La légende de la création des premières vagues (légende polynésienne)

http://tahitienfrance.free.fr/tradition/contes_legendes/legende_des_vagues.htm https://www.tahitiheritage.pf/legende-polynesienne-premieres-vagues/

La mer, qui avait été créé lisse et calme, s’ennuyait. Elle décida de bouger et de lancer ses vagues à l’assaut des terres. Mais Arai, un jeune et rusé polynésien réussit à freiner son déchainement et à arrêter sa progression.

Tout le jour, le vent avait soufflé sur la mer. Et la mer s’était faite grise sous le ciel gris. Toute la journée, les vagues s’étaient lancées à l’assaut de la plage et de la falaise, arrachant sables et pierres. Mais sous le sable, il y avait encore du sable. Et derrière la pierre, il y avait encore de la pierre. Et la mer vaincue, lasse, s’était retirée avec le jour. Maintenant, calme, elle brillait sous les étoiles. Seules, le long de récif, quelques vagues folles faisaient résonner le corail, dans le vain espoir d’atteindre la lune.

Capture d_écran 2017-10-24 à 17.17.19La mer s’ennuyait.

Ta’aroa le dieu créateur avait créé la mer lisse comme un immense bloc de glace, sans rides, sans mouvements. Mais la mer s’ennuyait, car ce n’est pas gai d’être une chose inanimée et figée. Elle décida de voyager et de dépasser ses frontières. Elle savait bien que cela lui était défendu, qu’elle n’avait droit à la moitié du monde et que l’autre moitié appartenait aux pierres, aux arbres et aux hommes. Aussi choisissait-elle les nuits les plus sombres, les plus noires, pour désobéir.

Chaque nuit la mer partait à l’assaut du monde.

La nuit la mer se mettait à enfler doucement, doucement, sans faire de vagues, pour recouvrir le monde entier. L’eau montait sans vagues à l’assaut de la plage et des rochers, arrachant le sable et les pierres. Et elle engloutissait sans bruit les vallées et les montagnes, avec les maisons des hommes. Mais sous le sable, il y avait encore du sable. Et derrière la pierre, il y avait encore de la pierre. Et la mer, vaincue, lasse, se retirait chaque matin. Puis chaque soir elle repartait à l’assaut du monde.

Il ne fallait pas donner l’éveil aux dieux. Elle s’écartait donc soigneusement des lieux de culte et de sacrifice parce qu’ils étaient tabous (« tabu », interdits et sacrés). Elle passait de chaque côté d’eux et les transformait en îles. Les hommes avaient beau s’inquiéter, les dieux, qui ne savaient rien, ignoraient leurs plaintes. Et la mer, peu à peu, agrandissait son domaine.

Mais comment arrêter la progression de la mer ?

Arai, un jeune polynésien, qui se tenait debout sur la colline qui surplombait son village, voyait la mer s’approcher, nuit après nuit. Les dieux semblaient dormir et Arai savait que bientôt il n’y aurait plus de vie humaine. Aussi décida-t-il d’arrêter la mer. Mais comment ?

Il avait observé que la mer semblait éviter soigneusement les lieux tabous (« tabu », interdits). Une nuit, il alla dans le plus proche lieu de culte (« marae »). Il savait qu’en violant le tabou il risquait sa vie mais il voulait arrêter la mer.

Il prit une pierre de l’autel sacré et il lui sembla que la pierre lui brûlait les doigts. Il alla la cacher dans une grotte connue de lui seul et il attendit la nuit suivante.

Quand le soir arriva, il alla chercher cette pierre et s’avança vers la mer. Puis, dissimulé derrière un tronc d’arbre, il enfouit la pierre dans le sable.

Une grande vague fort bruyante.

La mer bientôt se mit à monter, à avancer sans bruit, pour surprendre les hommes dans leur sommeil. Elle monta, monta, et ne vit pas le piège. D’un coup, elle recouvrit la pierre sacrée. Déjà il était trop tard : cela fit une grande vague et un gros bruit. La pierre était en colère. Le dieu Ta’aroa, averti, fit éclater sa menace dans un coup de tonnerre qui arrêta la mer.

C’est depuis ce temps-là que la mer et l’homme sont toujours en train de se battre. La mer voudrait bien l’engloutir mais, chaque fois qu’elle bouge, elle fait naître une multitude de vagues bruyantes qui sont un signal d’alarme pour les dieux et les hommes. L’homme a alors le temps de construire des digues et la mer a toujours pu être repoussée à temps…

Une femme à bord, ça porte malheur ?

Autrefois, les navires étaient moins rapides qu’à l’heure actuelle, ce qui signifiait de longues traversées de plusieurs mois parfois. Dans un espace restreint, avec beaucoup d’hommes à bord, loin de leur famille et de leur femme, il est apparu plus simple d’interdire les femmes à bord pour éviter toutes tensions (convoitises, jalousies, brutalités) pouvant aller jusqu’à mettre le bateau en danger. Sachant que les marins sont très superstitieux, rien de plus facile pour cela de faire courir le bruit qu’elles portaient malheur à bord !!!

D’ailleurs, si une femme devait venir à bord en tant que passagère, s’il se passait quoi que ce soit à bord, c’était forcément de sa faute et elle pouvait être maltraitée !

Le Roi de France, lui-même avait promulgué la règle suivante : « Par ordre du Roi, la présence de toute femme sur un bateau de Sa Majesté est interdite, sauf pour une courte visite ; un mois de suspension sera requis contre l’officier qui contreviendrait à cet ordre et quinze jours de fer pour un membre de l’équipage qui, lui-même, n’y souscrirait point ».

La superstition a d’ailleurs tenu bon jusqu’au 18ème siècle. Toutefois, certaines femmes de l’époque ont su s’intégrer à des équipages de pirates, comme Anne Bonny ou Mary Read, les deux les plus connues. Ok, elles se faisaient passer pour des garçons, mais tout de même ! On connait moins, Jeanne Barret, qui est la première femme à avoir fait le tour du monde, elle-aussi déguisé en homme, en embarquant sous le nom de « Jean Baré » pour une expédition dirigée par Louis-Antoine de Bougainville en 1766.

Aujourd’hui, les femmes sont acceptées à bord même si certains équipages refusent encore totalement toute présence féminine à bord, notamment dans le secteur de la pêche. La marine, d’ailleurs, compte de plus en plus de femmes dans ses rangs. Elles sont également de plus en plus nombreuses à participer à des courses au large : Florence Arthaud, Ellen Mc Arthur, Anne Caseneuve ou encore Samantha Davies. Toutefois, il est encore difficile pour elles de prendre place dans des équipages mixtes à cause de la promiscuité ou de la différence de force physique comme l’explique Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) « Pouvoir vivre à bord d’un bateau, pendant quinze jours, trois semaines ou un mois dans un petit espace, ça peut être plus compliqué pour un équipage mixte, en raison de la promiscuité » et Franck Cammas qui préfère les équipages 100% masculins sur la Volvo Ocean Race « parce que les femmes manquent de force physique. C’est comme si on demandait pourquoi il n’y a pas de femme en équipe de France de rugby. C’est une évidence. On recherche des gabarits puissants ».

Une nouvelle règle de la Volvo Ocean Race vise d’ailleurs à féminiser les équipages en imposant des quotas… Vive l’évolution des mentalités !

 

Débaptiser son bateau porte-t-il malheur ?

D’après la superstition maritime, on ne doit pas changer le nom d’un bateau sans respecter un cérémonial bien précis car sinon ça porte malheur en attirant les foudres du dieu Neptune !

Alors, si vraiment un bateau doit être rebaptisé, il faut respecter une certaine cérémonie en coupant le « Macoui ». Le Macoui est attaché au nom du bateau. C’est le sillage qui fait penser à un long serpent suivant en permanence l’embarcation. Chaque bateau a un et un seul Macoui qu’il obtient lors de son premier baptême. Du coup, si on le rebaptise, il aura un deuxième Macoui qui entrera en conflit avec le premier, chacun cherchant à prendre le contrôle sur l’autre et à cause de cela, il arrivera de nombreux ennuis au bateau. C’est pour ça qu’on dit qu’il faut tuer le Macoui attaché à l’ancien nom avant de lui donner le nouveau nom.

Tout d’abord, il faut faire disparaitre toute trace de l’ancien nom à bord. On efface donc l’ancien nom sur le tableau arrière. On se débarrasse de tous les objets marqués de l’ancien nom sans rien oublier : bouée de sauvetage ou gilets marqués au feutre indélébile, vieux journal de bord, cartes marines marquées, vieilles factures etc…

Ensuite la procédure nécessite l’intervention d’un bateau ami. Voici la manière de procéder :

  1. Verser un verre de rhum ou du meilleur alcool à bord à l’arrière du bateau dans le sillage pour saouler le Macoui.
  2. Le bateau ami doit couper le sillage du bateau par 3 fois, le plus près possible du tableau arrière car c’est là où se trouve la tête du serpent.
  3. Le Macoui déteste les bruits forts. A défaut de pouvoir tirer un coup de canon ou un coup de feu (un peu compliqué de nos jours, avouons-le), il faut donc sonner un grand coup de corne de brume à chaque fois que le sillage est coupé par le bateau ami. Ainsi, le Macoui attaché au premier nom du bateau va mourir et se détacher.
  4. On peut alors rebaptiser le bateau en prononçant son nom à haute voix et on verse une rasade d’alcool au nouveau Macoui.
  5. Il ne faut pas oublier de remercier Neptune, qui a présidé la cérémonie, en versant dans la mer, côté tribord cette fois-ci, une bonne rasade d’alcool.

Certaines variantes exigent que la marraine du bateau soit présente durant toute la cérémonie, qu’elle prononce les paroles suivantes : « Je te baptise (nom du bateau) et te souhaite bonne navigation » et qu’elle casse ensuite du premier coup la bouteille sur l’étrave ou l’ancre du bateau. D’autres imposent que le breuvage soit exclusivement du champagne.

Bref, à vous de faire un peu votre sauce tant que vous faites attention à ne garder qu’un seul Macoui et à satisfaire Neptune. Il est également de bon ton d’inviter l’assistance à boire le verre de l’amitié et grignoter un morceau…

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Pourquoi un marin ne part pas un vendredi ?

protectionCertains marins refusent catégoriquement de partir un vendredi mais lorsqu’on les interroge, ils avouent volontiers ne pas savoir pourquoi on dit que ça porte malheur…

L’une des explications qu’on trouve à cette croyance est qu’autrefois les marins touchaient leur paye le jeudi et qu’ils faisaient la fête toute la nuit suivante… Alcool à gogo… Gueule de bois carabinée le lendemain, le vendredi donc…. Parfois, les équipages étaient dans un état tellement piteux que les accidents étaient nombreux à bord et parfois il était même tout simplement impossible de lever l’ancre… D’où l’origine de cette superstition

Une autre explication qu’on trouve à une origine religieuse… Car le vendredi est un jour maudit : c’est le jour de la crucifixion de Jésus-Christ, le jour où le diable tenta Eve et où Adam mangea le fruit défendu..

 

 

Pourquoi le lapin est l’ennemi du marin ?

Interdilapinction de prononcer le mot « L…N » à bord d’un bateau ! On peut parler éventuellement de « l’animal aux longues oreilles », de « pollop », de « coureur cycliste » ou de « langoustine des prés » mais pas de L…N !

Les marins le détestent. Cette croyance nous vient d’un temps beaucoup plus ancien où on emportait à bord des animaux vivants, dont des lapins, pour les manger au cours de longues traversées (avant l’existence des frigos et des congélateurs). Certains réussissaient à s’échapper et provoquaient des catastrophes à bord en rongeant les cordages en chanvre retenant la cargaison dans les cales (provoquant une déstabilisation et de la gîte pouvant entraîner un naufrage) et en s’attaquant au calfeutrage des planches de bois, fait avec de l’étoupe de chanvre (provoquant ainsi des entrées d’eau fatales).

rat

C’est depuis ce temps-là que les lapins vivants sont bannis de tout voyage maritime. Il est même interdit de prononcer ce mot à bord ou d’apporter à bord des livres, des magazines ou des photos l’évoquant. Dur sanction à l’encontre de cet animal bien plus mignon et utile au demeurant qu’un autre tout autant dangereux pour les navires : le rat.

C’est d’ailleurs bien souvent lui qui ronge beaucoup de choses à bord quand par malheur il arrive à monter à bord lors d’une escale. On ne verra jamais un lapin suspendue à une amarre tentant d’infiltrer les cales d’un voilier, mais un rat, si !

D’ailleurs, notre chanteur national Renaud se fout un peu de cette superstition dans sa chanson « Dès que le vent soufflera » en la finissant par ces paroles « Nous nous en allerons (de lapin) ». Pour écouter la chanson entière, c’est ici : https://youtu.be/489RRPngpmk.

C’est pas l’homme qui prend la mer
C’est la mer qui prend l’homme
Moi la mer elle m’a pris
Je m’souviens, un mardi

J’ai troqué mes santiag’
Et mon cuir un peu zone
Contre une paire de dockside
Et un vieux ciré jaune,

J’ai déserté les crasses
Qui m’disaient : Sois prudent
La mer c’est dégueulasse
Les poissons baisent dedans !

Dès que le vent soufflera je repartira
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons…

C’est pas l’homme qui prend la mer
C’est la mer qui prend l’homme
Moi la mer elle m’a pris
Au dépourvu, tant pis…

J’ai eu si mal au coeur
Sur la mer en furie
Qu’j’ai vomi mon quatre-heures
Et mon minuit aussi.

J’me suis cogné partout
J’ai dormi dans des draps mouillés
Ça m’a coûté des sous
C’est d’la plaisance, c’est l’pied !

Dès que le vent soufflera je repartira
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons…

C’est pas l’homme qui prend la mer
C’est la mer qui prend l’homme
Mais elle prend pas la femme
Qui préfère la campagne.

La mienne m’attend au port
Au bout de la jetée
L’horizon est bien mort
Dans ses yeux délavés,

Assise sur une bitte
D’amarrage, elle pleure
Son homme qui la quitte,
La mer c’est son malheur !

Dès que le vent soufflera je repartira
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons…

« C’est pas l’homme qui prend la mer
C’est la mer qui prend l’homme »
Moi la mer elle m’a pris
Comme on prend un taxi…

Je f’rai le tour du monde
Pour voir à chaque étape
Si tous les gars du monde
Veulent bien m’lâcher la grappe,

J’irai z’aux quatre vents
Foutre un peu le boxon
Jamais les océans
N’oublieront mon prénom…

Dès que le vent soufflera je repartira
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons…

« C’est pas l’homme qui prend la mer
C’est la mer qui prend l’homme »
Moi la mer elle m’a pris
Et mon bateau aussi…

Il est fier mon navire
Il est beau mon bateau
C’est un fameux trois-mâts
Fin comme un oiseau hisse ho !

Mais Tabarly Pajot
Kersauson et Riguidel
Naviguent pas sur des cageots
Ni sur des poubelles !

Dès que le vent soufflera je repartira
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons…

« C’est pas l’homme qui prend la mer
C’est la mer qui prend l’homme »
Moi la mer elle m’a pris
Je m’souviens, un vendredi

Ne pleure plus ma mère
Ton fils est matelot
Ne pleure plus mon père
Je vis au fil de l’eau,

Regardez votre enfant
Il est parti marin
Je sais c’est pas marrant
Mais c’était mon destin.

Dès que le vent soufflera je repartira
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons…(de requin)

Dès que le vent soufflera je repartira
Dès que les vents tourneront nous nous en allerons…(de lapin)