Art. 1 – Qui est Nautigirl ?


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Nautigirl, c’est le nom de mon bateau.

Pourquoi avoir choisi ce nom ? Hé bien, c’est très simple. Tout simplement parce que je suis tombé amoureuse de ce nom, le jour où je l’ai vu imprimé sur un vieux tee-shirt, suspendu parmi d’autres du même genre, sur l’un des murs d’un bar, ou plutôt d’une gargote perdue au fin fond du sud de l’île de Fakarava, dans l’archipel des Tuamotu en Polynésie Française. J’y avais fait un stop tout à faire par hasard avec les amis avec lesquels je naviguais à l’époque. Nous rêvions d’une bière fraîche et c’est ce désir qui nous avait emmené à cet endroit, le seul à proposer ce type de prestation à plusieurs miles nautiques à la ronde. Tout en dégustant ma Hinano, j’avais observé les lieux plus par désœuvrement que par réel intérêt. Et mes yeux avaient été attirés par ce nom imprimé sur un tee-shirt gris.

Je me rappelle avoir été interpellée tant je le trouvais original. J’imaginais qu’un équipage exclusivement féminin avait fait don de ce vêtement au bar de la plage pour que celui-ci agrandisse le nombre de ses trophées déjà nombreux, polos, tee-shirts, casquettes au nom de différents bateaux et drapeaux du monde entier. J’aimais le double sens du nom « Nauti-girl » : d’abord, une fille qui navigue (en latin, on a « nauta » qui signifie « marin, matelot » et en anglais, « girl », c’est une fille), ensuite, en anglais, cela se dit de la même manière que « naughty girl » qui veut dire polissonne, dans le sens de « garnement » ou « chenapan » au départ… Malheureusement, depuis quelques années, l’évolution des mœurs a fait évoluer cette expression vers un côté un peu plus « cochon » quand on parle d’une fille… Alors que lorsqu’on désigne un garçon en utilisant le même adjectif, « a naughty boy », on reste bien dans l’esprit que j’avais au départ, c’est-à-dire un garnement et pas un gros chaud qui montrerait son cul et ses pectoraux à toutes une bande de nanas assoiffées…

Bref, je suis tombée amoureuse de ce nom. Je ne l’avais encore jamais vu porté par un bateau. Je me suis donc juré, à ce moment-là, que le jour où j’aurais un voilier, je l’appellerai ainsi… Sans savoir que j’allais en acheter un six mois plus tard…

Et me voilà fin décembre 2016, à quelques jours de Noël, me dirigeant en voiture vers la marina Z’abricots du côté de Fort-de-France, en Martinique, où je dois voir le seul bateau correspondant à mon budget dans les environs. Je suis accompagnée d’un pote que j’ai rencontré aux Canaries juste avant mon départ en Transatlantique qui, justement, possède le même type de voilier et qui vient de transater avec. Il est censé m’accompagner pour m’aider à contrôler le bon état de ma potentielle future acquisition. Malheureusement, nous nous disputons en chemin et il décide de m’abandonner au milieu du chemin. Je pile, je gare la voiture un instant sur le côté et il descend énervé. Je redémarre, agacée également. J’accélère et je vois sa silhouette disparaître dans mon rétroviseur.

Le sujet de la dispute ? J’avais un rendez-vous fixé à 15h par le vendeur et je comptais, naturellement, m’y rendre à l’heure dite, en compagnie de mon conseilleur… Mais, celui-ci avait plus envie de faire la fête que de se montrer ponctuel à un rendez-vous. Il voulait donc passer d’abord chez un ami, boire une ou deux bières, se faire inviter pour le barbecue parce que « Tu comprends, ici c’est la Martinique, on est toujours en retard ici… C’est le retard martiniquais »… Moi, pas d’accord, je lui avais expliqué que je trouvais très sympa qu’il me propose son aide mais qu’à vouloir se pointer avec les 2 bonnes heures de retard qu’il envisageait déjà, je risquais de mettre en colère mon vendeur ou de voir disparaître le bien avant même de l’avoir vu, et que donc, s’il voulait m’aider, qu’il le fasse jusqu’au bout, c’est-à-dire en respectant l’heure fixé par le vendeur. S’il préférait voir ses potes, pas de souci, je le déposerai et j’irai seule à l’heure fixée. Ma proposition me semblait correcte, le ton et l’attitude utilisés également mais, néanmoins, je l’ai vu s’agacer sans même comprendre pourquoi jusqu’à ce que, abruptement, il me demande de descendre « là, tout de suite, maintenant ». J’ai obtempéré non sans lui avoir proposé de le rapprocher de sa destination. Il a refusé.

Tant pis pour lui, moi, ça me donne plus de temps pour me rendre sur le lieu de mon rendez-vous. Je connais encore mal Fort-de- France et ses environs et un surcroît de temps me sera utile. Je trace ma route tout en me demandant comment je vais faire une fois sur place. Je n’ai aucune connaissance particulière sur les questions à poser lorsqu’on achète un bateau, ni sur les points à contrôler. J’avoue que l’idée d’acheter un bateau m’est venue un peu comme une lubie et que je ne suis pas encore préparée véritablement à la chose. La Transatlantique que je viens d’achever s’est tellement bien passée que j’ai envie de continuer sur cette lancée et, si possible, sur mon propre bateau dans lequel je pourrais mettre toutes mes petites affaires et mes « jouets » tels que mon matériel de kite ou de plongée et ainsi m’arrêter à ma guise dans tous les lieux où je pourrais pratiquer ce genre d’activité. Un peu ce que j’ai connu en Polynésie pendant une bonne partie de l’année 2016, à bord d’Eureka, le bateau de mon ex, Patrick.

Je ne suis plus qu’à quelques kilomètres de la marina quand le propriétaire m’appelle. Il m’avertit que le couple qui vient de visiter le bateau a été emballé et qu’ils viennent de l’acheter. Je raccroche dépitée et je cherche une bretelle pour pouvoir faire demi-tour sur la voie rapide. Je suis maintenant sur le chemin du retour, en plein embouteillage quand il me rappelle de nouveau. La dame a, paraît-il, persuadé son mari, pourtant très motivé, que le bateau était trop petit pour eux et qu’ils feraient mieux d’en acheter un plus grand. Ils sont donc revenus sur leur engagement. Le bateau est libre et c’est moi la prochaine visite ! Je refais un demi-tour tant bien que mal… Il manque des panneaux pour rendre l’orientation plus facile dans les environs de Fort-de-France, croyez-moi ! J’arrive enfin à la marina. Je gare la voiture en hâte tout au bout du parking pour me rapprocher du ponton où je dois rencontrer Frédéric, l’actuel propriétaire.

Il m’ouvre justement le portillon qui permet d’accéder au ponton n°6 où se trouve le voilier. Il m’accompagne alors jusqu’à un joli monocoque à la robe blanche, au nez pointu et à la coque ronde. C’est un Sail 902 de 28 pieds, ce qui représente 8,50 mètres. Il a été construit en 1979. Il est donc plus jeune que moi, mais pas de beaucoup, et il a l’année de naissance de mon petit frère, sûrement un bon présage, me dis-je (quand on n’a pas de connaissances techniques, on a tendance à se raccrocher à ce genre de pensées rassurantes pour un esprit non rationnel) !

Il a l’air tout beau, tout propre. J’aime le taud de grand-voile et sa capote bleus. La peinture de la coque, celle du pont et son anti-dérapant semblent récentes. Je vois la structure d’un régulateur d’allure à l’arrière ce qui me plaît déjà ayant pris l’habitude avec mon ex de naviguer quasi-exclusivement grâce à cela. Je rentre à l’intérieur. L’espace me paraît relativement grand pour un bateau de cette taille, 2,90 mètres. En même temps, ma seule référence est le 28 pieds d’Adri qui est beaucoup moins large que celui-ci même si aussi long, 2,50 mètres de mémoire… Les équipets sont vides tout comme les coffres du bateau, ce qui participe sans doute à l’impression de place que j’ai à cet instant, je m’en rendrais compte plus tard. Timidement, je pose quelques questions à Frédéric. « Je peux voir le moteur ? » Il retire l’ensemble des trois marches qui permettent de descendre dans le bateau et qui cachent également le principal accès au moteur. Je lui demande de le mettre en marche. J’écoute, attentive au moindre bruit suspect qu’une néophyte telle que moi pourrait entendre. Il a l’air de tourner rond. Frédéric l’éteint. Il me dit que c’est un bon bateau, qu’il l’a acheté il y a 6 mois seulement pour apprendre à naviguer mais qu’il vient d’apprendre qu’il est muté en métropole et donc qu’il doit le revendre. Il me fait son éloge avec son gréement d’il y a 5 ans, son jeu de voiles complet (une grand-voile neuve et l’ancienne, deux génois, un lourd et un léger, une trinquette et deux tourmentins). Je ne sais pas me servir de la moitié d’entre-elles mais qu’importe, je vais apprendre ! Je tente de faire le poids face à lui en posant quelques questions par-ci, par-là. Véritablement, le bateau me plaît. Il est dans mon budget et il n’y en a pas beaucoup dans cet état à ce prix-là d’après mes recherches, rapides je l’avoue. Et puis, j’ai ce projet de poursuivre rapidement ma route vers la Polynésie. Il me faut un bateau et vite ! Vite m’entraîner, vite le préparer, vite rejoindre Panama et vite traverser la Pacifique pour enfin rejoindre la Polynésie… J’ai peur d’hésiter et que le prochain acheteur ne dise oui à ma place. Déjà, celui-ci s’approche sur le ponton. J’hésite. Oui, non… oui… non… OUUUUIIII ! « Ok, je le prends ! ».

Nautigirl est à moi désormais. Enfin, ce n’est pas encore Nautigirl. A l’heure actuelle, mon voilier s’appelle encore Arwez, un nom breton que Frédéric lui a donné il y a 6 mois. Lui-même l’a renommé. Enfin, renommé… pas vraiment… il a changé une seule lettre, l’ancien propriétaire, avant lui, l’ayant nommé Arvez… Ah, ces bretons !!! Le « v » s’est donc simplement transformé en « w ». Personnellement, quand j’ai appris cela, j’ai trouvé cela très étrange de ne changer ainsi qu’une seule lettre ne modifiant même pas la prononciation du nom. D’ailleurs, la femme qui s’occupait des formalités douanières se rappelait encore du passage de Frédéric. Elle aussi avait été interloquée par son choix.

Je file faire les papiers dans la foulée. Il me faut encore quelques jours pour obtenir un bel autocollant avec la typographie que je souhaite indiquant le nom que j’ai choisi. J’en profite pour sélectionner un modèle d’oeil bleu que je souhaite coller de part et d’autre de son étrave. Cette paire d’yeux sera chargée de veiller avec moi pour conserver l’intégrité de la coque et éviter tous les obstacles flottants que nous pourrions rencontrer en navigation. Je passe quelques heures à décoller les 5 lettres composant l’ancien nom, des bouts de plastique collés par une sorte d’adhésif ultra résistant, je vous promets ! Et enfin, je re-baptise mon vaisseau et je lui attribue ses deux nouveaux organes de vue.

NAUTIGIRL EST NEE !


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A très vite !


PS : Cette histoire raconte ce que j’ai vécu mais afin de respecter l’anonymat des personnes qui ont croisées ma route, j’utilise des prénoms d’emprunt – sauf autorisation expresse obtenue de leur part.


 

4 réflexions au sujet de “Art. 1 – Qui est Nautigirl ?”

  1. J’aime bien cet achat coup de coeur. On y va et on apprendra en route. Sinon on ne progresse jamais 😉 et depuis de la progression il y en a eu! Au fait, Arvez peut signifier ambition en breton et wez se traduit par cigale. Ar wez, la cigale. Mais je ne ne sais pas si c’était l’idée de l’ancien propiétaire.

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