(Tous les mots suivis d’un * sont expliqués dans le glossaire figurant au bas de l’article)
Lorsque je me réveille deux heures plus tard et que je rejoins les autres dans le cockpit, c’est le « capitaine » qui est à la barre. John et Mac sont autour de lui. Edward lui est absent. Les garçons m’expliquent qu’il y a eu une fuite de diesel. Lors des manipulations du moteur d’il y a quelques heures pour le faire redémarrer, l’un des injecteurs a été abîmé… Un petit trou de la taille d’une tête d’épingle… Il est question de s’arrêter en Martinique pour tenter de faire faire une soudure si Mac n’arrive pas à trouver une solution alternative…
Edward fait une apparition à 7 heures du matin. Il a dormi toute la nuit sans même s’inquiéter de nous donner un coup de main. Nous n’avons même pas le droit un simple sourire pour nous dire bonjour. Et le pire, c’est qu’il sort du bateau pour se rallonger immédiatement sur une banquette après avoir avaler un semblant de petit déjeuner ! Incroyable !!!
La journée s’écoule doucement. Nous passons les uns derrière les autres à la barre – sauf Edward, bien entendu, qui ne fait toujours rien à part dormir en prenant tout une banquette dans le cockpit… Il m’agace d’autant plus qu’avec le vent, son tee-shirt se soulève régulièrement exposant sa bonne bedaine aux regards de tous et que je me passerait bien de ce spectacle ! Dire qu’à moi, on m’a demandé de m’habiller « modestement » et qu’à lui, on le lui dit rien… Ben voyons…
Nouveau rebondissement ce dimanche à 14 heures ! Cette fois-ci, on a de l’eau plein la cale en plus du diesel. Mac est de nouveau sur le coup. Il est impressionnant, je trouve ! Et d’un, il est pasteur et je n’aurais jamais imaginé qu’un pasteur puisse ainsi mettre les mains dans la graisse, et de deux, il n’est pas navigateur à la base et depuis le départ, il a passé quelques heures le nez dans les effluves du moteur au ponton, comme en navigation, sans jamais se plaindre s’il avait quelques nausées ! On met la pompe de cale en route et pour aller plus vite, on rajoute la petite qui nous a servi à vider le réservoir de diesel précédemment… Je goûte l’eau à la sortie du tuyau qui se déverse dans la mer : c’est un mélange de gasoil et d’eau de mer… Je prends la barre et John et Mac partent à la recherche de l’origine de l’entrée de l’eau salée. Ils vérifient d’abord que ce n’est pas le presse-étoupe(*). S’il s’agit de cela, c’est une catastrophe, cela signifierait que de l’eau entre directement par là où l’arbre rentre dans la coque du bateau. Heureusement, ce n’est pas ça, c’est « juste » le tuyau d’arrivée d’eau de mer de l’évier de la cuisine qui a cassé, il a suffit de fermer la vanne pour régler le problème. Un petit coup de pompe (on commence à avoir l’habitude) et c’est reparti ! Pete n’a même pas eu le temps de réaliser ce qu’il était en train de se passer pendant qu’il se reposait dans le cockpit !
Edward est reparti se coucher dans la cabine arrière à la demande de John qui lui a fait comprendre que seules les personnes actives avaient le droit d’occuper le cockpit. Il libère donc enfin une banquette entière ! Tant mieux ! Qu’est-ce qu’il peut m’agacer celui-là ! Dire qu’il s’est fait passer pour un as et qu’il a menti ! Un pasteur ! Et en plus, dès qu’il peut étaler un peu de culture, il fait comme avec la confiture, il l’étale, il l’étale, il l’étale et tant pis s’il s’agit de conneries… A la limite, il reconnaitrait ne rien y savoir en navigation et il chercherait à nous aider en nous préparant à manger par exemple, ça le ferait, mais il est de tellement mauvaise fois que même lorsque je lui suggère très fortement qu’il serait extrêmement sympathique qu’il nous sorte du placard un bout de pain et quelques petits trucs à mettre dessus, il n’exécute que la moitié de la tâche sous prétexte « qu’il n’a pas trouvé le reste »… Hum, ce gars n’a pas l’air bien motivé dans la vie, heureusement pour lui qu’il a trouvé une « voie »…
La nuit tombe. Mac, à force de trifouiller dans le moteur, a trouvé une solution qui nous évitera un stop en Martinique donc on passe loin de sa côte. Les vagues sont hautes dans le canal entre la Martinique et la Dominique. Certaines déferlent et éclaboussent le pont. Je rentre un instant à l’intérieur, ma frontale sur le front. Je m’aperçois avec surprise que certains cartons sont mouillés et que mon téléphone que j’ai posé exprès dans un petit compartiment de la table nage dans un bon centimètre d’eau ! Mon nouveau téléphone qui a trois semaines à peine !!!! Celui-là même qui a remplacé mon défunt premier smartphone qui a fini sa vie au fond de la marina du Marin… Moi qui l’avait posé exprès là pour éviter qu’il tombe ou qu’il prenne l’eau, c’est raté !!! Et tout ça à cause de quelqu’un (personne n’a voulu se dénoncer) qui a mal fermé un des hublots du pont !!! Scrogneugneu !!!! Il va me coûter cher cet aller-retour en Dominique…
Le canal est traversé et nous approchons la côte sous le vent de la Dominique. Le moteur a accepté de redémarrer grâce à Mac surnommé « Mac Gyver » par John et heureusement car sinon le trajet nous demanderait quelques heures de plus vu le faible vent ressenti sous la côte…
Après m’être reposée un peu, je reprends la barre de minuit jusqu’à 3h45. Nous longeons doucement la côte et, autour de moi, tout le monde dort, épuisé. Nous sommes proches de la ville de Roseau, la capitale de la Dominique. Des rumeurs sur le net parlent de pirates qui détroussent les voiliers tentant d’apporter de l’aide. Je reste donc attentive à toute lumière ou bateau suspect autour de nous.
Pete prend ma relève à la barre et je m’endors dans le cockpit à côté de lui. A 5h30, il me réveille de nouveau pour le remplacer. Nous sommes devant Portsmouth, l’autre grande ville de la Dominique, et il faut qu’on attende le grand jour pour rentrer dans la baie. J’envoie Pete à moitié paître. Pourquoi moi encore ? Il n’a qu’à demander à Edward de surveiller un peu ce qu’il se passe ! Il y a peu de vent, le moteur tourne, il ne peut pas faire beaucoup de bêtises… Et je referme les yeux…
Je me réveille au son d’une bouteille en plastique qui tombe à côté de moi. John et Mac sont réveillés. C’est John qui m’a lancé la bouteille. Ils se moquent gentiment d’Edward qui fait faire des zigzag au voilier sur une eau plate pourtant comme un lac. Et celui-ci demande d’ailleurs rapidement à John de le remplacer car soit-disant « les vagues le poussent sur la côte » !?!? Quel navigateur vraiment, jusqu’au bout il aura joué le boulet…
Nous entamons enfin notre entrée dans la baie de Portsmouth. Le spectacle est impressionnant : les reliefs de l’île montrent des arbres nus comme s’il s’agissait de l’automne en France sauf qu’ici c’est le vent qui a arraché les feuilles et pas le froid qui les a fait tomber. De nombreuses habitations montrent des toits arrachés en partie ou totalement. Les tôles sont maintenant dans l’eau tout le long de la côte. Des bateaux sont échoués ici et là. D’autres, à flot, montrent des blessures flagrantes…

Nous arrimons le bateau au quai et nous débarquons heureux de pouvoir se dégourdir les jambes et pressés de débarquer les marchandises. Edward, le boulet, arrive tout de même à trébucher en sortant du bateau ! J’ai même cru un instant qu’il allait finir entre le quai et la coque… Jusqu’au bout vraiment, il se sera montré en-dessous de tout…
La première étape, c’est la douane afin de faire les formalités d’entrée. Leur entrepôt a été soufflé, il ne reste que les murs. Leur bureau n’a plus de toit. Les douaniers sont donc contraints de faire remplir les papiers dans leur 4×4. Ils nous autorisent à débarquer les vivres. Une camionnette conduite par des paroissiens appartenant aux églises en lien avec l’opération arrive. Et une chaîne humaine se forme pour y transférer les marchandises.
Des parents de la famille de John viennent nous retrouver sur le ponton, notamment Mike, un vrai rasta man ! Il a le physique d’un rugbyman avec des rasta. Il explique avoir tout perdu : sa maison et son bateau qu’il venait à peine de finir de retaper. Mais il garde le sourire car il est en vie et que sa famille va bien. Et d’ailleurs, il n’est pas le seul à réagir comme cela. En effet, les dominicains que je rencontre gardent le sourire malgré les circonstances. Ils ont tout perdu mais ils sont en vie et c’est cela qui compte à leurs yeux !!!
Je retrouve sur le ponton un autre rasta man d’un physique plus « classique » va-t-on dire. C’est Yellow. Il est sûre de m’avoir déjà croisée quelque part… En Martinique d’après lui… Et je me rappelle, oui !!! A la station à essence : il était venu discuter quelques minutes avec moi après m’avoir vu remplir des bidons de gasoil et d’essence et les transférer toute seule du ponton à mon petit dinghy. Il avait semblé surpris de savoir que j’étais seule à gérer mon voilier et m’avait fait un petit numéro de charme à l’effet, euh…, tout relatif dirons-nous !
John et moi, nous laissons les pasteurs et les paroissiens traiter leurs affaires et nous suivons Yellow qui nous promet de nous aider à trouver une bière quelque part. Je pars avec une bouteille d’eau encore fraîche grâce à l’énorme glacière remplie de glace que nous traînons sur le pont du bateau (le frigo du bord ne fonctionnant pas). On me fait rapidement comprendre que me balader avec cette belle eau glacée n’est pas une bonne idée ici… Il n’y a pas d’eau courante. L’électricité est coupée depuis presque deux semaines, la simple idée d’une gorgée d’eau glacée pourrait donner de mauvaises idées à certains paraît-ils… Je la laisse à des membres de la famille de John que nous croisons sur la route.
Les rues sont quasiment désertes. Elles sont jonchées de détritus divers dont les plus gros ont repoussés sur le côté. Nous enjambons des câbles électriques tombés à terre. Nous passons à côté de poteaux pouvant concourir avec la tour de Pise. Les magasins sont fermés forcément. La vie est loin d’avoir repris son cours normal en deux semaines.
Yellow nous emmène dans une petite gargote qui a encore des réserves de bières, dont le réfrigérateur fonctionne grâce à un générateur et qui pratique des prix normaux ! Nous dégustons avec délice quelques bières bien méritées debout à l’extérieur du bar bondé avec vue directe sur les dégâts aux alentours…
Yellow nous emmène ensuite dans un autre endroit qui est l’un des seuls en mesure de proposer un plat chaud. Attention, ce n’est pas un restaurant, ni un bar… non, non, une sorte de minuscule magasin, l’un des très rares déjà ouverts, avec un comptoir et qui vend également quelques produits de première nécessité. Pas le choix bien évidemment, aujourd’hui c’est coquillettes et ribs. John et moi partageons l’assiette en plastique. C’est bizarre, il me laisse la plus grosse partie des ribs… Et je me demande pourquoi il demande avec tant d’insistance à la vendeuse ce que c’est comme viande ? C’est vrai que ce sont de toutes petites ribs mais je m’en fous, j’ai faim et on a mangé essentiellement du pain avec de la confiture et du beurre de cacahuète depuis qu’on est parti (note pour plus tard : ne pas laisser les pasteurs s’occuper de la bouffe à bord !!!). Les os sont bien moins gros que d’habitude mais c’est bon, super bon même… La femme refuse de lui répondre, bizarre. Elle dit qu’elle ne sait pas… Nous sortons du magasin et c’est seulement à ce moment là que John m’avoue qu’il pense que c’est du chien… « Du chien ? Comment ça du chien ? » Il me regarde l’air étonné : « T’as pas remarqué la taille des os ? T’as déjà vu des ribs si petites ? Et comment tu crois qu’ils ont eu de la viande dans les conditions actuelles ? »… Décidément, je suis bien naïve… Alors si c’est du chien, euh…, ben j’ai quand même trouvé ça bon…
Yellow nous raccompagne près du ponton où est arrimé le bateau. Nous y rencontrons d’autres membres de la famille de John. Charles, l’un de ses cousins, et Deb sa fille. Cette dernière nous emmène faire un tour en voiture dans les environs après que nous ayons négocié un peu d’essence. A l’heure actuelle, ils limitent tous les déplacements car le carburant est vendu au compte-goutte à certains endroits seulement.
Avec Deb comme chauffeur, nous traversons la ville de Portsmouth et nous longeons ensuite la route en bord de mer en direction de l’autre principale ville, Roseau. C’est une succession de paysages de désolation. Dans les villes, ce sont des toitures manquantes, des poteaux électriques tombés à terre ou faisant concurrence à la tour de Pise, de nombreux câbles électriques ou téléphonique jonchant le sol. Tous les magasins sont fermés bien évidemment à part quelques très rares endroits où l’on croise un peu de vie…

Roseau, au sud de l’île, a priori, a été plus durement touchée que Portsmouth, au nord. Les rues du centre-ville ont été désencombrées, on va dire, et de part et d’autre de chacune d’entre elles, il y a un monticule de terre et de débris divers montrant l’énorme quantité de boue qui s’est déversée dans la ville, la dévastant. Les murs sont encore marqués et on peut aisément voir jusqu’où l’eau est montée au cours du passage de l’ouragan. Les rares passants que l’on croise portent tous des masques pour protéger leurs voies respiratoires. J’apprendrais d’ailleurs, dans les jours suivants, que de nombreux Dominicains, souffrent de problèmes respiratoires sévères suite à tout ce qui a volé dans l’air durant et après le cyclone.

Nous n’avions pas emmené d’eau potable pensant qu’avec les nombreuses sources de la Dominique, les gens ne manqueraient pas d’eau là bas. Hé bien, non… Impossible de boire l’eau juste après un cyclone en raison des animaux morts qui traînent dans les cours d’eau, des arbres qui sont tombés dedans, l’amoncellement de débris divers la rend impropre à la consommation, quand les canalisations n’ont pas été détruites bien évidemment ! Ce problème d’eau cause des problèmes de diarrhées en plus des problèmes respiratoires… L’eau des inondations favorisent la pullulation des moustiques et tout le lot de maladies qu’ils peuvent transmettre du genre dengue, zika ou chikungunya… L’eau stagnante et les débris qui ne peuvent pas être retirés de suite attire également les rats dont la pisse peut donner la leptospirose… Et la proximité des personnes qui ont trouvé refuge chez les uns ou les autres après que leur maison ait été détruite favorisent la transmission de ces maladies…
Dans ce contexte particulier, se rajoutent les faits que l’hôpital a été détruit, la fac de médecine a été vidée, les professeurs ayant fui l’île et les apprentis médecins étant partis finir leurs études dans une autre île… Pas le choix, ici, il n’y a plus rien. Je prends meilleure conscience de ce que signifie le passage d’un cyclone sur une île. C’est une chose de voir des photos ou des reportages, c’est autre chose de voir les faits par soi-même ! Les blessés et malades sont laissés à eux-mêmes… Je prends conscience de l’ampleur des dégâts et du temps qu’il faudra à la Dominique pour se relever. Ce n’est pas une question de semaines ou de mois, mais d’années véritablement… Si peu de temps après le passage du cyclone, ils manquent de tout : nourriture, produits d’hygiène de base, générateurs, dessalinisateurs mais aussi matériaux de reconstruction…
Nous rentrons doucement en direction de la baie de Portsmouth. Nous rejoignons les pasteurs sur le quai auquel le bateau est apponté. Il est question de ramener une famille à Saint Vincent. John s’en mêle. Il ne veut pas trop de monde à bord et il compte également ramener sa nièce à bord pour l’héberger à Bequia et l’aider à trouver du travail pour qu’elle puisse aider sa famille ici. La discussion s’enflamme un peu. John rumine… Il s’éloigne un instant. J’en profite pour lui soumettre l’idée que, s’il s’agit d’une question de nombre de personnes et de poids, euh… comment dire… pourquoi ne pas laisser sur place Edward qui s’était révélé un bon poids mort durant tout l’aller ? Je vois le visage de John s’éclairer. Visiblement, mon idée le réjouit ! Il retourne négocier. Quelques minutes plus tard, il revient tout sourire. Demain matin, nous embarquons deux femmes et deux enfants que nous déposerons à Saint-Vincent où ils ont de la famille ainsi que Donna, sa cousine. Edward reste à terre, il se débrouille de son côté… Nous ne posons aucune question. Ce soir là donc, nous ne sommes plus que quatre à dormir sur le bateau. Edward a préparé ses affaires et est parti rapidement.
Mac en profite pour se lâcher un peu sur son compte. Il nous raconte que la nuit précédente, alors qu’il dormait dans la cabine avant, après avoir assuré son quart, il a entendu Edward allait aux toilettes toute proches. Il n’a pas pu s’empêcher de se demander comment Edward pouvait se faufiler dedans et réussir à fermer la porte derrière lui (c’était déjà limite pour moi, alors lui….). Et après que celui-ci ait fini sa petite affaire, il n’a rien trouvé de mieux que d’aller s’allonger à côté de Mac dans la cabine avant au lieu de repartir à l’arrière et le laisser tranquille… Du coup Mac a été incapable de se rendormir et est parti nous rejoindre dans le cockpit plus rapidement qu’il ne l’escomptait…
Le lendemain matin, je fais une petite toilette de chat après avoir sauté dans l’eau pour me réveiller. Peu après, habillée, dans l’attente de voir arriver nos « invités », je me penche un instant au-dessus des filières pour observer une grosse branche qui est passée sous le ponton et qui me semble un peu trop proche de la coque et là, j’ai dû faire un faux mouvement… En un instant, je sens une forte douleur dans mon cou, et j’ai l’impression de ne plus pouvoir le maintenir en place, je m’accroupis comme je peux en me tenant la tête entre les mains… Il faut que les autres m’aident à m’allonger dans le cockpit tout en m’aidant à soutenir ma tête… Je me suis coincée un nerf ou je ne sais pas… Je réfléchis à toute allure : je suis sur une île qui vient d’être dévastée par un cyclone, il n’y a aucune structure médicale debout, aucun médecin, encore moins de chiropracteurs ou d’ostéopathes et je ne peux pas bouger. Ce n’est pas un torticolis, je n’ai pas juste mal quand je bouge, je ne peux pas soutenir ma tête !!! Dans trente minutes, les personnes que nous attendons vont arriver et je devrais soit débarquer du bateau, soit y rester si tout se remet en place. Je désespère… Charles, le père de Deb, passe nous voir au bateau. Il découvre mon état et fait un aller et retour chez lui pour me ramener un spray chauffant magique ! De toute manière, je n’ai pas le choix… A son retour, Pete m’aide à me relever et m’en enduit le cou et la base des épaules. J’ai même le droit à un rapide massage de sa part, un massage d’un pasteur ! Hahahah ! Je me rallonge. Le produit chauffe, je ne sens pas d’évolution particulière. J’attends… Les minutes passent… Mais doucement, les choses évoluent. Je finis, toujours avec de l’aide, par me redresser et j’arrive à maintenir ma tête sans utiliser mes mains. Cette fois-ci, ça n’a plus l’air que d’un vilain torticolis… Ça va être dur pour les manœuvres mais au moins, je peux bouger sur le bateau… Non mais, quelle histoire !!!
Peu de temps après, nos « invités » arrivent. Une maman et ses trois enfants, ainsi que leur grand-mère. Donna les suit de près. Tout le monde embarque, trouve sa place et nous mettons les voiles. Enfin, on essaye… Je vois avec surprise Mac et Pete tenter de lever la grand-voile alors que nous sommes vent arrière et pas face au vent… Que dire… Il semble que Pete ait oublié certains trucs élémentaires de son lourd passé de voileux… Bref, après ce petit couac, nous mettons les voiles en direction de Saint-Vincent où nous allons déposer la petite famille ainsi que Pete qui vit là bas.
En longeant la côte sous le vent de la Dominique, de plein jour cette fois-ci, nous réalisons que nous avons eu de la chance lors de notre arrivée de nuit. Nous croisons plusieurs fois de gros troncs d’arbres qui, en cas de collision, seraient susceptibles de faire pas mal de dégâts sur la coque…
Le retour se fait rapidement. Toute la petite famille est très cool et se fait discrète l’essentiel du voyage. Cette fois-ci, pas de couac. En tout cas, pas avant de rejoindre la petite marina au sud de l’île de Saint-Vincent. Nous y entrons au petit matin. Et là, à peine l’entrée dépassée, le bateau est stoppé par un banc de sable… Il s’avère que le chenal qui mène aux pontons un peu plus loin est relativement étroit et qu’il faut presque frôler les voiliers amarrés aux premières bouées près des balises signalant l’entrée du chenal… Bref, branle-bas le combat à bord ! John tente la marche arrière toute, sans succès… Le bateau ne bronche pas. Après 10 minutes de manœuvres variées au moteur, il invite toutes les personnes à bord à sortir et à se poster le plus à l’avant possible pour soulager l’arrière du bateau. Et nous voilà tous servant de contrepoids à l’avant sous le regard narquois de quelques spectateurs au mouillage. Enfin, le bateau accepte de bouger et nous atteignons enfin les pontons.

Nous débarquons femmes et enfants ainsi que Pete qui vit également sur l’île. Après des au revoir chaleureux, le reste de la trouve, à savoir John, Mac, Donna et moi, rejoignons Bequia, cette fois-ci, sans aucune encombre…
Donna s’est par la suite installée dans la chambre d’ami de John quelques jours. Au cours de cette période, nous avons vécu un fort orage. Pour ma part, c’était les coups de tonnerre les plus violents que j’ai entendu de ma vie, c’est vous dire ! Et bien, Donna m’a raconté avoir passé sa nuit à courir entre sa chambre et la salle de bain car elle avait eu l’impression qu’un nouvel ouragan s’abattait sur elle. Les éclairs, les coups de tonnerre, tout était similaire à ce qu’elle avait vécu pour Maria. Elle avait donc passé la majorité de sa nuit, accroupie dans la salle de bain, la seule pièce assez rassurante pour elle avec ses murs tout autour sans fenêtre, son sac dans ses bras… Je vous laisse imaginer le traumatisme que ces personnes ont vécu… Elle est repartie pour la Dominique quelques jours après seulement pour rejoindre son père tombé malade d’une maladie respiratoire infectieuse. Elle n’avait pas le cœur à le laisser se débrouiller tout seul… Et depuis pas de nouvelles, la Dominique n’ayant toujours pas pu remettre son réseau de communication en était de marche…
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A très vite !
PS : Cette histoire raconte ce que j’ai vécu mais afin de respecter l’anonymat des personnes qui ont croisées ma route, j’utilise des prénoms d’emprunt – sauf autorisation expresse obtenue de leur part.
GLOSSAIRE :
Presse-étoupe : pièce garnie d’un joint assurant l’étanchéité de l’arbre de transmission. En gros (en très gros), l’hélice est fixé sur un tube (l’arbre) qui rentre dans la coque du bateau et c’est ce fameux presse-étoupe qui permet de ne pas couler par cet endroit.
tres agreable à lire…on s’y croirait, merci
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