(Tous les mots suivis d’un * sont expliqués dans le glossaire figurant au bas de l’article)
JOUR 5
Nous nous levons tous stressés, je pense. Arrivés sur Chao Lay, nous rencontrons Ian l’examinateur qui va nous suivre pendant ces deux derniers jours. Autour du thé matinal, il se présente, nous parle de son cursus, de son expérience dans la voile et nous fait remplir les formulaires nécessaires au passage de l’examen.
Il contrôle que nous avons validé la théorie du Yachmaster ainsi que l’examen VHF et que nous avons tous suivi avec succès la journée de formation aux premiers secours. Ensuite, il nous demande, à tour de rôle, de parler de notre passé en voile et du nombre de milles nautiques réalisés. Je lui parle de mon expérience de 7 mois dans les Tuamotu en Polynésie française sur le 28 pieds de mon ex, de ma transatlantique réalisée en tant qu’équipière sur un 47 pieds, de l’achat de Nautigirl début 2017 et des milles réalisés en solo avec. Nul besoin de lui présenter les attestations que j’ai récupéré des différents skippers, il se contente de me poser des questions précises pour s’assurer que je ne pipote pas. Il procède de même avec les autres. Vincent passe haut la main le test également. Les choses se corsent un peu pour Emilio qui a effectué, d’après ses dires, près de 40.000 milles, ce qui est énorme, dont les deux tiers sur des yachts motorisés. Son expérience à la voile date de plus d’une dizaine d’années. Cela explique les difficultés que Vincent et moi avons perçues lorsqu’il prenait la barre : avoir du mal à conserver une allure au vent arrière sans risquer un empannage(*) intempestif, confondre les mots « empannage » et « virement de bord(*) »… L’instructeur creuse un peu l’expérience dont il parle et finit par valider son inscription à l’examen du Yachtmaster.
Une fois les papiers remplis et le thé avalé, Ian nous pose des questions sur l’emplacement des éléments de sécurité. Chaque question est adressé spécifiquement à l’un d’entre nous et lui seul est autorisé à répondre. Les autres se contentent de l’encourager sans prononcer un mot.
Il demande à Vincent et Emilio où se trouvent les gilets de sauvetage, où sont les vannes importantes du bateau, à quoi elles servent. Ils décortiquent ensemble le classeur qui rassemblent les différents schémas de l’intérieur du bateau. Les choses se compliquent lorsqu’il demande à voir la grosse trousse à pharmacie. Nous séchons tous sur son emplacement… C’est sûr, Alex nous l’a présentée. Mais où est-elle passée ? Impossible de mettre la main dessus. Nous commençons à retourner l’intérieur du bateau… Sans succès… Ian finit par passer à autre chose. Il sait qu’on en a fait l’inventaire, il y a juste eu un petit bug sur l’endroit où la trousse est placée et il n’a pas envie de perdre trop de temps là-dessus…
Il se tourne ensuite vers moi pour que je lui présente le « grab bag » et son contenu. C’est le sac de survie, celui qu’on jette dans le radeau en cas d’avarie et qui est censé contenir tout le matériel utile en cas d’abandon du navire. Lors de la première journée du stage, nous en avions fait le tour rapidement. Du coup, j’en sors les articles un par un en expliquant la fonction de chacun d’entre eux. Les choses se compliquent lorsque Ian me demande comment les fusées qui s’y trouvent fonctionnent et quel type est utilisé dans quelle situation. Il me faut relire les indications sur les étiquettes ne m’en rappelant plus et n’en ayant jamais actionné de ma vie : les fumigènes flottants (à utiliser de jour, une tirette pour déclencher, balancer à l’eau sous le vent du bateau), les fusées parachute (à utiliser de jour comme de nuit, tenir à 2 mains avec des gants et utiliser sous le vent, visible à 50 km max) et les fusées à main (à utiliser de jour comme de nuit, tenir à une main avec un gants lorsque les secours sont proches). Bref, j’hésite un peu mais je m’en sors. Je vois bien que Ian est là pour nous aider plutôt que pour nous enfoncer. Quand il nous sent hésiter, il nous rassure et nous pose des questions visant à nous orienter.
Il nous demande ensuite de lui montrer le moteur. Et à nouveau, c’est la ronde des questions. Chacun son tour. Il commence par Emilio, qui connaît par cœur ce domaine, ayant travaillé pendant des années sur des yachts motorisés. Ensuite, c’est le tour de Vincent qui, lui aussi, a pas mal travaillé dans l’entretien de bateaux. C’est facile pour eux ! Arrive mon tour. Il me demande d’identifier 2 ou 3 trucs sur le moteur. Puis il veut savoir ce que signifie une fumée noire à la sortie de l’échappement. Facile : « Ça signifie une mauvaise combustion du carburant ! ». Ian valide d’un hochement de tête et me lance un : « Et ? ». « Et, quoi ? »… Arghhhh ! le seul truc qu’on a appris, c’est ce que signifiait les couleurs des fumées : bleue = de l’huile dans les gaz d’échappement, blanche = de l’eau… Mais les raisons de la présence de gasoil, d’huile ou d’eau, euh… je n’en ai aucune idée, on n’en a pas parlé ! Ian tente de m’orienter :
– « Pour brûler du gasoil, on a besoin de quoi ? »
– Euh… d’air ?
– Ok, et donc, s’il n’y a pas assez d’air pour brûler le gasoil, c’est peut être un problème au niveau du filtre à air, non ?
– Euh… oui !
– Ok, montre-moi le filtre à air. »
Arggghhhh !!! On n’a pas vu ça non plus pendant le stage… Ok, ok, à quoi ressemble un filtre à air ? Je regarde le moteur de face… Non, ça a pas l’air d’être là… Je passe sur le côté… Ah, là !!! C’est ça ! Ian valide d’un hochement de tête. Il voit bien que je ne suis pas une spécialiste, il se tourne alors vers les autres pour demander ce qui pourrait également créer cette fumée noire. Emilio fournit la réponse : « Problème d’injecteurs ». Je transpire à l’idée qu’il revienne vers moi. Mais, non ! On va passer aux manœuvres !
C’est Vincent qui s’y colle en premier. Il sort Chao Lay de son emplacement sans problème et Ian lui demande d’accoster(*) au ponton sous le vent en marche avant, puis la même au ponton au vent. Il réussit ces premiers tests haut la main. Mon tour ensuite ! Je prends la main sur la barre et exécute les manœuvres demandées en faisant un sans faute, vitesse d’approche parfaite, je suis trop heureuse ! Ça me rassure pour la suite. Au tour d’Emilio. Il approche le ponton un peu vite je trouve, trop vite !!! J’ai juste le temps de lui crier qu’il est beaucoup trop rapide et « booooooouuum ! ». La pointe avant tape fortement le ponton, la coque glisse ensuite le long du ponton, les pare-battages(*) sont compressés à bloc, l’un d’entre-eux se bloque sous le rail supérieur du ponton et « crrrrrrrrrracccc ! », il est arraché ! Mauvais point pour Emilio… Très mauvais point, nous savons tous que c’est UN des trucs à éviter en examen… Je saute sur le ponton, récupère le pare-battage qui flotte tout prêt et remonte à bord. Emilio est stressé à mort… Le temps de remettre en place le pare-battage, il refait l’appontage(*), qu’il réussit cette fois-ci. Au tour de la deuxième manœuvre, l’approche du ponton au vent cette fois-ci. La tension est tellement forte qu’il rate son premier essai : le bateau est bien trop loin du ponton pour nous autoriser, Vincent et moi, à sauter dessus pour l’amarrer. Deuxième essai, réussi… Enfin à peu près, je dois faire du saut en longueur pour atteindre le ponton, ainsi que Vincent. Mais on réussit à attacher le bateau…
Direction le large ensuite. Je reprends le poste de pilotage avec instruction d’aller vers Prickly Bay pendant que Vincent disparaît dans le carré(*) avec Ian. J’essaie de tendre l’oreille mais sans succès. Je n’entends rien de ce qui se dit… Une demi-heure après, les deux réapparaissent. Vincent m’informe gentiment qu’il a subi toute une batterie de questions sur les feux, balisages et signaux sonores divers ainsi que sur la météo et même sur le fonctionnement d’un radar. Un radar ? Mince ! Je n’ai jamais utilisé de radar de ma vie. C’était prévu à l’examen ? Première nouvelle… En tout cas, Vincent est content de lui, même concernant les questions sur le radar : normal puisqu’il sait comment ça marche, lui, et qu’il en a déjà utilisé ! Ian discute un moment avec le reste du groupe pendant que je continue de barrer jusqu’à dépasser Glover Island(*). Puis, il demande à Vincent de prendre ma place et l’informe que l’on va s’arrêter pour le déjeuner dans Prickly Bay. Ce dernier y mène donc Chao Lay et nous effectuons une belle arrivée à la voile sous la commande de ce dernier. Une fois ancré, nous nous lançons dans la préparation du déjeuner, encore une fois préparé par la femme de Ian qui nous a particulièrement gâtés pour ce jour d’examen.
Au cours du déjeuner, la conversation porte pas mal sur la situation d’Emilio, son éviction du Vénézuela, ses diplômes annulés et son impérieuse nécessité de réussir son Yachtmaster pour pouvoir travailler et refaire sa vie. A la fin du déjeuner, Ian nous avertit que la journée va être particulièrement longue puisque nous finirons bien après la tombée de la nuit mais sans pour autant avoir à dormir sur le bateau. Nous rentrerons à la marina. Youpiiii !
Au début de l’après-midi, c’est Emilio qui prend la barre. Après un départ à la voile, il remonte vers Glover Island, plein vent arrière(*) et encore une fois, je le vois approcher dangereusement le point où il risque de faire empanner le bateau. Et je sais que ce n’est pas passé inaperçu auprès de Ian…
De retour du côté de George’s Bay, nous commençons les manœuvres d’homme à la mer, la bête noire de Vincent. Heureusement, pour lui, c’est Emilio qui s’y colle en premier. Je balance l’espèce de bouée qui est censée représenter le malheureux et nous suivons les ordres. Tout se déroule correctement et Vincent récupère sans encombre l’objet flottant avec la gaffe. A son tour maintenant. Visiblement, il est nerveux. Cela se ressent à travers le ton un peu sec avec lequel il s’adresse à nous. Je jette à nouveau la bouée par dessus bord et Vincent entame la manœuvre. Il vire de bord, met le bateau à la cape, repasse près de l’homme à la mer comme convenu avant de s’en éloigner un peu et d’entamer le dernier virement de bord qui nous permettra d’aborder l’objet du côté sous le vent de la coque. Et là, mauvaise gestion de sa part, on arrive bien trop loin de lui pour autoriser quiconque à le ramener à bord. La tension monte d’un cran. Ian lui offre un deuxième essai. Il se veut rassurant et nous explique qu’il ne recherche pas la perfection du premier coup, il veut juste s’assurer qu’on sait le faire. Du coup, Vincent repart pour un deuxième tour. Et cette fois-ci, il réussit. Je passe en dernier avec le bénéfice d’avoir vu les bonnes et mauvaises pratiques des autres et je valide l’exercice.
Vincent reprend la barre et nous emmène le long de la côté sous le vent de Grenade(*). Pendant ce temps, Ian m’entraîne à l’intérieur. C’est à mon tour de passer la batterie de questions qu’il a préparé. Il commence par me montrer son iPad sur lequel défile des images représentant des feux qu’il faut que je reconnaisse : le même type d’exercice que celui des cartes à jouer d’Alex. Heureusement que j’ai bossé intensivement sur les cartes même les plus compliquées, sans faire d’impasse, parce que je tombe notamment sur le feu jaune scintillant signalant… un aéroglisseur… oui, le genre de truc qu’on ne voit pas tous les jours… Ensuite, on passe aux signaux sonores représentés par des tirets courts ou longs et aux balises et leurs couleurs. Tout se déroule parfaitement. Je connais les cartes par cœur. Ça se complique quand il sort une carte isobarique(*). Il me demande d’identifier un anticyclone, une dépression, me demande dans quel sens circule le vent, la puissance du vent sur une zone donnée. On parle de front chaud, de front froid, de brise de mer, de brise de terre. Je sèche sur « comment se forme les nuages ? ». Une histoire d’humidité et de température forcément mais j’ai du mal à sortir l’explication… Ian tente de me guider avec des sortes de questions fermées auxquelles je peux répondre par oui ou par non. Finalement, c’est lui qui me donne un cours sur ces foutus nuages ! Ensuite, il sort plusieurs photos d’un écran de radar. Aïe ! Je préfère lui dire la vérité : je n’ai jamais approché un radar de ma vie et je suis une complète néophyte sur le sujet… Gentiment, il m’explique comment cela fonctionne. Et suite à ses éclaircissements, je dois lui indiquer sur les photos qu’il me présente successivement si le point que je vois sur l’écran est un bateau qui est en ligne de collision avec moi ou non. Enfin, mon entretien prend fin. Ian se veut rassurant : tout s’est bien passé. Même si mon score n’est pas parfait, il est largement suffisant.
Nous ressortons dans le cockpit. Chao Lay est maintenant proche d’un mouillage avec des bouées disponibles. Ian demande à Vincent de prendre un coffre(*) à la voile. Celui-ci effectue la manœuvre et je suis chargée d’accrocher la bouée avec la gaffe pendant qu’Emilio jouera sur la bôme et la grand-voile pour freiner le bateau si besoin est. Je suis à l’avant, gaffe tendue dans la direction où Vincent doit faire pointer le nez du bateau. Il suit mes indications et je choppe la bouée sans problème. Ian me demande de la relâcher aussitôt et de prendre la place de Vincent pour réaliser la même manœuvre. Nous échangeons nos postes. Je relance le voilier en bordant la grand-voile(*) et en donnant un peu de génois(*). Je vire ensuite de bord et commence à me rapprocher de la bouée. Tout se déroule à la perfection : génois roulé, grand-voile faseyante(*) à son approche. Je vois Vincent se pencher pour attraper la bouée avec la gaffe, l’accrocher et… la lâcher !!!! Quoi ??? J’en crois pas mes yeux. Il l’a fait exprès ou quoi ? Je regarde Ian pour savoir si c’est validé ou non. Franchement, tout était nickel, scrogneugneu !!! Et maintenant le vent, assez fort, nous a déjà repoussé loin de la bouée… Hé bien, non, il faut que je recommence. Je grommelle dans ma barbe… Franchement, Vincent, tu as fait exprès ou quoi ??? Vincent s’excuse auprès de moi et informe Ian qu’il a juste lâché maladroitement la bouée. Mais rien n’y fait : il faut que je recommence. Allez, rebelote ! Et cette fois-ci, Vincent assure. Au tour d’Emilio, cette fois-ci qui me réaffecte la gaffe. Il valide l’épreuve du premier coup. Et cette fois-ci, nous attachons le bateau au corps-mort.
Nouvelle pause thé. Ian en profite pour nous attribuer différentes coordonnées géographiques dans une zone proche qu’il nous faudra atteindre de nuit grâce à des points de repères qu’il nous appartient de choisir. En attendant que la nuit s’installe, nous nous installons dans le carré pour prendre les notes nécessaires sur les cartes de navigation. Ayant déjà arpenté la région en long et en large au cours des précédentes journées, je veille à bien sélectionner des balises ou des phares visibles depuis le point que je suis censée atteindre (histoire de ne pas répéter l’erreur faite en entraînement quelques temps plus tôt). L’obscurité commençant à s’installer, nous partons et chacun d’entre-nous prend tour à tour la direction des opérations pour trouver le point géographique qui nous a été affecté. Tout se déroule parfaitement. Nous validons l’épreuve avec succès, la marge d’erreur acceptable étant généreuse. Puis nous rentrons à la Marina vers 20h30. Plus qu’une journée d’épreuve…
JOUR 6
En ce dernier jour d’examen, nous avons l’autorisation exceptionnelle de n’arriver qu’à 9h00 pour compenser la grosse journée de la veille. Autour du thé du matin, Ian nous affecte de nouveau des coordonnées précises à atteindre en prenant comme repères des lignes de sonde et tout autres amers utiles. Après avoir travaillé un moment sur les cartes et rédigé nos notes, nous larguons les amarres à la recherche de ces fameux points. Nous validons tous l’épreuve avec succès.
Après avoir navigué pendant un moment, chacun à notre tour, Ian part s’isoler avec Emilio à l’intérieur du bateau. C’est l’heure des fameuses questions. Vincent étant à la barre et moi en charge des écoutes et donc près de la descente(*), je surprends des bribes de conversation. Ça n’a pas l’air de se passer idéalement… Visiblement Emilio a des trous de mémoire importants, sûrement le stress. Ils finissent par réapparaître et Emilio n’a pas l’air confiant.
Nous déjeunons dans une baie toute proche. A la fin du repas, après avoir débarrassé la table, Ian nous demande sur quelles routes Alex nous a fait travailler (pour rappel, la mienne était Portsmouth/UK à Cherboug/France). Nous lui présentons l’un après l’autre ce que nous avons préparé. Il veut savoir comment nous avons calculé l’heure de départ, quels sont les courants subis au cours de la navigation, le cap compas(*) retenu versus le cap réel, les obstacles éventuels auxquels il faut s’attendre… Bref, il s’assure que nous avons lu toutes les informations contenues sur la carte et dans les instructions nautiques et que nous sommes conscients également de ce qu’il faut avoir à bord pour accueillir un équipage et naviguer en toute sécurité. Il nous donne également des petits exercices de calcul de cap réel versus cap magnétique(*) versus cap compas en fonction de certaines hypothèses de vent et de courant. Encore une fois, Emilio montre quelques difficultés à résoudre certains problèmes et Ian doit le guider quelque peu. Nous finissons par reposer cartes, règle de cras(*) et compas pour rentrer à la base. Aujourd’hui, nous finissons tôt !
De retour au ponton, Ian part s’isoler avec Alex dans une petite guérite tout près du bateau. Vincent, Emilio et moi, nous sommes tous anxieux. Nous attendons avec impatience le retour de Ian pour savoir si nous sommes certifiés ou non. Finalement, c’est Alex qui revient vers nous. Il s’adresse de suite à Victor, lui demandant d’aller rejoindre Ian. Victor s’éloigne. Pendant ce temps-là, c’est silence radio sur Chao Lay. J’en profite pour me fumer une cigarette sur le ponton. Je vois enfin Victor revenir vers nous. Il est souriant : il a son Yachtmaster !!! Il envoie Emilio rejoindre Ian à son tour. Pendant ce temps-là, Victor et moi, nous nous lançons dans une discussion animée. Il est tellement heureux d’avoir décroché l’examen ! C’est alors que nous voyons Emilio revenir vers nous à grands pas, visiblement énervé. Il a les larmes aux yeux. Ian lui a refusé le sésame. Il est furieux, les larmes ne tardent pas à couler. Je suis estomaquée… Je sais ce que cela signifiait pour lui… Je ne sais pas quoi dire pour le réconforter… Alex est obligée de me secouer pour me rappeler qu’Ian m’attend maintenant… Je me dirige vers la petit cahute où il se trouve. Là, il m’accueille avec un grand sourire et me gratifie de toutes ses félicitations. Il n’a que des mots positifs à mon égard. Je suis aux anges ! Mais, j’imaginais pouvoir fêter ça dignement avec le reste de l’équipage et compte tenu de l’échec d’Emilio, ça me semble difficile. Je salue Ian en le remerciant et je rejoins les autres.
Alex tente de rassurer Emilio mais sans succès. Il lui propose de s’inscrire à la prochaine session pour enfin valider l’examen. Mais Emilio refuse : il n’a pas l’argent nécessaire, il faut qu’il travaille mais sans Yachtmaster, c’est impossible… Il est toujours en pleurs. Il finit par récupérer ses affaires et quitte le bateau après un rapide au revoir. Sur le ponton, il croise Ian qu’il refuse de saluer.
L’ambiance est mitigée à bord. Victor et moi, nous sommes déçus pour notre ami, Alex reste neutre tandis que Ian paraît guilleret. Nous décidons tout de même d’aller boire une bière ensemble au Yacht-Club tout proche. Arrivé sur place, pas de chance : l’endroit est réservé pour un évènement privé. Dommage : pas de bière, du coup, nous nous quittons définitivement sur le parking. Alex et Ian partent ensemble en voiture nous laissant, Victor et moi, discuter sur place. Nous apercevons un peu plus loin Emilio près d’une voiture stationnée. Nous le rejoignons pour tenter de lui remonter le moral. C’est peine perdue. Il est persuadée qu’il n’a pas eu son Yachtmaster parce qu’il a un passeport vénézuélien et que c’est l’unique raison de son échec. Nous sommes un peu sous le choc de le voir réagir comme ça. Nous tentons, aussi diplomatiquement que possible, de lui rappeler que tout ne s’est pas passé parfaitement et que notamment, heurter le ponton avec le bateau pendant les manœuvres au moteur était un des rares évènements éliminatoires. Alex nous avait bien prévenus… Mais il ne veut rien entendre. Je tente de le persuader de garder contact avec Alex. Je suis certaine que ce dernier trouvera une solution pour lui faire repasser l’examen moyennant un minimum de frais… Rien n’y fait, Emilio est toujours en pleurs et surtout tellement en colère. L’un de ses amis vient le chercher en voiture. Nous échangeons un dernier adieu avant de le voir s’éloigner. Puis Victor et moi regagnons nos voiliers respectifs. Nous apprendrons ultérieurement qu’Alex a trouvé une solution qui convenait à Emilio pour lui faire repasser l’examen après quelques jours supplémentaires de pratique.
Je suis désormais officiellement Yachtmaster Offshore !!!
Nota bene :
Des pages utile pour réviser les feux, le balisage maritime et autres informations utiles :
Cliquer pour accéder à Doc_FR_SHOM_Signalisation_3.pdf
http://seb.france.free.fr/iut/projet_tutore/feux/
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A très vite !
PS : Cette histoire raconte ce que j’ai vécu mais afin de respecter l’anonymat des personnes qui ont croisées ma route, j’utilise des prénoms d’emprunt – sauf autorisation expresse obtenue de leur part.
GLOSSAIRE :
Accoster : se mettre contre le quai ou un autre bateau.
Appontage : s’arrêter au ponton.
Carré : pièce intérieure du bateau où l’on peut se réunir.
Cap compas : le cap compas (Cc) : c’est le cap indiqué par le compas, c’est-à-dire l’angle entre le nord du compas (Nc) et la ligne de foi.
Cap magnétique (Cm) : angle entre le nord magnétique (Nm) et la ligne de foi, une fois corrigé de la déviation (d) (différence angulaire entre le nord du compas (Nc) et le nord magnétique (Nm).
Carte isobarique : carte météorologique sur laquelle la pression est représentée par les isobares. Les isobares sont des lignes qui relient les points de même pression atmosphérique à un instant donné. Ces lignes sont dessinées à partir des données d’observations météorologiques fournies par les stations de mesure.
Carré : pièce intérieure du bateau où l’on peut se réunir.
Coffre : objet pesant, comme une dalle de béton par exemple, posé au fond de l’eau et qui est relié par un filin ou une chaîne à une bouée, afin que les bateaux puissent s’y amarrer.
Descente : petit ensemble de marches qui mène à l’intérieur du voilier.
Empannage : action de faire tourner le bateau en passant par le vent arrière.
Empanner : faire tourner le bateau en passant par le vent arrière.
Faseyer : flotter, battre au vent.
Génois : voile d’avant avec un recouvrement important de la grand-voile (i.e, le point d’attache des écoutes est bien en arrière du mât).
Glover Island : minuscule îlot sous la péninsule sud de Grenade.
Grand-voile : voile principale du navire, hissée sur le mât.
Grenade : principale île de l’État de Grenade dans le sud des Antilles. La population est d’environ 100.000 habitants.La Grenade est surnommée « l’île aux épices » (Island of Spice) pour sa cannelle, ses clous de girofle, son curcuma et surtout le macis et la noix de muscade.
Pare-battage : sorte de bouée gonflée d’air servant à amortir et à protéger la coque face à d’éventuels chocs sur un quai ou un autre bateau (on parle également de « défense »).
Règle de Cras : règle à double rapporteur utilisée pour tracer des routes et des relèvements sur une carte de navigation et y porter des points.
Vent arrière : allure d’un navire avançant avec le vent provenant de son arrière.
Virement de bord : manœuvre consistant à faire tourner le bateau face au vent de manière à changer le côté du bateau qui reçoit le vent.
A ma grande surprise, je réalise que je vais devoir repasser un examen pour la VHF, le « Short Range Certificate » (SCR), l’équivalent anglais du « Certificat Restreint de Radiotélécommunication » (CRR) français que j’ai passé à Tahiti. Malgré mes recherches sur internet et mon insistance, l’organisme RYA refuse de considérer une quelconque équivalence alors qu’a priori, c’est la même chose… Il est même marqué « Short Range Certificate » sous le nom français en lettres capitales sur les nouveaux certificats format carte bancaire…Grrr, ces anglais… Allez 200 USD à investir dans la formation…