Portrait 2 – Patricia et Ernest WOLF, un couple bien surprenant !

Ernest et Patricia WOLF, c’est un couple d’origine suisse à la personnalité pétillante ! Ils ont passé 5 années à fabriquer eux-mêmes leur maison flottante au fond de leur jardin. Il s’agit d’un trawler mixte mer et rivière d’esprit hollandais  (un bateau à moteur) de 11,90 mètres de long sur 3,50 mètres de large répondant au doux nom de « Maranatha ».Version 3

Après avoir construit une maquette en bois au 1/10e, soit 1,20 mètre de long, les travaux sérieux ont commencé. Des tôles et encore des tôles d’aluminium qu’il a fallu patiemment découper, positionner, fixer et souder. La coque à elle seule leur a demandé 3 années de dur labeur.

En parallèle, Ernest travaille sur le moteur. Un vieux moteur Mercedes MO601 qu’il connaît par cœur et qu’il a marinisé lui-même en 80 chevaux.

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Une fois la coque terminé, Ernest et Patricia se sont attaqués aux aménagements intérieurs. Tout est pensé et réfléchi pour optimiser l’agencement pour la vie à bord. Ils font le choix d’un espace lumineux et décloisonné avec tout le confort nécessaire : réfrigérateur, congélateur, chauffage et même une machine à laver le linge !

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En mai 2009, après six ans de chantier, Maranatha est enfin terminé !

Le 9 mai 2009, leur petit village suisse organise une grande fête en son honneur et en celui de ses armateurs amateurs. Cette date est également celle à laquelle Ernest et Patricia disent adieu à leur vie « terrestre » : ils liquident tous leurs biens avant d’embarquer sur le bateau.

Et c’est le début de la grande aventure ! D’abord sur de fameux fleuves tels que le Rhin, la Saône ou le Rhône avant de déboucher sur la Méditerranée.

C’est en Tunisie qu’un premier gros coup de vent les persuade de rajouter un système de stabilisateurs avec tangons et paravanes de chaque côté de la coque pour réduire le roulis du bateau.

Ernest et Patricia continuent leur route en direction des îles Canaries, puis du Cap Vert dans l’optique de traverser l’Océan Atlantique, rien que ça ! Leur bateau est équipé de 2 réservoirs d’un total de 1.600 litres de gasoil auxquels ils vont rajouter 20 bidons de 30 litres qui seront fixés le long du bastingage afin d’assurer leur autonomie en carburant durant cette traversée de 2.100 milles en direction de Tobago à l’extrême sud de l’arc antillais. Ils prennent la mer le 19 avril 2012 pour 18 jours de traversée non stop dans des conditions qu’ils décrivent comme idéales. Leur vitesse moyenne de déplacement est de 5 nœuds afin d’assurer une consommation réduite de carburant. Ils consommeront un total de 2100 litres sur ce parcours, soit 1 litre par mille nautique !

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Après avoir arpenté quelques temps l’arc antillais, ils vont réaliser en 2015 le « Great Loop », c’est-à-dire le tour de l’Est des États-Unis et d’une partie du Canada en empruntant les voies maritimes protégées et le réseau fluvial, leur bateau étant véritablement passe-partout ! Départ de Key West en mai, arrivée à Mobile en novembre et retour à Key West en décembre 2015.

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A la fin du Great Loop, Ernest et Patricia continuent leur route plein sud vers Cuba, puis vers Haïti, Saint-Domingue et enfin Antigua. Depuis, ils continuent à vagabonder dans les Antilles.

J’ai eu la chance de croiser ce couple hors du commun sur l’île de Bequia (État de Saint-Vincent-et-les-Grenadines) et de visiter leur magnifique petite maison flottante. C’est un petit couple pétillant et plein de vie qui fait vraiment plaisir à voir ! Je suis heureuse qu’ils aient partagé leur histoire et leurs photos avec moi. J’aime rencontrer des personnages hors normes tels qu’eux.

Ernest, Patricia, je vous dis à un de ces jours sur la mer !

En prime, quelques photos supplémentaires :

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Portrait 1 – Birgit HABELT, une septuagénaire dans le vent !

J’ai entendu parler d’elle l’année dernière en 2016 lorsque j’étais sur l’île de Fakarava, en Polynésie Française. On m’en a reparlé ici en Martinique en 2017. Cette femme, c’est Birgit HABELT, 70 ans. Je me suis intéressée au parcours de cette femme et voici ci-dessous son histoire (ce que j’en ai lu dans les journaux et pages internet en tout cas).

Elle est d’origine allemande et a parcouru une bonne partie des mers du globe. Pourtant, elle n’est pas une navigatrice née : elle a découvert le monde de la voile à l’âge de 48 ans seulement ! A l’époque, elle vivait en Guadeloupe avec son fils qui venait de passer son bac. C’est là-bas qu’elle a travaillé en tant qu’hôtesse sur des voiliers et qu’elle a tout appris. Ensemble, ils sont ensuite partis de Guadeloupe pour rallier l’île de Moorea en Polynésie Française à bord d’un bateau appelé « Poco Loco ». Ils pensaient y trouver du travail. Cela a été le cas pour son fils, Tammo, qui s’y est même installé tandis qu’elle, Birgit, continuait son chemin.

Depuis, elle n’a cessé d’écumer les mers du globe : mer Baltique, océan Atlantique, océan Pacifique. Elle a même tenté de passer le Cap Horn avec Popeye son compagnon de l’époque. Malheureusement, leur bateau a chaviré au niveau des 50e hurlants et des 40e rugissants. Ils ont réussi toutefois à gagner les côtes chiliennes pour réparer leur embarcation. Il paraît d’ailleurs qu’« il n’y a pas meilleure pompe de cale qu’un homme armé d’un seau et qui a très peur ». Elle s’est posée quelques temps à terre, quatre ans notamment en Espagne où elle a retapé une maison héritée de ses parents afin de pouvoir la revendre et se dégager de tout souci matériel.

En 2015, elle se met en tête de rejoindre son fils Tammo à Moorea où il réside afin de fêter ensemble son anniversaire le 23 mai 2016. Mais plutôt que de prendre un billet d’avion, elle a décidé d’aller le rejoindre en bateau.

Elle est donc partie à la recherche d’un petit voilier qui l’amènerait à destination. C’est un de ses amis qui la met sur la piste d’un « Muscadet » en vente à Roscoff en Bretagne. C’est un voilier de série de 6,40 mètres construit en 1967, le numéro 157 de la série. Elle y est allée, l’a vu, l’a acheté et a travaillé trois mois dessus pour le rendre navigable. Pour ces travaux, elle a emmené son bateau appelé « Fleur d’Ajonc » au chantier des Quatre-Vents à Saint-Pol-de-Léon à quelques kilomètres de Roscoff. Elle y a travaillé tous les jours parfois jusqu’à 3 heures du matin afin d’achever la préparation de son bateau en octobre 2015, sa date butoir pour quitter les côtes françaises en direction des îles Canaries. Il fallait presque tout refaire. Ponçage, sablage, époxy, peinture. Elle change le génois, la grand-voile et le spi. Elle achète un nouveau gréement avec un mât en alu à enrouleur, un régulateur d’allure un sonar, deux radios (une BLU et une VHF), deux GPS, des panneaux solaires, des batteries neuves et un moteur de secours. Bref, de quoi affronter une longue traversée de 20.000 kilomètres en solitaire.

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Quand on lui dit que c’est un vieux bateau, elle répond qu’il est « vingt ans plus jeune qu’elle ! ».

Le pari a été tenu et elle a largué les amarres le samedi 17 octobre 2015, à 69 ans ! Elle a profité de la seule fenêtre météo, avant la mauvaise saison, bien qu’il lui restait quelques petites choses à terminer sur le bateau. Elle a préféré filer sans se poser de questions plutôt que de rater le créneau. Elle n’a pas de pilote automatique et son mât, bien que récent, demande de l’attention. La vidéo de son départ est ici : https://www.youtube.com/watch?v=jQYhmuMT7I0

Il lui faut 27 jours pour rejoindre les Canaries. Une traversée difficile. Son régulateur d’allure est arraché dans le Golfe de Gascogne, elle n’a pas de pilote automatique pour compenser cela et elle tombe sérieusement malade, victime d’un empoisonnement à la confiture (si, si !!). Elle séjourne dix jours aux Canaries afin de se remettre avant de continuer sa route pour rejoindre les Antilles et plus précisément la Martinique. Il lui fallait traverser l’océan sans tarder, et ce, toujours sans pilote automatique. C’est au milieu de l’océan Atlantique que Birgit célèbre seule ses 70 ans : « C’était une journée magnifique, le temps était beau et chaud, une belle brise poussait mon voilier, et j’ai célébré mes 70 ans avec une bouteille de Mouton-Cadet Rothschild ».

Lorsqu’on lui demande comment elle fait pour avoir la météo, elle répond : « quand mon épaule gauche commence à me faire mal, je sais que le temps va changer, la basse pression arrive ». Et sinon, elle observe le ciel et réduit les voiles à temps.

Sous le vent de la Martinique, du côté de Saint-Pierre, elle lance un PAN-PAN (un appel d’urgence) et est prise en charge par la SNSM de Case-Pilote.

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Les sauveteurs en mer la trouvent à l’arrivée de la transat déshydratée, sous-alimentée et désorientée. Elle est hospitalisée et son bateau est remorqué dans une marina. Birgit se remet sur pied et reste six semaines en Martinique pour régler une bonne fois son problème de gréement. Elle achète également un pilote automatique afin de lui rendre la vie à bord un peu plus facile et traverse la mer des Caraïbes pour atteindre Panama.

Lors de la traversée du canal de Panama, ils sont six personnes à bord de ce minuscule bateau de 6,40 mètres de long le temps de traverser les trois écluses : elle, la capitaine, le pilote du port et quatre équipiers obligatoires pour assurer la sécurité pour un bateau. A nouveau, un peu de temps perdu car le premier bateau qui devait remorquer le Muscadet a fait défaut au dernier moment.

À la sortie du canal, Birgit atteint la ville de Balboa et se dirige vers les Marquises qu’elle atteint après 37 jours de mer le lundi 13 juin 2016. Son fils Tammo l’y retrouve. A cause des divers imprévus qu’elle a dû affronter durant son voyage, elle n’a pas pu arriver à le 23 mai 2016 à Moorea comme prévu mais c’est sans regret.

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Ensemble, en souvenir de celui réalisé 19 ans plus tôt à bord du précédent voilier de sa Brigit, le « Poco Loco », Tammo et elle emmène « Fleur d’Ajonc » de Nuku Hiva à Moorea. Cette dernière traversée durera 7 jours.

Depuis son départ de Roscoff, Birgit HABELT, à 70 ans, aura réalisé en 8 mois 133 jours de navigation pour 20.000 kilomètres parcourus.

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Comme quelqu’un l’a si joliment dit sur un forum de discussion sur l’épopée de Birgit « Il y a des Hommes qui en rêvent et des Femmes qui le font. Chapeau Bas Madame. »


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