Pour la 2ème nuit consécutive, j’ai enfin pu voir la Voie lactée et les étoiles clairement pendant quelques temps avant que de nouveaux les nuages assombrissent l’horizon. Il paraît que ce temps gris constant ou presque est lié au courant froid de Humboldt en conflit avec l’air chaud tropical. Je découvre !
Les nuits sont fraîches et c’est plutôt vivifiant. Ça aide à se réveiller plus rapidement à chaque tour d’horizon et de réglage de voiles. Parce que parfois, j’ai quand même du mal à décoller les deux paupières. Ma dernière nuit de 8h ininterrompues de sommeil date !
Mon régulateur d’allure tient parfaitement bien son rôle. Les petits ajustements faits sur Panama portent leurs fruits. Merci pour ton aide Bryan !
Cette nuit, je franchirai le cap symbolique de 1.000 milles nautiques parcourus d’une traite et en solo (1.852 kilomètres). Auparavant, ma plus longue expérience solo, c’était 45 heures entre Grenade et la Martinique. Finalement, le plus dur, c’est de prendre la décision de se lancer. Il faut se sentir prête dans sa tête, sentir qu’on connaît suffisamment son bateau pour pallier à la plupart des difficultés qu’on pourrait rencontrer et se faire confiance. Le reste suit, a priori…
Il ne me reste « plus » que 3 fois cette distance à faire, soit 3.000 milles, c’est-à-dire 5.556 kilomètres, pour atteindre les Marquises. Une pécadille !
Jour 12 – 04/08/2019 – 19h00 UTC
Position 01°58.365 N – 091°58.033 W

Distance totale depuis le départ = 1.101 NM dont 124 NM sur les dernières 24h soit 5.17 noeuds en moyenne. Pas mal !
J’ai franchi le palier de mes 1.000 premiers milles nautiques solo à 00h56 UTC soit 18h56 en heure locale, en pleine nuit. Rien de spécial pour l’occasion. J’ai juste fini mon plat riz-sauce tomate-petites saucisses coupées en morceau-fromage arrosé d’un coup d’eau du robinet de Panama. Et tout ça dans la casserole pour avoir moins de vaisselle, la frontale sur la tête… oui, je sais ma vie fait rêver…
Je n’ai rien bu à l’occasion car je préfère ne pas boire d’alcool en nav mais je ferai une petite exception pour le passage de l’Equateur, c’est certain ! Enfin à voir à quel heure je le passe… c’est sûr qu’une gorgée de rhum comme ça à 5h du matin, ça peut être un peu dur à faire passer.
Le vent a tourné de presque 30 degrés au cours de la nuit m’autorisant à gagner un peu de terrain vers le sud. Depuis la levée du jour, j’ai repris une route au 240 histoire, normale notamment de passer bien au dessus des minuscules îles (ou bouts de rochers ?) de Darwin et de Wolf. Bien au nord et très éloignées des principales îles des Galapagos. Franchement, si tu n’utilises pas de carte papier pour préparer ta nav et que tu ne zoomes pas assez sur ta carte électronique, tu ne les vois pas et tu es susceptible de te faire une grosse frayeur en passant trop près.
Depuis les 2 cargos croisés peu après que j’ai dépassé le rail de cargos à la sortie de la baie de Panama, c’est la première fois que j’ai des cibles AIS sur l’écran. Toutes autour des îles principales des Galapagos sauf une sur la minuscule île de Darwin : « Jesus del gran poder » un navire de passagers. C’est donc qu’il doit y avoir des trucs à voir là bas malgré la petitesse de l’île… curieuse de regarder sur Google earth à quoi ça ressemble…
Avec le courant favorable qui me pousse, je me fais des pointes à 6-7 noeuds ! Ça dépote !
Effectivement pour ma route, je dispose des meilleurs conseils possibles, ne vous inquiétez pas. Et ça fait du bien de se savoir bien épaulée. Ça soulage d’un gros poids. Je n’ai plus qu’à faire avancer le bateau en tentant de ne rien casser.
Par contre, du côté de Kevin, mon pote de galères comme je m’appelle, encore 175 milles derrière moi, il hésite toujours à s’arrêter ou non aux Galapagos.
S’il s’arrête, ça lui coûte 1.018 dollars qu’il devra débourser avant même de mettre pied à terre et de savoir si le mécano local pourra l’aider ou non. Sinon il devra faire venir la pièce d’Equateur – si elle est disponible. Et s’il doit attendre plus de 15 jours pour l’avoir, ce sera un nouveau billet à poser pour rester aux Galapagos. Pas donné hein les Galapagos ? Et ça, c’est le prix pour 15 jours sur une seule des îles. Si vous voulez en faire plusieurs, c’est plus cher.
S’il continue, il doit trouver une solution pour trouver un nouveau démarreur en Polynésie ou ailleurs et le faire livrer aux Marquises.
Le problème, c’est qu’il a besoin de son moteur normalement pour avoir assez d’énergie à bord de son voilier tous les jours. Donc, s’il prend la décision de continuer sans s’arrêter aux Galapagos, il devra jongler entre son frigo, son pilote automatique et ses instruments de bord pour ne pas consommer plus d’ampères-heure que ses panneaux solaires et son éolienne ne peuvent reconstituer.
Bref… choix cornélien…
Mon frère aura posté avant celui-ci un autre message sur mon profil mentionnant le numéro de la pièce recherchée ainsi qu’une pièce similaire. S’il y a un distributeur à Tahiti que vous pouvez appeler pour moi (enfin pour Kevin) pour savoir combien coûte la pièce, si elle est disponible et fournir une adresse mail qu’il serait possible d’utiliser pour contacter ce fournisseur, commentez l’autre message svp !
Pour info, la pièce recherchée est la suivante : Bosch Starter part number Bosch 1107078 OU la pièce équivalente suivante : Volvo penta D@-40 B part number 3803904 Starter motor.
Quant à mon IPad, le GPS refuse toujours de fonctionner. Je tenterai une restauration une fois aux Marquises. J’ai trop peur de perdre des applications importantes durant le procédé si je le fais en pleine mer…
Jour 13 – 05/08/2019 – 19h00 UTC
Position 01°03.005 N – 093°49.609 W

Distance totale depuis le départ = 1.252 NM dont 151 NM sur les dernières 24h soit 6.29 noeuds en moyenne. Pas mal du tout ! Pas sûre d’avoir déjà fait autant de distance sur 24h jusqu’à présent (depuis l’achat de Nautigirl je veux dire)… Merci le courant ultra favorable ! On va essayer d’en profiter le plus longtemps possible.
Mon régulateur d’allure assure trop ! Il mérite un nom. Ce sera Hercule ! Hercule le régul (vous voyez mon petit côté poète) ? Parce ce qu’il est aussi fort qu’Hercule face à ses travaux.
Au moment du point d’hier, je franchissais la longitude la plus à l’ouest des Galapagos. J’ai vu de loin l’île Darwin. Bien plus grosse que ce que j’imaginais à voir sa taille sur la carte papier ! Finalement, même en pleine nuit, pas de souci, tu peux pas foncer dessus sans la voir. Impossible !
Désormais, le but, c’est de rejoindre le plus vite possible l’Equateur puis les alizés.
Et justement concernant le passage de l’équateur, pour ceux qui l’ont fait, comment avez- vous fêté l’événement ? Avez-vous suivi la tradition ?
Depuis quelques jours, le fond de l’air est frais, très frais : j’ai froid. La nuit, c’est pantalon et sweat obligatoires. J’aurais bien rajouté les chaussettes mais c’est un truc à se vautrer par terre à chaque quart. Déjà que pieds nus, je glisse sur mes planchers, je n’ose même pas imaginer en chaussettes. A quand des planchers – jolis certes – mais surtout antidérapants ? Histoire d’éviter de se la jouer à la Mickaël Jackson à chaque coup de gite, debout dans le bateau ?
Cette nuit, enfin, j’ai eu le droit à un champ d’étoiles au dessus de ma tête. C’est la première fois depuis que je suis partie que le ciel était presque complètement dégagé. Jusqu’à présent, je n’avais le droit qu’à de petites percées. Ça a duré quelques heures et le temps grisâtre et nuageux a repris sa place. J’en oublierai presque ce qu’est un grand ciel bleu…
J’ai cru avoir un nouveau visiteur cette nuit quand allongée dans le carré, regardant vers l’arrière du bateau, j’ai soudain vu un mouvement près de mon panneau solaire. Frontale allumée, j’ai réalisé que c’était un oiseau blanc qui a semblé hésiter un long moment à se poser sur les panneaux avant de s’éloigner gêné par la lumière sans doute. Je l’ai revu plus tard volant devant le génois, un oeil sur le balcon avant me semblait-il. Et puis finalement il a disparu. Pour de bon. Dommage. J’aurais bien partagé un bout de trajet.
Hier après midi, j’ai épongé pour la 2e fois l’eau à l’avant liée à l’infiltration d’eau par les vis de mon rail de fargue ou par ma baille à mouillage. J’hésite en fait sur la cause. Sur un 28 pieds, va trouver de la place pour déplacer et stocker des affaires mouillées de la pointe avant vers euh… ailleurs… tout en ayant encore assez de place pour te déplacer et t’allonger quelque part……
Bref, de l’eau avait coulé à l’intérieur du coffre avant. Forcément, à chaque virement de bord, l’eau qu’il y avait sur le côté a glissé tranquillement vers l’autre côté et sur sa route, y avait la trappe de visite non étanche… A l’intérieur un vieux spi symétrique qu’on m’a donné + 2 ou 3 autres petites affaires étaient bien trempées. Mes ailes de kite, elles, ne sont que légèrement humides ouffff… bref, j’ai tout sorti. Tout épongé. J’ai laissé respirer le coffre ouvert toute la nuit. Et j’essaie de trouver comment faire sécher les affaires mouillées sur un bateau constamment gité et déjà bien encombré…
Une vraie partie de plaisir ce Tétris grandeur nature…
A me voir m’agiter comme ça dans la pointe avant, avec le bateau qui tape, sans ressentir la moindre envie de gerber, je m’impressionne. Normalement je suis sensible à ce genre de chose. J’ai le mal des transports facilement si je ne conduis pas. Bah a priori en bateau, le fait d’être seule à bord pour une longue période semble plutôt avoir une influence très bénéfique sur mon oreille interne. Surprenant ! Mais c’est tant mieux et je ne vais pas me plaindre ! Pourvu que ça dure !
Depuis ce matin, je pense à m’ouvrir une de mes conserves faites maison. Genre mon petit boeuf bourguignon cuisiné avec amour en Martinique avant de partir. Normalement, j’ai respecté tout le protocole pour ne pas mourir emprisonnée mais depuis que j’ai lu un article sur la toxine botullique, j’hésite… Elle est sans goût, sans odeur et elle n’a pas besoin d’air pour se développer. Les symptômes ? Oh rien de méchant : elle te paralyse ?!?!! Bon… je crois que je vais quand même me l’ouvrir ma conserve… et tenter de me faire confiance… Franchement, ce serait trop con de mourir seule en pleine mer à cause d’un boeuf bourguignon mal préparé hein ? A quelques milles de l’Equateur en plus…
PS : merci à tous pour votre aide concernant le démarreur de Kevin. Je lui ai transmis vos propositions et contacts par iridium. A priori, il a décidé de continuer vers les Marquises sans moteur en se débrouillant pour réduire drastiquement sa consommation électrique.
Jour 14 – 06/08/2019 – 19h00 UTC
Position 00°12.929 S – 095°27.095 W

Vous avez remarqué le S au lieu du N dans ma latitude ? Oui, oui j’ai traversé l’Equateur ce matin ! Hourra ! Encore une grosse étape franchie !
Distance totale depuis le départ = 1.409 NM dont 158 NM sur les dernières 24h soit 6.55 nœuds en moyenne. C’est encore mieux d’hier. Incroyable ! J’ai presque l’impression d’être sur un bateau de compétition ! C’est mon record personnel sur Nautigirl. Merci le courant ultra favorable encore une fois ! Là, on sent bien qu’il est moins présent et le vent est plus faible, mais on va tenter de tirer le meilleur des conditions !
En tout cas, hier après-midi, je me suis fait un petit plaisir avec une conserve faite maison. Tout va bien. Suis encore vivante. Pas de toxine botullique dans celle-ci. Ou alors ça a un effet à retardement.
Mon boeuf aux oignons étant – a priori – rangé tout au fond, j’ai reporté mon choix sur une conserve accessible. Ce fut « boeuf aux oignons ». Le seul plat pour lequel j’ai triché car celui là vient d’un restau chinois. Le 999 au Marin en Martinique. D’ailleurs si quelqu’un peut les rassurer et leur dire que oui le processus de conserve en bocal de verre permet bien de déguster leur plat plusieurs mois après, ce serait sympa. La nana de la caisse a halluciné lorsqu’elle m’a vu débarquer avec ma cocotte minute au mois de mars pour embarquer du boeuf aux oignons à mettre en conserve. Je lui ai expliqué le principe et elle ne m’a pas cru. Mais le résultat est là : son plat cuisiné courant mars a été mangé en août et la cliente est toujours en bonne santé (a priori).
Boeuf aux oignons et riz : un délice pour le déjeuner, le dîner et le déjeuner suivant… ben oui, en mer on ne gâche pas et vu que j’avais préparé des conserves pour 2, ben ça me fait plusieurs repas de suite… un peu monotone mais vu la galère que c’est de cuisiner sur un bateau en mouvement, c’est aussi bien.
Toute la nuit, j’ai eu le droit à un magnifique ciel étoilé digne d’un planétarium. Enfin, un ciel dégagé de tout nuages !
A 4h42, mon alarme AIS me signale le 1er cargo depuis plus de 10 jours. Il passera à 5NM de moi. J’ai veillé le temps qu’il passe et qu’il s’éloigne. Un gros bébé de 300 mètres. Là, t’es bien contente d’avoir l’AIS qui te transmet toutes les infos nécessaires : sa vitesse, son cap, à quelle distance minimum il passera de toi… Parce que je sais pas si c’est ma vie qui baisse, la presbytie ou je ne sais quoi d’autres, mais qu’est ce que j’ai du mal de loin à distinguer clairement si c’est rouge (côté bâbord) ou vert (côté tribord)…
Ensuite, j’ai téléchargé mes mails sur mon iridium go tout ça pour lire un message urgent d’un pote disant que je suis tout proche de la zone où se situe d’une bouée météo type Atlas n°32321 qui fait plusieurs tonnes… je regarde sur Open Cpn, sur Navionics et sur ma carte papier : rien de signalé ! Ben là, du coup ça finit de te réveiller… Surtout quand tu apprends qu’elle fait 6 ou 7 m de haut… j’ai compté les minutes croyez moi qui me séparaient du lever du soleil… j’allais à 5 noeuds et plus et franchement, de nuit, j’avais beau scruter l’horizon, pas sûre que j’aurais pu l’éviter si j’avais été sur sa trajectoire… bref, me suis fait une petite frayeur ce matin…
Et à 7h56 heure locale, soit 13h56 UTC, je passais l’Equateur ! Pour l’occasion, Mac mon équipier en peluche s’est fait le porte-parole de Neptune. Vu qu’il ne peut pas parler, il avait rédigé un petit courrier à lire à haute voix expliquant ce qu’il attendait de moi. C’est ainsi que je me suis vue baptisée par Neptune après avoir vidé un seau d’eau de mer sur moi par une température extérieure de 21 degrés SVP ! Imaginez la température de l’eau… Forcément, quitte à être mouillée, j’en ai profité pour prendre une douche. J’avais quand même prévu une bouteille d’eau chaude pour me rincer et me réchauffer. Faudrait pas que je tombe malade non plus…
Et à 8h10 du matin, j’ai donc trinqué au rhum avec Neptune et Mac… Ça, c’est fait !! Ça aurait pu être pire… ça aurait pu être à 5h du matin… là, de nuit, ça aurait eu encore plus de mal à passer… quoique avec du sucre et du citron façon ti-punch, c’était pas dégueu !
Toute la journée : temps superbe, ciel bleu, houle calme et longue, vent faible mais courant favorable : j’en ai profité pour bricoler un truc à l’avant pour mon infiltration d’eau. On verra si c’est mieux ou non
🙂
Désormais, c’est presque une ligne droite vers les Marquises. Je descends encore une chouilla vers le 2°S et ensuite plein ouest !
PS : au fait, merci Jacopo pour les biscuits ! J’ai ouvert la boîte aujourd’hui pour le passage de l’Equateur, comme tu me l’avais demandé. Très bons !! Miam-miammmmm !
Jour 15 – 07/08/2019 – 19h00 UTC
Position 01°08.612 S – 097°01.054 W

Distance totale depuis le départ = 1.520 NM dont 111 NM sur les dernières 24h soit 4.63 noeuds en moyenne. Fini la moyenne de fou des dernières jours. Retour à des vitesses « normales ». Dommage. Je commençais à m’habituer à filer comme une fusée !
Après avoir passé l’Equateur, j’ai pu profiter d’une vraie bonne journée de « pause » dans ce voyage. Ciel bleu et dégagé. Grand soleil. Un fond d’air un peu frais mais vivifiant. Vent faible mais vitesse satisfaisante grâce au petit courant favorable. Une mer calme : de grosses ondulations qui se remarquaient à peine. Bref une journée à faire aimer le bateau même aux plus réticents ! J’en ai profité pour me reposer à fond.
Depuis cette nuit, c’est reparti avec une houle un peu désordonnée parfois. De nouveau, je dois m’accrocher à tout ce qui m’entoure pour garder l’équilibre. Ça, ça ne me manquait pas.
Kevin, mon pote sud-africain, est sur mes talons et me rattrape un peu plus tous les jours. On s’envoie régulièrement nos positions et j’avoue être un peu verte de voir que tranquillement il se rapproche. Je m’y attendais. Je sais que son bateau est plus rapide que le mien mais quand même… Je fais ce que je peux pour avancer aussi vite que possible mais quand il m’annonce faire 8.5 noeuds depuis 2 jours grâce au vent et au courant dont il bénéficie, je vois bien qu’on ne joue pas dans la même catégorie. Jamais de la vie, la carène de Nautigirl ne fera ça ! Sa vitesse max est de 6 noeuds environ, allez 6.5 noeuds pourquoi pas. Mais pas au-delà…. sniffffff. Ça donne envie ces chiffres quand même…
Direction 2°30S 100W et ensuite, un tout droit sur Hiva Oa où j’espère trouver un bon mécano pour mon moteur. Suffit de trouver la perle rare : le gars (ou la nana) avec le bon savoir faire. Si vous avez un nom, faites m’en profiter svp !
Environ 2.600 milles nautiques encore à parcourir. J’ai fait un tiers du trajet jusqu’à présent. Vous pouvez commencer à ouvrir les paris pour la date d’arrivée !
Jour 16 – 08/08/2019 – 19h00 UTC
Position 01°56.859 S – 098°54.480 W

Distance totale depuis le départ = 1.647 NM dont 127 NM sur les dernières 24h, soit 5.3 nœuds en moyenne ce qui n’est vraiment pas mal du tout vu les conditions que j’ai eues. Merci le courant encore une fois.
La nuit a été tout simplement la pire que j’ai vécu jusqu’à présent. A chaque fois que je touchais aux voiles ou au régulateur d’allure, les conditions changeaient dans les 3 minutes qui suivaient. Incroyable ! J’avais à peine le temps de me peletonner sous ma couverture en essayant de couvrir mes petits pieds vu qu’il fait toujours super frais ici, qu’il fallait que je me relève… Ce petit jeu a duré jusqu’à 2h30 du matin… A cela, vous pouvez rajouter une houle de merde en plus du vent changeant et en direction, et en force. Bref, je suis fatiguée…
Ce matin, Kevin a, lui aussi, passé l’Equateur. Il a bénéficié de 2 jours avec une moyenne de 8 nœuds. Il est maintenant à 115 milles environ au-dessus de moi. On est quasiment sur la même longitude. Lui a pris une option de route plus Nord et plus directe. A priori, il a bénéficié de meilleurs courants mais il a subi aussi du plus mauvais temps que moi. Il semble maintenant qu’il soit pris dans une bulle sans vent qui va durer quelques jours, ce qui devrait le ralentir.
Quant à moi, j’ai eu du vent très faible toute la matinée et ça vient seulement de monter. Et je devrais bénéficier de bonnes conditions pour les prochains jours. A moi d’essayer d’en profiter le plus possible pour tenter de retarder le plus possible le moment où Kevin me dépassera. Un vague remake de David contre Goliath. Que les éléments me soient favorables pour compenser la taille de mon petit bateau et le profil de ma carène
🙂
PS : je n’ai pas reçu Fous le camp et sa compagne. Juste une petite visite ce matin d’un de leur cousin qui a fait une petite pause sur le panneau solaire.
Jour 17 – 09/08/2019 – 19h00 UTC
Position 02°43.399 S – 100°45.969 W

Distance totale depuis le départ = 1.793 NM dont 146 NM sur les dernières 24h, soit 6.08 noeuds en moyenne.
Encore 2.350 milles nautiques avant les Marquises ! 40% d’effectués, 60% à parcourir encore…
Hier après-midi, après mon point journalier, j’ai eu le droit à 1h de bon vent, environ 15 noeuds, avant que ça ne se recasse la figure… malgré tout, la vitesse est restée bonne grâce au courant favorable. Ah ce courant… ce ne serait pas la même sans sa présence. Normalement entre 8 et 10 noeuds de vent, je suis très loin des 5 noeuds de vitesse…
Le vent n’est remonté que le lendemain dans la matinée. Toujours irrégulier… généralement 8-10 noeuds et puis ça monte jusqu’à 17-18 et ça redescend subitement. Pas facile les réglages de voiles dans ces conditions…
Toute la journée d’hier, j’ai attendu patiemment que mes batteries se rechargent à 100%. Mais rien n’y a fait… sur 35 Ampères heure qu’il me manquait, j’en ai récupéré seulement 10 environ… ok, le temps était grisâtre une bonne partie de la journée, mais quand même, ça me paraissait surprenant. Vers 16h heures locales, le soleil brillait enfin et j’ai décidé d’orienter un peu les panneaux vers lui et là ô horreur, ô damnation : je réalise qu’il y a un connard d’oiseau qui a chié tout ce qu’il pouvait sur l’intégralité des panneaux !!! Y en avait sur toute la surface !!!
Alors va te mettre sur la pointe des pieds sur le tableau arrière de ton bateau arrière qui gite, lui, pendant ce temps là, une main agrippée au portique, l’autre en train d’essayer de nettoyer le massacre avec un chiffon en microfibre…. en plus c’est que ça pue à mort le guano !!! M’en suit foutu partout… Obligée d’improviser pour nettoyer l’arrière des panneaux solaires beaucoup trop loin pour que je puisse passer la main. Je m’impressionne d’ailleurs de plus en plus quand je vois ma capacité à trouver des solutions de plus en plus rapidement : elle est loin la petite comptable qui ne savait rien faire de ses 10 doigts. J’ai attrapé la gaffe, attaché le chiffon mouillé dessus et m’en suis servie pour nettoyer la partie inatteignable autrement.
Après, va balancer un seau d’eau par dessus sans perdre l’équilibre : ben non, j’ai pas perdu l’équilibre, j’ai juste pas été assez rapide pour me mettre à l’abri des projections. Résultat : mes panneaux sont redevenus propres mais moi j’ai pué le poisson… L’occasion d’une nouvelle douche à l’eau propre cette fois-ci…
En tout cas maintenant : je les chasse moi les fous qui tentent de profiter de mes panneaux solaires !!! Ou je leur enfile un bouchon bien profond là où je pense, non mais !!!
Hier soir par contre, au coucher du soleil, magnifique moment avec un bon groupe de dauphins qui ont entouré le bateau. C’était pas des fans de gym genre « Je t’envoie des grosses pirouettes en l’air », plutôt des fans de glisse. On voyait juste leur dos rond apparaître dans la houle avec le bruit caractéristique de leur respiration, genre un tube qui se débouche « schloupppp » (voyez ce talent d’imitation des sons haha !). Bref un moment magique comme je les aime !!!
Au courant de la nuit, j’ai récupéré un énorme poisson volant sur le pont. Le plus balèze que j’ai vu sur mon bateau jusqu’à présent. Il aurait été parfait au BBQ je pense mais je l’ai remis à l’eau… à 3h du matin, j’avais pas envie d’écailler du poiscaille…
Et sinon, petite frayeur ce matin avec mon iridium Go qui ne fonctionnait plus… ça signifiait rupture de contacts avec le continent hormis les 50 sms que je peux envoyer et/ou recevoir via mon In reach Garmin… c’était marqué « insérer carte SIM ». Ok, pas de panique : démonter la batterie, retirer et remettre la carte SIM qui pourtant fonctionnait très bien jusqu’à présent et rallumer le bordel… même message d’erreur…. ok je recommence. Rien d’anormal de visible sur la carte SIM. Alors, je me dis que ça ne doit pas faire assez « contact » donc, au dessus de la carte SIM et sous la batterie, j’ai glissé un petit morceau de papier plié en 4 comme j’ai déjà vu un pote le faire sur mon ancien téléphone satellite et ô miracle, ça a remarché ! Je me sens dans le peau de Mac Gyver… et ultra rassurée quand même de pouvoir recevoir ET donner des nouvelles. Seule petite inquiétude : l’appareil a buggé et il a fallu que je l’éteigne et le rallume pour qu’il
accepte de fonctionner normalement. Je croise les doigts pour, qu’à compter de maintenant, je n’ai plus de soucis…
PS : Au fait, j’ai oublié de préciser que je suis dans la zone UTC-7 depuis hier déjà. Du coup, j’ai repoussé à nouveau d’une heure tous les appareils de bord mentionnent l’heure locale. Wouhou ! Activité super passionnante : je suis sûre de faire des jaloux hein ! …
Jour 18 – 10/08/2019 – 19h00 UTC
Position 03°16.5490 S – 102°18.3140 W

Distance totale depuis le départ = 1.893 NM dont 100 NM sur les dernières 24h, soit 4.18 noeuds en moyenne, ce qui est presque miraculeux compte tenu des conditions rencontrées sur cette période…
Grosse pétole hier après-midi et une bonne partie de la nuit avec 5 à 7 noeuds de vent. Du coup, j’ai sorti mon nouveau code D, un sorte de spi asymétrique, équipé d’un emmagasineur pour qu’il soit plus facile à gérer solo. Ça m’a permis de garder une vitesse raisonnable on va dire, mais pas formidable.
A la tombée de la nuit, j’ai préféré l’affaler et le ranger pour privilégier le génois tangonné bien plus facile à gérer en cas de coup de vent pour moi…
Déjà, je suis assez lente pour installer le tangon : y a toujours un « bout » (corde) qui ne passe pas là où il devrait au premier essai, entre la balancine, le hale-bas et l’écoute que je rajoute sur le génois et qui est reliée au winch par une poulie à l’arrière du bateau pour pouvoir border le génois sans que l’écoute n’appuie sur la filière… bref, c’est tout un bordel !
Et aucune envie en pleine nuit d’avoir à jouer l’acrobate à l’avant pour ranger le code D enroulé : contrairement au génois sur enrouleur, lui ne peut pas rester à poste, il y a trop de chances qu’il se déploie seul partiellement… donc je le range après chaque utilisation…
J’ai bien fait car à minuit, je me suis pris un petit grain rapide. Bon coup de vent et sous la pluie SVP pour bien se réveiller.
Après, plus de vent… j’en ai profité pour dormir avec AIS et Mer-veille en veille. A mon réveil, j’ai trouvé une hécatombe de poissons volants sur tout le pont : 14 au total dont un qui a manqué de justesse l’entrée du carré. A 10 centimètres près, je le retrouvais sur ma table à carte… Du coup, ça a été nettoyage du pont après le petit déjeuner pour faire disparaître les écailles qu’ils avaient laissé un peu partout. Ce faisant, j’ai trouvé la source de la mauvaise odeur à l’arrière du bateau… je ne comprenais pas… j’en arrivais à me dire que décidément, l’odeur de fiente de fou était tenace. Ben non, en fait, c’était un bon gros calamar qui s’était fichu entre ma bouée fer à cheval et mon portique arrière sur lequel elle est accrochée. Fallait le trouver celui-là !
Comme tous les matins, j’ai fait le point avec Kevin sur nos positions respectives. Il est à 140 milles au nord de ma position. Lui, cette nuit, c’était l’attaque des calamars ! Il en a compté 20 ce matin mais pas un seul poisson volant.
Il semble qu’on ait à peu près les mêmes conditions de vent malgré la distance qui nous sépare : calme hier et cette nuit, un peu plus fort depuis ce matin.
J’espère que je vais récupérer une bonne vitesse ces prochains jours. J’avoue que le temps commence à se faire long… Encore 2.235 milles me séparent d’Hiva Oa…