau soit présente durant toute la cérémonie, qu’elle prononce les paroles suivantes : « Je te baptise (nom du bateau) et te souhaite bonne navigation » et qu’elle casse ensuite du premier coup la bouteille sur l’étrave ou l’ancre du bateau. D’autres imposent que le breuvage soit exclusivement du champagne.
Bref, à vous de faire un peu votre sauce tant que vous faites attention à ne garder qu’un seul Macoui et à satisfaire Neptune. Il est également de bon ton d’inviter l’assistance à boire le verre de l’amitié et grignoter un morceau…
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