(Tous les mots suivis d’un * sont expliqués dans le glossaire figurant au bas de l’article)
J’arrive ainsi au mouillage de la baie St Georges, à Grenade(*), où je fais la connaissance de Vincent, un autre français qui s’est inscrit à la même formation que moi. Il a un Melody 34 et il navigue depuis déjà 3 ans essentiellement en solo. Au cours de cette période, il a régulièrement alimenté sa caisse de bord en travaillant comme technicien pour différentes boites de charter. Il a donc bien plus d’expérience que moi, à la fois en navigation et en entretien du bateau. Il est ici depuis plusieurs semaines. Il va passer la théorie et la pratique via le centre de formation et, voulant être le plus prêt possible avant même le début des cours, il s’est déjà rapproché du centre de formation qui lui a fourni bouquins et CD de formation pour l’aider à se préparer.
L’école m’envoie par mail les documents et renseignements à donner pour l’inscription. Il faut justifier, entre autres, d’au moins 50 jours de navigation et 2.500 miles dont au moins 5 traversées de plus de 60 miles dont au moins 2 ont été faites en tant que skipper. Le tout bien sûr doit inclure des heures de navigation de nuit.
Je me lance donc dans un petit tableau excel (déformation professionnelle de mon passé d’expert-comptable sûrement !) pour calculer si j’ai bien ce qu’il faut. Grâce à la transatlantique que j’ai faite il y a presqu’un an en tant qu’équipière, j’ai déjà le nombre de miles nécessaire ainsi que la moitié du nombre de jours requis. A cela, je rajoute les principales traversées que j’ai faite sur le bateau de mon ex en Polynésie française ainsi que les navigations faites en solo sur Nautigirl et je valide ainsi haut la main le minimum requis. Ne me reste plus qu’à obtenir des attestations signées des différents skippers pour les transférer à l’école. Vive internet ! Quelques mails et jours plus tard, je les reçois toutes. Y compris celle de mon ex qui est pourtant au fond d’une île perdue dans les Tuamotu : heureusement que là-bas, il y a toujours au moins une poste qui permet d’utiliser le Wifi !
A ma grande surprise, je réalise que je vais devoir repasser un examen pour la VHF, le « Short Range Certificate » (SCR), l’équivalent anglais du « Certificat Restreint de Radiotélécommunication » (CRR) français que j’ai passé à Tahiti. Malgré mes recherches sur internet et mon insistance, l’organisme RYA refuse de considérer une quelconque équivalence alors qu’a priori, c’est la même chose… Il est même marqué « Short Range Certificate » sous le nom français en lettres capitales sur les nouveaux certificats format carte bancaire…Grrr, ces anglais… Allez 200 USD à investir dans la formation…
Je vais devoir aussi passer un cours de premier secours. Encore une fois, en 2016 (donc c’est récent), j’ai passé une certification PADI, le « Emergency First Response Instructor » à Tahiti lorsque je suis devenue « Open Water Scuba Instructor » ( instructeur de plongée en français) et le RYA ne reconnaît pas cette formation ! Allez, baaaam : encore 150 USD !
Le planning de l’école prévoit 5 jours consacrés à la théorie et son examen, suivis d’une journée pour la VHF, d’une autre pour les premiers secours, et les 6 derniers sont consacrés à la pratique et à l’examen final. Et cette dernière étape coûte encore 1.495 USD (dont 295 USD de frais d’examen et 100 USD de frais d’examinateur). Autant dire que vu l’investiment global, ça motive à réussir l’examen !
Arrive le premier jour de cours sur la théorie pour Vincent. Moi, l’ayant déjà validé via Navathome, j’en suis dispensée. J’en profite donc pour préparer mon SRC grâce à un petit livret et un cours en ligne fournis par l’école. A vrai dire j’apprends pas mal de choses. Une préparation totalement différente de celle que j’avais faite à Tahiti pour mon « Certificat Restreint de Radiotéléphonie » (CRR).
Le CRR : une journée de classe avec un formateur qui, grosso modo, s’est contenté de nous préparer à passer un questionnaire à choix multiples et qui nous a fait apprendre par cœur les réponses aux questions les plus fréquemment posées. Résultat, nous avons totalement occulté certains points. Je me rappelle, par exemple, que dans le questionnaire de l’examen, il y avait une question sur les BLU… Et bien, je ne savais absolument pas ce que signifie ce terme « Bande Latérale Unique ». Et surtout, aucune manipulation physique d’une vraie VHF, juste une photo représentant la facade avant d’une VHF…
Le SRC : une préparation beaucoup plus complète avec notamment des démonstrations en ligne de l’utilisation d’une VHF pour passer un Appel Sélectif Numérique(*) (ASN) et plein d’exemples de Mayday, de Pan-Pan et d’appels de routine et des simulations, toujours en ligne, dans lesquelles on doit manipuler une radio comme si on était en face d’elle.
Tous les soirs, Vincent s’arrête au bateau pour me raconter comment se passe la formation. Je peux donc comparer avec la mienne. Ils sont 3 en formation : lui et deux espagnols dont un qui parle très peu d’anglais. Celui-ci abandonnera d’ailleurs dès le 2ème jour de la formation.
Il apparaît que la formation dans ce centre RYA insiste particulièrement sur les feux des bateaux, les sons notamment à travers des jeux de cartes spécifiques, genre cartes à jouer. Dire que moi, j’ai tout appris il y a quelques semaines et que j’ai déjà tout oublié… De toute manière, j’ai acheté le livre des feux du SHOM et j’ai déjà passé la théorie, alors je ne m’en inquiète pas.
Le jour de son examen arrive. Le soir venu, je lui saute dessus lorsqu’il arrive pour savoir comment ça s’est passé. De manière étonnante, l’examen théorique qu’il a passé est complètement différent du mien. Le sien a duré 2 ou 3 heures maximum, contre 8 pour moi. Pas de préparation de passage car « ce sera travaillé » lors de la pratique ?!? Quoi ?? Ah non, je me suis tapé les 8 heures d’examen de Navathome, c’est pas pour recommencer partiellement dans quelques jours ! Notamment ce foutu « passage planning » qui m’a tant fait transpirer précédemment !!! Bon, on verra bien…
Arrive donc mon premier jour d’école, celui au cours duquel je dois passer le « Short Range Certificate » (CRR) avec Vincent qui ne l’a pas non plus. Je rencontre ainsi Emilio, l’espagnol qui a passé la théorie du Yachtmaster avec lui et Alex, l’instructeur du centre. Alex est anglais, il navigue depuis plus de 35 ans et plus de 100.000 miles nautiques au compteur ! Emilio, lui, a 50 balais. Il est espagnol d’origine mais il détient un passeport vénézuélien. En raison des problèmes politiques au Vénézuela, il a été gentiment poussé à la porte du pays en devant abandonner tous ses biens. Lui qui s’était construit une jolie vie, ayant investi tout son argent là-bas, il s’est donc retrouvé du jour au lendemain sans rien. Et le pire, c’est que les diplômes qui lui permettaient de vendre ses services de skipper ont tout simplement été annulés… Lui qui a passé une bonne partie de sa vie sur des bateaux se retrouve ainsi dans le même bain que Vincent et moi, pourtant bien moins expérimentés que lui.
La première partie de l’examen consiste en un questionnaire avec à la fois avec des choix multiples et des réponses ouvertes. La seconde partie nous demande de manipuler une vraie radio VHF pour passer différents messages de détresse ou de routine, ASN ou classique, relayer un appel de détresse ou encore y répondre. L’instructeur nous pose ensuite quelques questions subsidiaires.
Nous passons tous les trois le certificat haut la main. Finalement, aucun regret d’avoir passé une formation qui, dans mon esprit, initialement, était un doublon. Au contraire, j’ai réellement, cette fois-ci, appris à manipuler ma VHF. Je la maîtrise parfaitement désormais !
Le lendemain, nous passons tous les trois le cours de premier secours. Que dire ? Une formation classique où l’on parle des principaux types de blessures ou de traumatismes auxquels on peut être confrontés et les bonnes pratiques à suivre. Nous revoyons le massage cardiaque sur un mannequin. Pas d’examen à passer en fin de journée. Il s’agit juste d’une attestation validant les connaissances acquises ou revues durant cette formation.
Demain, les choses sérieuses commencent avec la vraie pratique à bord du voilier de l’école !
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A très vite !
PS : Cette histoire raconte ce que j’ai vécu mais afin de respecter l’anonymat des personnes qui ont croisées ma route, j’utilise des prénoms d’emprunt – sauf autorisation expresse obtenue de leur part.
GLOSSAIRE :
Grenade : principale île de l’État de Grenade dans le sud des Antilles. La population est d’environ 100.000 habitants.La Grenade est surnommée « l’île aux épices » (Island of Spice) pour sa cannelle, ses clous de girofle, son curcuma et surtout le macis et la noix de muscade.