Portrait 04 – Donald CROWHURST (1932-1969), un fou si solitaire

En 1969, le journal Sunday Times organise la première course autour du monde en solitaire et sans escale, la « Sunday Times Golden Globe Race ». Trois de ses concurrents ont marqué les esprits : Robin Knox-Johnston, le gagnant, Bernard Moitessier qui décide d’abandonner la course pour entamer un deuxième tour du monde consécutif (son livre « La longue route » raconte son périple) et enfin, Donald Crowhurst…

Donald Crowhurst, marié, 4 enfants, est un homme d’affaires anglais et un navigateur amateur. Il décide de participer à cette course afin de gagner le prix de 5.000 livres sterling offert au plus rapide et ainsi sauver son entreprise en difficulté.

Il est tellement sûr de lui qu’il hypothèque son entreprise et sa maison en échange du soutien financier de son principal sponsor, l’homme d’affaires Stanley Best, un marchand de caravanes. Il se place ainsi dans une situation financière dangereuse, risquant la faillite s’il perd la course car il a signé un contrat : s’il ne part pas ou s’il abandonne trop tôt, il devra racheter le bateau, ce qui signifie perdre tous ses biens en contrepartie… Pourtant, il n’est pas un marin confirmé mais plutôt un marin d’eau douce qui rêve de gloire et de richesses. Sa principale expérience de mer était liée à son travail : il créait et commercialisait alors un équipement de navigation. A part ça, peu d’heures passées sur les ponts de bateaux…

Grâce à son sponsor, il fait construire un bateau nommé « Teignmouth electron », un trimaran de 12 mètres. Au sommet du mât de celui-ci, il installe une bouée gonflable censée se déclencher en cas de chavirage permettant ainsi au trimaran de ne pas basculer à l’envers le temps qu’un système de pompes et de ballasts le redresse. Crowhurst espère ainsi promouvoir cet équipement et le commercialiser après la course.

Cependant, rien ne se déroule comme prévu…

Déjà, Crowhurst n’a encore jamais navigué sur un trimaran avant la livraison du sien quelques semaines seulement avant le départ de la grande course !

Les navigateurs souhaitant participer à la Sunday Times Golden doivent se qualifier en participant à une course préliminaire en Angleterre sur un parcours devant être réalisé en 2 jours. Crowhurst, lui, met 10 jours à l’effectuer mais le jury de la course le qualifie tout de même… D’ailleurs, avec son allure de gentil employé de bureau, il détonne au milieu des autres compétiteurs, marins qualifiés. Toutefois, il dégage en public une certaine assurance qui donne l’impression qu’il maîtrise ce qu’il fait.

Il part le 31 octobre 1968, le dernier jour prévu par le règlement de la course (les autres concurrents sont partis bien avant). C’est le chaos à bord. Dans la hâte du départ, une grosse partie de son avitaillement n’est pas embarquée. Il a manqué de temps dans la préparation de son bateau. Il part alors même que ses systèmes de sécurité ne sont pas finalisés. Il compte finir leur installation pendant la course ! Sa femme n’a pas osé lui demander d’abandonner, elle sait que trop d’argent et trop de fierté ont été investi. Elle le regrettera amèrement plus tard… La veille du départ, il la passe à pleurer. Il sait que son bateau n’est pas prêt. Il a peur mais il est poussé par son sponsor et la presse à qui son agent la vendu comme « le marin mystère ».

Dès le début de la course, il rencontre des problèmes avec ce bateau qu’il connaît mal. Il avance à la moitié de la vitesse prévue, seulement 60 milles par jour. Puis, il s’aperçoit que son bateau prend l’eau. Il doit écoper. Dans les 40èmes rugissants, il sait qu’il ne résistera pas. Lucide, il se donne lui-même seulement 50% de chances de survie s’il arrive à finaliser son équipement de sécurité avant d’entrer dans l’Océan Pacifique Sud.

Il se trouve face à un choix cornélien : s’il abandonne, c’est la faillite et la honte, s’il continue c’est une mort probable.

Alors qu’il est encore dans l’océan Atlantique, il élabore un plan qui lui permettrait de garder la face. Au lieu de continuer la route vers l’océan Pacifique, il va errer dans l’Atlantique Sud pendant plusieurs mois, le temps que les autres concurrents entament la dernière partie de la course et remontent l’Atlantique en direction de l’Angleterre et là, il rejoindra discrètement le peloton, à distance respectueuse des trois premiers. Il compte falsifier son livre de bord et envoyer par radio de fausses positions. Il sait que s’il ne finit pas dans les tout premiers, ses livres de bord ne feront pas l’objet d’un examen minutieux.

Depuis son départ, il est resté volontairement flou lors des transmissions radio de sa position. A partir du 6 décembre, il commence à mettre en exécution son plan en envoyant des positions vagues puis complètement fausses. Il rédige même un journal de bord destiné à « justifier » ses fausses positions.

Entre les 6 et 8 mars 1969, il s’arrête près du Río Salado en Argentine pour réparer son flotteur tribord endommagé. Cet arrêt seul, s’il avait été connu du jury, aurait entraîné sa disqualification.

Il reste la majeure partie du temps dans le silence radio le plus complet. Lorsqu’il doit communiquer, il invente des excuses expliquant son silence comme des problèmes de générateur…

Tout fonctionne comme prévu. Les trois premiers navigateurs solitaires, Knox-Johnston, Moitessier et Tetley, passent le Cap Horn et Crowhurst se cache derrière eux.

Le 9 avril 1969, il annonce de nouveau une fausse position et à partir du 4 mai, il « reprend » la course et recommence à donner sa position réelle.

Mais c’est le coup de tonnerre lorsque Bernard Moitessier, après 7 mois de navigation et à à peine 6 semaines de l’arrivée, décide d’arrêter la course pour continuer sa route et faire un second tour du monde ! Crowhurst se retrouve, malgré lui, sous le feu des projecteurs… Ce rebondissement rend l’évènement encore plus excitant pour le public.

Le premier à franchir la ligne d’arrivée est Robin Knox-Johnston, le 22 avril 1969 mais le public reste fasciné par le développement de la course. En effet, Nigel Tetley et Donald Crowhurst, peuvent encore tous les deux remporter le prix du marin le plus rapide et empocher la somme de 5.000 livres.

Seul Francis Chichester, premier navigateur à effectuer un tour du monde d’ouest en est en solitaire et organisateur de la course, exprime publiquement ses doutes sur la progression de Donald Crowhurst.

Tetley, se croyant réellement menacé, pousse son trimaran Piver de 12 mètres, à son maximum et celui-ci se disloque le 21 mai…

 Toute l’attention du public se porte alors sur Crowhurst, qui compte « officiellement » deux mois d’avance sur le temps de passage de Knox-Johnston. Crowhurst est désespéré. Il ne peut pas se permettre d’être le plus rapide à accomplir le tour du monde car il sait que son journal de bord ne résistera pas à l’examen attentif auquel il sera soumis et sa tromperie sera mis à jour…

Le 29 juin, il envoie sa dernière transmission radio et ensuite c’est un nouveau silence radio… Son trimaran « Teignmouth Electron » sera trouvé à la dérive le 10 juillet par le paquebot Picardie. Crowhurst n’est pas à bord. Il a disparu…

La lecture de ses journaux de bord met en évidence la personnalité d’un homme qui a sombré dans une douce folie. Son stratagème est grossier : il a enregistré des distances parcourues irréalistes qui auraient, sans aucun doute, révélé la supercherie… D’un autre côté, il a pris le temps d’étayer ces positions fictives par de fausses indications et de fausses observations célestes qui ont dû lui prendre un temps considérable à établir en raison du temps de recherches nécessaires… Ses écrits des dernières semaines, notamment, une fois qu’il a réalisé qu’il risquait de remporter le prix, mette à jour une folie grandissante. Il agrémente ses journaux de bord de poèmes, de citations et de pensées diverses. Il cite à plusieurs reprises le nombre 243 : il prévoit de terminer son tour du monde en 243 jours, il a enregistré une distance parcourue en 24 heures de 243 milles marins (ce qui aurait été le record de la course) et il a probablement mis fin à ses jours le 243e jour de son voyage, le 1er juillet, date de sa dernière entrée dans les journaux de bord. Il y inscrit « C’est fini, c’est fini. C’est la fin de mon jeu. La vérité a éclaté ».

On ne peut que supposer qu’il s’est jeté par dessus bord car rien dans l’état du trimaran ne laisse supposé qu’il y ait été précipité par accident…

Robin Knox-Johnston, le gagnant de la course, remet par la suite ses gains à la veuve de Donald Crowhurst.

Un magnifique film raconte son périple sur la base de documentaires filmés à l’époque, l’occasion également de voir quelques images de Bernard Moitessier : https://www.youtube.com/watch?v=IY2rQh8UraY.

L’épave de son catamaran « Teignmouth Electron » repose sur l’atoll « Cayman Brac » des îles Caïmans.

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Portrait 3 – Alain BOMBARD, le naufragé volontaire (1924-2005)

Alain BOMBARD est à la fois médecin, biologiste, aventurier, écologiste, secrétaire d’Etat, député européen, écrivain, violoncelliste… Il est né en 1924 et décédé à l’âge de 80 ans. Il a vécu à fond sa vie et ses passions.

Lors de son internat de médecine à Boulogne-sur-Mer, il voit régulièrement des  naufragés moribonds arriver à l’hôpital. Il veut faire évoluer les choses et décide de se spécialiser dans la survie en mer. Il devient chercheur au Musée océanographique de Monaco.

Dans ce documentaire de l’INA, Alain BOMBARD raconte ce qui lui l’a poussé à réaliser cette odyssée hors du commun : http://www.ina.fr/video/5168841001.

Il s’intéresse tout d’abord à la résistance à la faim, la soif et à la fatigue. Pour cela, en 1951, il traverse la Manche à la nage enduit de graisse pour éviter l’hypothermie. Ensuite, il étudie de plus près les canots gonflables. A l’institut océanographique de Monaco, il analyse la composition de l’eau de mer, le plancton et le potentiel hydrique de la chair de poisson ainsi que le comportement des naufragés. Il sait qu’un homme peut survivre une trentaine de jours sans manger si c’est un jeun volontaire mais à peine dix jours sans boire. Et d’après Bombard, pour étancher sa soif, on dispose de trois sources possibles : l’eau de mer, le jus de poisson et l’eau de pluie. Dans son esprit, il est donc possible de survivre longtemps avec un équipement minimum pour boire et s’alimenter : un hameçon et un morceau de toile qui sert à la fois à récolter l’eau de pluie et à filtrer l’eau de mer pour récolter du plancton.

Il est persuadé que les gens meurent plus de désespoir que de manque de nourriture et d’eau dans des circonstances extrêmes. Il fonde cette théorie sur des naufrages tels que celui du Titanic où certaines personnes sont mortes ou sont devenues folles alors qu’elles avaient trouvé refuge dans les canots de sauvetage, au contraire des enfants qui se trouvaient avec eux car ceux-ci étaient moins sujets au désespoir et à la panique.

Il décide alors de prouver qu’il est possible à un naufragé de survivre sans autres ressources que celles de la mer. En 1952, à l’âge de 28 ans, il se lance dans une aventure complétement folle en décidant de faire l’expérience sur lui-même !

Il commence par embarquer avec un acolyte volontaire nommé Jack Palmer, un marin anglais de rencontre, à bord d’un petit canot pneumatique de 4,65 mètres de long sur 1,90 mètres de large doté d’une voile et baptisé « L’Hérétique ». Ils quittent Monaco sans eau douce, ni vivres, en emportant simplement un sextant, un filet à plancton et du matériel de pêche. Alain Bombard est persuadé, à l’inverse des croyances de l’époque, qu’il est possible de consommer de l’eau de mer pour survivre « à condition de ne pas attendre d’être déshydraté pour en boire ». Après 18 jours d’errance, ils touchent terre aux îles Baléares et ils se font remorquer à Tanger. Ses détracteurs s’en donnent à cœur joie : comme ils n’ont pêché que deux mérous, un cargo a dû se dérouter pour fournir un ravitaillement d’urgence aux deux marins écœurés du plancton. Jack Palmer, le seul à savoir comment faire le point avec le sextant, abandonne la partie mais Alain Bombard, lui, décide de continuer l’aventure.

Il repart donc seul, cette fois-ci, depuis Las Palmas aux îles Canaries le 22 octobre 1952 pour traverser l’Atlantique. Il n’emmène de nouveau ni vivres, ni eau douce avec lui… Au cours de cette aventure, il éprouve la peur de mourir. Il rédige même son testament en cours de route le 6 décembre 1952. Il subit une mer déchaînée qui remplit régulièrement son frêle esquif ce qui l’oblige à écoper sans arrêt avec les moyens du bord : sa chaussure ou son chapeau. Par chance, il croise un cargo, l' »Arakaka » dont le capitaine va lui offrir un repas frugal qu’il ne supportera pas (« un œuf sur le plat, un très petit morceau de foie de veau, une cuillerée de choux et deux ou trois fruits ») et surtout lui corriger une erreur de navigation de 600 milles nautiques. Malgré toutes les difficultés qu’il rencontre, il refuse d’abandonner. Les dernières semaines sont très dures. Il finit par toucher terre à la Barbade le 23 décembre 1952, après 113 jours en mer, dont 65 de solitude et d’enfer dans l’Océan Atlantique et après avoir parcouru 6.000 kilomètres. Il est exténué. Il a perdu 25 kilos. Il doit même être hospitalisé à son arrivée. Il avoue même avoir été tenté de « s’assoupir à jamais », mais il a prouvé sa théorie : on peut survivre sans rien, lors d’un naufrage.

Pendant sa traversée de l’Atlantique, il note scrupuleusement toutes ses observations, il mesure ce qu’il avale, ses sensations, son état général, sa pression artérielle et son rythme cardiaque. Sans oublier les effets secondaires de la consommation d’eau de mer, considérée à l’époque comme le pire des poisons, mais source précieuse de sodium. Il filtre le plancton, riche en vitamine C, pour combattre le scorbut. Il s’alimente de sa pêche, récupère l’eau de pluie quand la météo lui est favorable (il attendra tout de même 3 semaines qu’il pleuve), il boit l’eau « douce » obtenue en pressant la chair de ses prises. Et il consomme l’eau de mer, par petites quantités (brisant ainsi le tabou de l’époque).

Il relate en 1953 cette expérience unique dans un livre intitulé « Naufragé volontaire » qui sera traduit en quinze langues, obtenant ainsi une notoriété internationale. Toutefois, soupçonné de tricherie et sa thèse concernant l’ingestion d’eau de mer étant contestée, il devra attendre 1976 pour que son exploit soit officiellement reconnu et que le canot « L’Hérétique » trouve une place au musée de la Marine.

Il apparaît que Bombard a été mal compris. Il n’a jamais soutenu que la survie de l’être humain est possible en buvant uniquement de l’eau de mer. Il explique simplement que l’ingestion d’eau de mer en petite quantité peut prolonger la survie si et seulement si elle est accompagnée d’eau douce : à défaut de pluie, les liquides présents dans le corps des poissons peut en faire office.

Les conseils qu’il prodigue dans son livre sont les suivants :

  • Manger en pêchant des poissons (fils de pêche) et en récoltant du plancton riche en vitamine C (filet).
  • Boire de l’eau de mer en petites quantités afin de retarder la déshydratation (maximum 1 litre par jour) tout en buvant de l’eau de pluie ou à défaut l’eau extraite de poissons pressés (sauf certains comme la raie dont le taux de salinité est trop élevé).
  • S’occuper durant la journée, se créer un emploi du temps, pour éviter l’ennui et donc le désespoir que cela entraîne
  • Se méfier des espadons ou des requins qui pourraient crever l’embarcation mais surtout du désespoir, le pire ennemi du naufragé !

On trouve dans ce livre une anecdote devenue célèbre sur le colmatage d’une légère fuite d’air dans un flotteur grâce à une colle biologique que les hommes seuls sont capables de produire !!!

A une époque où à peine 1 naufragé sur 1.000 était sauvé, sa démonstration permet de faire avancer les choses en matière de sauvetage. C’est la « victoire du mou contre le dur ». (les canots gonflables versus les chaloupes anciennes). Grâce à lui, le canot pneumatique de sauvetage, devient obligatoire sur tous les bateaux. De son vivant, son patronyme devient d’ailleurs un nom commun : le « Bombard » désignant un canot pneumatique de survie auto-gonflable et insubmersible. Son combat a un prix : il rate heureusement son suicide aux barbituriques en janvier 1963 et parvient à reprendre pied.

Tout le reste de sa vie sera consacrée à la protection de l’écologie et à la sauvegarde de la mer. Il poursuivra une belle carrière politique. Il sera également fait Gloire du sport. Pour en savoir plus sur lui : http://www.ina.fr/video/CPC78056451.

Art. 9 – Attaque à main armée !

(Tous les mots suivis d’un * sont expliqués dans le glossaire figurant au bas de l’article)

Cela fait quelques jours que je suis rentrée de Carriacou(*). Je profite de nouveau de l’eau claire de ma zone de mouillage préférée près du troisième trou à cyclone(*) bien à l’écart du mouillage principal de la baie du Marin, non loin du Club Med, en compagnie d’une dizaine d’autres bateaux.

Ce début d’après-midi, alors que je bricole à l’intérieur de mon bateau, j’entends quelqu’un m’interpeler depuis l’extérieur. Je sors la tête dehors et je reconnais André, un jobber(*) à qui j’ai eu affaire il y a quelques temps. J’avais bu un verre à bord de son bateau d’ailleurs à l’époque. Il souffrait de sa séparation d’avec son ex même si ça faisait quelques mois déjà et la discussion avait principalement portée sur ça. Je le connaissais donc un petit peu mais sans plus.

Il est à bord de son voilier en acier. L’ancre pend à l’avant comme s’il s’apprêtait à mouiller dans la zone, sauf qu’à l’allure vive à laquelle il se déplace, cela me semble difficile. Le moteur est lancé à plein régime et semble souffrir : une énorme fumée noire se dégage de l’échappement. Et son annexe traîne à l’arrière de son voilier tractée par son bout(*) comme un chien étranglé au bout de sa laisse.

M’apercevant, André me crie alors : « Regarde Diane ! C’est pas tous les jours que tu verras ça ! ». Interloquée, je le regarde debout dans le cockpit de mon bateau sans comprendre de quoi il me parle. Il contourne Nautigirl et soudain je le vois éperonner(*) le bateau juste devant le mien ! C’est le voilier d’Yves, mon pote, celui qui m’a accompagné jusqu’à Carriacou où nous avons fait notre carénage(*) ensemble. C’est un combat inégal ! L’agresseur a une coque en acier et l’agressé, Archangels, est un bateau en fibre.

Yves n’est pas à bord. Je l’ai vu s’éloigner un peu plus tôt en annexe. Je reste un court instant interloquée avant de bondir sur mon téléphone afin de le contacter. Je tombe sur sa messagerie qui semble prendre un temps infini avant de m’autoriser à lui laisser un message lui disant de rappliquer au plus vite. Mon second coup de téléphone est pour les gendarmes au 17. Je tente de répondre calmement aux questions de mon interlocutrice qui semble prendre un malin plaisir à enchaîner les questions que je juge inopportunes au lieu d’envoyer immédiatement les autorités. Pendue au téléphone, je suis la spectatrice impuissante des assauts répétés du monstre d’acier sur sa fragile proie.

André sait parfaitement ce qu’il fait visiblement car il vise les points stratégiques de la structure, au niveau des haubans(*) bâbord(*) et tribord(*), ainsi qu’à l’arrière. Il cherche à faire le plus de dégâts possibles espérant certainement faire démâter(*) le bateau et le couler. Il semble décidé et déterminé.

Je sais à quel point Yves tient à son bateau, tout comme je tiens au mien d’ailleurs, sauf qu’on ne parle pas du même budget et puis moi, j’ai une autre maison qui m’attend loin dans le Pacifique, lui il n’a que son voilier comme seule bien et seule habitation… Alors je tente d’agir comme j’aimerai qu’on agisse pour moi. Je saute sur ma petite annexe pour rejoindre le bord d’Archangels. Je me dis qu’avec une femme à bord de sa cible, André fléchira sans doute et hésitera avant de charger une nouvelle fois de peur de me blesser. Je me tiens maintenant debout sur la plage arrière et je tente d’apostropher André pour le raisonner. Sans succès…Ma stratégie n’est pas la bonne… Je vois l’avant de son bateau et son ancre menaçante se rapprocher de moi et je dois descendre au dernier moment de la plage arrière pour me protéger derrière la roue et éviter ainsi le nouvel impact. J’entends le bruit de la fibre qui craque.

Capture d_écran 2017-10-24 à 13.46.30Le monstre d’acier érafle le flanc d’Archangels. Un instant, les deux coques sont l’une contre l’autre. Alors, sans réfléchir, je franchis l’espace séparant les deux bateaux pour me retrouver sur le pont de l’agresseur. J’ai dû regarder trop de films avec Bruce Willis… Je suis tellement certaine qu’André va reprendre l’attitude d’une personne saine d’esprit que je m’avance sans hésitation vers lui. Mon élan est très rapidement refroidi par le pistolet qu’il me braque dessus depuis son poste de pilotage, partiellement masqué par la capote. Je ne cherche pas à comprendre, je ne fais qu’obéir à son ordre sec « Sors de mon bateau ! ». Ni une, ni deux, je fais marche arrière et je ressaute sur le pont d’Archangels. Je suis abasourdie. C’est la première fois que j’ai le canon d’une arme braqué sur moi… Et croyez-moi, on ne voit que la bouche du canon, noire et ronde, rien d’autre… Je ne saurais même pas dire s’il est gaucher ou droitier, ou comment il le tenait, je n’ai vu que ce tube épais et noir pointé sur moi, c’est tout. Je décide alors de me mettre en sécurité. Après tout, je ne suis pas John McClane. Lui, il aurait pété le nez du gars et ça aurait été réglé en deux-deux… Mais les films et la vraie vie sont deux réalités différentes….

Je remonte dans mon annexe et rejoins d’autres amis sur leur voilier tout proche de la scène. Je les entends crier à André d’arrêter, que la police est en route, qu’il pense à ses enfants ! Mais rien n’y fait, il continue le carnage. Tout le monde est horrifié.

André menace dans la foulée un couple de danois sur leur catamaran ancré tout prêt d’Archangels. Ils le gênent dans ses manœuvres pour tourner autour de sa cible et ça l’agace. Mais eux aussi ont une arme à bord… en plastique… mais cela André n’en sait rien… Il baisse la tête et s’éloigne. Les danois ont alors la présence d’esprit de filmer le reste de la scène.

Capture d_écran 2017-10-24 à 13.47.12Au total, le monstre d’acier éperonne 9 fois Archangels. Et pas une fois les yeux que celui-ci a à l’avant de sa coque n’auront cillé, tout comme ceux d’André qui quitte enfin la scène sans avoir réussi à couler sa victime mais avec la satisfaction de l’avoir suffisamment massacré à son goût. Il sait que désormais Yves ne pourra plus s’en servir. Les dégâts sont trop importants. Les points névralgiques ont été touchés. Il faudra une fortune pour tout réparer et Yves n’a pas d’assurance. Celle d’André ne couvrira rien puisqu’il s’agit d’un acte volontaire de dégradation. Il a la sensation d’avoir gagné sa bataille.

Toute cette action n’aura pris qu’une grosse demi-heure… C’est fou ce que cela m’a paru long néanmoins. Tous les témoins de la scène attendent les gendarmes qui semblent retenu près du mouillage principal du Marin. Aux jumelles, nous voyons le bateau de l’agresseur ancré à la limite du chenal. L’annexe traîne toujours derrière. Les gendarmes sont non loin. Ils prennent leurs précautions avant d’approcher. Il est 15 heures.

Pendant ce temps, nous sommes deux à monter à bord d’Archangels pour contrôler qu’il ne coule pas. Nous inspectons brièvement l’intérieur, nous démarrons le moteur et nous mettons en marche les pompes de cale(*) au cas où.

Yves arrive enfin une quinzaine de minutes plus tard. Il ne peut que constater les dégâts. Il est choqué et reste silencieux. Nous le laissons seul à bord à sa demande. C’est à ce moment-là, me racontera-t-il plus tard qu’il lit les sms menaçants qu’André lui a envoyé avant, pendant et après l’assaut.

Nous voyons une vedette de la gendarmerie s’approcher de nous environ 2 heures après, vers 17 heures. Ils sont 8 à bord de l’embarcation. Un instant, nous croyons qu’ils vont s’arrêter et prendre nos dépositions mais non. Ils ne font que nous avertir qu’un médiateur est attendu pour raisonner André qui est toujours à bord de son bateau.

Yves nous rejoint à la tombée de la nuit sur le bateau de ses amis les plus proches avec lesquels je suis depuis le milieu de l’après-midi. Peu de temps après, nous voyons l’hélicoptère de la gendarmerie tourner au-dessus de la marina(*). Son puissant projecteur balaye la zone. Nous apprenons alors avec stupeur que André a réussi à quitter son bord malgré la surveillance des gendarmes ! Ceux-ci reviennent nous voir sur leur hors-bord vers 19h30. Yves, inquiet pour sa sécurité, la notre et celle de son bateau, leur demande s’il n’est pas important qu’il s’éloigne de la zone de recherche. Nous sommes tous persuadés que André n’aurait pas hésité à tirer sur Yves s’il avait été à bord. Sinon pourquoi venir armé ? Et nous pensons qu’il est susceptible de revenir finir le travail. Avec l’accord des gendarmes, Yves décide de quitter le mouillage vers 19h45. Ces derniers lui assurent qu’ils veilleront à sa sécurité pendant la manœuvre et lui donne le canal de VHF(*) sur lequel il peut les contacter si besoin.

Le moteur d’Archangels ronronne et nous le voyons, inquiets, s’éloigner vers le chenal principal. Nous ne sommes pas tranquilles de laisser partir Yves seul mais il préfère ne mettre en danger personne d’autre. Il n’a que son feu de mouillage(*) pour se signaler, tout autre instrument électrique étant hors d’état de fonctionner.

Ce qui suit m’a été raconté par Yves lui-même. Je retranscris ci-dessous ce qu’il a vécu seul à bord.

A peine entré dans le chenal(*), il aperçoit une annexe(*) qui le suit avec deux personnes à bord. L’une d’entre-elles porte une frontale qui éclaire un instant son coéquipier. Yves reconnaît André ! Cette fois-ci, il est accompagné et cherche à se rapprocher ! Visiblement, celui-ci devait être en planque à côté du mouillage pour l’avoir rejoint si vite ! Preuve en est qu’Yves a bien fait de se méfier.

Il prend peur et accélère le régime du moteur de son voilier pour prendre la fuite. En même temps, il se précipite à l’intérieur de son bateau pour pouvoir contacter la gendarmerie sur la VHF. Nous entendons ses appels mais pas la gendarmerie ! Elle ne répond pas !!! C’est nous, sur le bateau « New Moon » qui sommes tenu de les appeler par téléphone pour leur faire part de la poursuite en cours ! Ce qui est curieux toutefois c’est que André semble faire demi-tour au moment où Yves tente de contacter les gendarmes sur la VHF. Comme si celui-ci avait une VHF branchée sur le bon canal… En tous les cas, celui-ci s’éloigne et bientôt Yves, toujours en direction de la sortie du chenal voit l’hélicoptère, le bateau des douanes ainsi que celui de la gendarmerie arriver vers lui. Il tente de les informer du demi-tour opéré par André et d’orienter l’hélicoptère dans la direction prise par ce dernier sans grand succès, leur VHF semble ne pas fonctionner et les instructions criées à haute voix à peine entendues. Le temps que tout ce petit monde fasse demi-tour dans la bonne direction, André s’est à nouveau échappé !

Yves est nerveux. Il s’inquiète que André puisse le retrouver et il préfère trouver un refuge autre que celui qu’il avait indiqué aux gendarmes. Il parcourt alors près de 5 kilomètres, tous feux éteints pour s’abriter dans un lieu difficilement accessible en annexe. Il est tellement stressé toutefois qu’il ne s’autorise que 5 mètres de chaîne pour mouiller(*) ce qui lui permettrait de quitter les lieux très rapidement s’il était menacé, mais ce qui signifie également que le bateau peut à tout moment déraper.

Vers 22h30, il appelle la gendarmerie au téléphone pour savoir si André a été appréhendé. Il apprend alors par son interlocuteur que les recherches ont été abandonnées, ce qui accroit encore son stress ! Ce dernier lui demande sa position et Yves préfère lui donner une position bidon au cas où André écouterait.

La nuit s’écoule doucement. Vers 6h15, Yves ne tient plus et rappelle la gendarmerie pour avoir des nouvelles et des conseils sur la conduite à tenir pour cette nouvelle journée. Son interlocuteur l’informe que quelqu’un le rappellera vers 7h00. Il n’aura finalement de réponse de la gendarmerie que vers 8h00 qui lui annonce qu’André a été intercepté. Il peut enfin rentrer au mouillage nous rejoindre…

Il apprendra plus tard que non content de l’avoir harcelé et menacé par sms, André avait également grandement partagé ses intentions sur sa page Facebook annonçant quelques minutes avant le drame qu’il allait faire « le buzz » et quelques minutes après qu’il avait « défoncé le bateau de cet enculé ».

J’apprendrais que la cause de tout cela c’est que mon ami, Yves, venait de commencer une histoire avec l’ex-femme d’André (ils étaient en cours de séparation) et celui-ci, possessif et jaloux, a voulu se venger lorsqu’il l’a appris. Il a alors décidé de s’en prendre au bien le plus cher de mon ami. Son bateau. Son unique bien.

André a été jugé en comparution immédiate. Il a écopé de 18 mois de prison avec sursis avec une interdiction de détenir une arme pendant 5 ans… Peu de chance qu’il arrive à rembourser un jour les dégâts qu’il aura occasionné…

Pour visionner une partie de la scène capturée par le couple de Danois, c’est ici :

Sombre histoire dans laquelle il n’y a eu aucun gagnant…


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A très vite !


PS : Cette histoire raconte ce que j’ai vécu mais afin de respecter l’anonymat des personnes qui ont croisées ma route, j’utilise des prénoms d’emprunt – sauf autorisation expresse obtenue de leur part.


GLOSSAIRE :

Annexe : petite embarcation, à rame ou à moteur, permettant de faire les allers retours entre le port ou le rivage et le bateau en mouillage.

Bâbord : en bateau, on ne dit pas gauche, on dit « bâbord », c’est la gauche du bateau lorsque se situe à l’arrière et qu’on regarde vers l’avant.

Bout : (se prononce « boute ») cela désigne, de façon générale, un cordage sur le navire car le mot « cordage » n’est jamais utilisé par les navigateurs.

Carénage : lieu où l’on carène (nettoie) les coques des bateaux.

Carriacou : île du sud des Antilles faisant parti de l’Etat de Grenade. C’est l’île la plus septentrionale des îles de l’État de Grenade. La population est d’environ 8.000 habitants.

Chenal : c’est la voie d’accès à un port ou à une zone de mouillage dans lequel un navire disposera de la plus grande profondeur d’eau sous la quille, lui permettant de progresser en toute sécurité.

Démâter : abattre ou rompre violemment un mât.

Éperonner : percuter à l’aide de l’éperon dans le but d’endommager, voire de le couler, en parlant d’un navire.

Feu de mouillage : feu diffusant une lumière blanche sur 360° et être disposé à l’endroit le plus visible d’un navire. La nuit, il doit être allumé lorsque le bateau est au mouillage.

Haubans : câbles qui soutiennent latéralement le mât, reliant les hauts du mât au pont du bateau.

Jobber : quelqu’un qui vit de divers petits travaux qu’il réalise à son compte.

Marina : complexe résidentiel incluant un port de plaisance utilisé en partie par les résidents.

Mouiller / Mouillage : terme désignant plusieurs choses selon le contexte. Le bateau est au mouillage, lorsqu’il est accroché à son ancre, ou à son corps mort, il ne navigue pas. Le mouillage c’est aussi la chaîne et l’ancre. Un bon mouillage est un lieu où l’on peut s’arrêter en sécurité.

Pompe de cale : c’est une pompe qui permet d’évacuer l’eau de l’intérieur du bateau depuis l’un des points les plus bas de la coque.

Tribord : en bateau, on ne dit pas droite, on dit « tribord », c’est la droite du bateau lorsque se situe à l’arrière et qu’on regarde vers l’avant.

Trou à cyclone : baie particulièrement bien protégée dans laquelle se réfugient les bateaux en cas de menace de vents forts.

VHF : radio à très haute fréquence (bande de fréquences comprises entre 30 MHz et 300 MHz).

Débaptiser son bateau porte-t-il malheur ?

D’après la superstition maritime, on ne doit pas changer le nom d’un bateau sans respecter un cérémonial bien précis car sinon ça porte malheur en attirant les foudres du dieu Neptune !

Alors, si vraiment un bateau doit être rebaptisé, il faut respecter une certaine cérémonie en coupant le « Macoui ». Le Macoui est attaché au nom du bateau. C’est le sillage qui fait penser à un long serpent suivant en permanence l’embarcation. Chaque bateau a un et un seul Macoui qu’il obtient lors de son premier baptême. Du coup, si on le rebaptise, il aura un deuxième Macoui qui entrera en conflit avec le premier, chacun cherchant à prendre le contrôle sur l’autre et à cause de cela, il arrivera de nombreux ennuis au bateau. C’est pour ça qu’on dit qu’il faut tuer le Macoui attaché à l’ancien nom avant de lui donner le nouveau nom.

Tout d’abord, il faut faire disparaitre toute trace de l’ancien nom à bord. On efface donc l’ancien nom sur le tableau arrière. On se débarrasse de tous les objets marqués de l’ancien nom sans rien oublier : bouée de sauvetage ou gilets marqués au feutre indélébile, vieux journal de bord, cartes marines marquées, vieilles factures etc…

Ensuite la procédure nécessite l’intervention d’un bateau ami. Voici la manière de procéder :

  1. Verser un verre de rhum ou du meilleur alcool à bord à l’arrière du bateau dans le sillage pour saouler le Macoui.
  2. Le bateau ami doit couper le sillage du bateau par 3 fois, le plus près possible du tableau arrière car c’est là où se trouve la tête du serpent.
  3. Le Macoui déteste les bruits forts. A défaut de pouvoir tirer un coup de canon ou un coup de feu (un peu compliqué de nos jours, avouons-le), il faut donc sonner un grand coup de corne de brume à chaque fois que le sillage est coupé par le bateau ami. Ainsi, le Macoui attaché au premier nom du bateau va mourir et se détacher.
  4. On peut alors rebaptiser le bateau en prononçant son nom à haute voix et on verse une rasade d’alcool au nouveau Macoui.
  5. Il ne faut pas oublier de remercier Neptune, qui a présidé la cérémonie, en versant dans la mer, côté tribord cette fois-ci, une bonne rasade d’alcool.

Certaines variantes exigent que la marraine du bateau soit présente durant toute la cérémonie, qu’elle prononce les paroles suivantes : « Je te baptise (nom du bateau) et te souhaite bonne navigation » et qu’elle casse ensuite du premier coup la bouteille sur l’étrave ou l’ancre du bateau. D’autres imposent que le breuvage soit exclusivement du champagne.

Bref, à vous de faire un peu votre sauce tant que vous faites attention à ne garder qu’un seul Macoui et à satisfaire Neptune. Il est également de bon ton d’inviter l’assistance à boire le verre de l’amitié et grignoter un morceau…

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Portrait 2 – Patricia et Ernest WOLF, un couple bien surprenant !

Ernest et Patricia WOLF, c’est un couple d’origine suisse à la personnalité pétillante ! Ils ont passé 5 années à fabriquer eux-mêmes leur maison flottante au fond de leur jardin. Il s’agit d’un trawler mixte mer et rivière d’esprit hollandais  (un bateau à moteur) de 11,90 mètres de long sur 3,50 mètres de large répondant au doux nom de « Maranatha ».Version 3

Après avoir construit une maquette en bois au 1/10e, soit 1,20 mètre de long, les travaux sérieux ont commencé. Des tôles et encore des tôles d’aluminium qu’il a fallu patiemment découper, positionner, fixer et souder. La coque à elle seule leur a demandé 3 années de dur labeur.

En parallèle, Ernest travaille sur le moteur. Un vieux moteur Mercedes MO601 qu’il connaît par cœur et qu’il a marinisé lui-même en 80 chevaux.

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Une fois la coque terminé, Ernest et Patricia se sont attaqués aux aménagements intérieurs. Tout est pensé et réfléchi pour optimiser l’agencement pour la vie à bord. Ils font le choix d’un espace lumineux et décloisonné avec tout le confort nécessaire : réfrigérateur, congélateur, chauffage et même une machine à laver le linge !

Version 2

 

 

 

 

 

 

 

En mai 2009, après six ans de chantier, Maranatha est enfin terminé !

Le 9 mai 2009, leur petit village suisse organise une grande fête en son honneur et en celui de ses armateurs amateurs. Cette date est également celle à laquelle Ernest et Patricia disent adieu à leur vie « terrestre » : ils liquident tous leurs biens avant d’embarquer sur le bateau.

Et c’est le début de la grande aventure ! D’abord sur de fameux fleuves tels que le Rhin, la Saône ou le Rhône avant de déboucher sur la Méditerranée.

C’est en Tunisie qu’un premier gros coup de vent les persuade de rajouter un système de stabilisateurs avec tangons et paravanes de chaque côté de la coque pour réduire le roulis du bateau.

Ernest et Patricia continuent leur route en direction des îles Canaries, puis du Cap Vert dans l’optique de traverser l’Océan Atlantique, rien que ça ! Leur bateau est équipé de 2 réservoirs d’un total de 1.600 litres de gasoil auxquels ils vont rajouter 20 bidons de 30 litres qui seront fixés le long du bastingage afin d’assurer leur autonomie en carburant durant cette traversée de 2.100 milles en direction de Tobago à l’extrême sud de l’arc antillais. Ils prennent la mer le 19 avril 2012 pour 18 jours de traversée non stop dans des conditions qu’ils décrivent comme idéales. Leur vitesse moyenne de déplacement est de 5 nœuds afin d’assurer une consommation réduite de carburant. Ils consommeront un total de 2100 litres sur ce parcours, soit 1 litre par mille nautique !

Version 2

Après avoir arpenté quelques temps l’arc antillais, ils vont réaliser en 2015 le « Great Loop », c’est-à-dire le tour de l’Est des États-Unis et d’une partie du Canada en empruntant les voies maritimes protégées et le réseau fluvial, leur bateau étant véritablement passe-partout ! Départ de Key West en mai, arrivée à Mobile en novembre et retour à Key West en décembre 2015.

Version 2

A la fin du Great Loop, Ernest et Patricia continuent leur route plein sud vers Cuba, puis vers Haïti, Saint-Domingue et enfin Antigua. Depuis, ils continuent à vagabonder dans les Antilles.

J’ai eu la chance de croiser ce couple hors du commun sur l’île de Bequia (État de Saint-Vincent-et-les-Grenadines) et de visiter leur magnifique petite maison flottante. C’est un petit couple pétillant et plein de vie qui fait vraiment plaisir à voir ! Je suis heureuse qu’ils aient partagé leur histoire et leurs photos avec moi. J’aime rencontrer des personnages hors normes tels qu’eux.

Ernest, Patricia, je vous dis à un de ces jours sur la mer !

En prime, quelques photos supplémentaires :

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Art. 8 – Premier carénage à Carriacou

(Tous les mots suivis d’un * sont expliqués dans le glossaire figurant au bas de l’article)

Quelques heures après mon arrivée sur l’île de Carriacou(*), Nautigirl est sortie de l’eau. Je vois mon beau petit voilier, bien sanglé par en dessous s’élever doucement dans les airs à la demande de l’employé chargé de la manipulation de la grue. Il est debout sur la terre ferme et la commande à distance à l’aide d’une énorme manette qui rappelle un peu celle d’une console de jeu.

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Doucement, la grue emmène Nautigirl vers la terre ferme où les ouvriers du carénage l’attendent de pied ferme avec leur kärsher. Première opération : gros décrassage de la coque. L’eau sous pression décolle algues et coquillages et laisse apparaître le vieil antifouling(*). Effectivement, une petite remise en beauté ne lui fera pas de mal…

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Deuxième opération : placer le bateau à l’endroit qu’il occupera durant les quelques jours que durera le chantier. Nautigirl est ainsi guidée dans l’espace libre entre Archangels d’un côté et New Moon de l’autre. La grue relâche progressivement sa prise et bientôt Nautigirl tient en équilibre sur les béquilles prévues à cet effet. Je peux enfin l’observer sous toutes ses coutures !

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Ce sont les employés du carénage qui vont gérer toute la partie antifouling. Cela consiste à poncer le dessous du bateau afin de faire disparaître la vieille peinture, avant de passer un primaire d’accroche et un nouvel antifouling en trois couches. Moi, je vais pouvoir les regarder faire pour savoir comment procéder une prochaine fois !

P1020763En attendant que le ponçage de la coque commence, je me charge de démonter l’hélice afin de pouvoir rendre au bronze son brillant d’origine. J’apprends à l’occasion à me servir d’un démonte-hélice que me prête le chantier car, contrairement à ce que je croyais, ça ne se démonte pas aussi facilement. Une fois les différents éléments démontés, un petit bain dans du Corobrill(*) fait des miracles : j’ai à peine à gratter pour faire disparaître toute trace d’organisme vivant. J’en passe aussi sur l’arbre de l’hélice avec un gros pinceau. Bientôt l’ensemble retrouve presque son brillant et son aspect lisse d’origine.

P1020772J’en profite pour démonter la bague hydrolube(*). Je sais qu’il en existe différentes sortes. La mienne est une sorte de petit tube creux en caoutchouc qui est inséré dans la chaise d’arbre(*) assurant ainsi le centrage de l’arbre d’hélice. Elle pourrait encore faire l’affaire mais tant qu’à faire, autant en profiter pour en mettre une neuve ! Je cours au magasin tout proche pour en acheter une nouvelle mais j’ai une mauvaise surprise. Celui-ci est minuscule. Ils ont quelques articles en stock mais rien pour moi. Professionnels, ils tentent de contacter le magasin de l’île la plus proche, Grenade(*) mais sans succès… Je tente ma chance en appelant un magasin de Martinique. Ils ont ce qu’il faut mais ils ne peuvent pas le faire livrer… Je ne me laisse pas démonter. Je poste aussitôt un message sur une page Facebook qui rassemble toute une communauté de martiniquais « JAH Familia ». J’y explique que je recherche quelqu’un qui pourrait me descendre la pièce en question vers Carriacou. Rapidement, j’ai une réponse d’une boite de charter, Piwi Croisières. Ils sont prêts à me descendre la pièce à Union(*) dans quelques jours. C’est super gentil ça ! Parfait, je n’ai plus qu’à attendre la livraison !!!

En attendant, j’ai un autre travail qui m’attend… En rangeant les affaires que j’avais placé un peu en vrac à l’avant, je me suis rendue compte que les parois de la pointe avant du bateau sont humides… Il semblerait que la baille à mouillage(*) ne soit pas étanche… J’y plonge, la tête en avant… Un long et gros cordon, ou plutôt un pâté, de sikaflex(*) a été posé le long des angles en contact avec la paroi de la cabine avant. Je tire légèrement dessus et étonnamment, il cède très facilement. Je mets ainsi à jour ce qu’il y a en dessous : une sorte de mastic tout poreux qui visiblement a perdu toutes ses propriétés (en supposant qu’il ait été étanche à un moment donné). Lorsque je passe le doigt dessus, c’est comme mou, ça me ferait presque penser à de la pâte à modeler. Je sors mes outils et je commence à nettoyer la zone afin de repartir sur une base saine.

Après en avoir discuté avec Yves, je décide de poser fibre et résine sur la zone pour la rendre parfaitement étanche. J’ai tout le matériel nécessaire pour le faire mais encore aucune pratique. C’est mon premier challenge résine ! 2 doses de résine pour 1 dose de durcisseur… Un premier mélange me sert à reboucher les fentes apparentes avec du micro-ballon(*) chargé dedans. Ça fait une sorte de mastic facile à utiliser. Un deuxième mélange est appliqué tel que sur la fibre de verre que j’ai préalablement découpée. J’ai un pinceau pour appliquer la résine sur la fibre mais j’ai du mal à ne pas faire de coulures un peu partout. Ça coule par terre, j’en mets plein mes gants qui collent au pinceau mais tant pis, j’apprends ! Je laisse sécher plusieurs heures avant de poncer et de passer une deuxième couche et enfin une troisième. Une fois la réparation terminée et la dernière couche poncée, je n’ai plus qu’à remplir la baille à mouillage à ras bord après avoir bouché le trou d’évacuation pour voir si de l’humidité rentre à l’intérieur de la pointe avant du bateau. Après une nuit d’attente, bonne nouvelle, tout est bien resté sec à l’avant. Problème résolu !

Entre chaque temps de séchage, je m’occupe à d’autres petites tâches sous la supervision d’Yves qui joue le coach avec moi. Grâce à lui, j’apprends ainsi à faire la vidange de l’huile d’inverseur(*), tâche que Pierre n’avait pas eu le temps de me montrer. Mes hublots montrant de nouveau des zones de faiblesse qui laissent passer quelques gouttes d’eau, il m’encourage à creuser le joint de sika tout autour pour en reposer un tout beau tout neuf, ce que je m’applique à faire consciencieusement espérant que c’est la dernière fois qu’il fuit (ce ne sera hélas pas le cas d’ici quelques mois…).

Les jours passent vite et bientôt tous les bateaux sont prêts à être remis à l’eau. Enfin, tous, sauf le mien, vu qu’il me manque ma bague hydrolube et que sans elle, je ne peux pas remettre mon hélice. Du coup, nous négocions de remettre le bateau d’Yves en premier à l’eau afin qu’il puisse m’emmener à Union où je dois récupérer ma pièce.

Archangels fend les flots en direction de l’île d’Union toute proche. Yves contrôle l’ensemble des passes-coques(*) qu’il a posé durant le chantier car, comme il me l’explique, c’est la première chose à vérifier  lorsqu’on remet un bateau à l’eau. Je suis dehors dans le cockpit quand je l’entends pousser un juron. L’un des passes-coques laissent s’infiltrer de l’eau. On ne risque pas de couler à cause de ça car la fuite n’est pas si importante, néanmoins, il va falloir ressortir le bateau très vite. Impossible de résoudre ça la coque dans l’eau. Il met la pompe de cale(*) en marche. Désormais, il a juste envie de rejoindre rapidement Union pour que je récupère ma pièce et repartir aussi sec à Carriacou pour ressortir le bateau.

Nous atteignons l’île de Union. J’ai eu des nouvelles du skipper en charge du catamaran de Piwi Croisières qui transporte ma bague hydrolube. Il est tout proche. Et effectivement, une heure après avoir accosté au ponton principal du port de Clifton, nous le voyons arriver à notre rencontre à bord de son annexe(*). Ça y est ! J’ai ma bague ! Nous filons de nouveau vers Carriacou.

Dès notre arrivée au carénage, Yves négocie un bon prix pour une sortie expresse de son voilier (chaque sortie de l’eau avec la grue est facturée). Avant la nuit, son voilier est donc de nouveau suspendu sous la grue au dessus de la terre ferme ce qui lui permet de faire le nécessaire pour régler son problème de passe-coque. Pendant ce temps-là, je mets en place ma nouvelle bague hydrolube et je remonte enfin mon hélice tout propre.

Le lendemain matin, Archangels est remis à l’eau suivi de Nautigirl. Direction le Marin en Martinique ! De nouveau, Yves joue mon ange-gardien et m’accompagne tout au long du trajet. Tous les soirs, nous stoppons sur l’une des îles que nous longeons. Lorsqu’enfin nous arrivons au niveau de l’île de Sainte-Lucie(*), Yves met toutes les voiles et rejoint la Martinique me laissant faire la dernière partie du trajet toute seule. Je pense qu’il en avait assez de freiner son cheval de course depuis aussi longtemps et je le comprends !

De retour au Marin, je décide de régler ce problème de VHF(*) qui semble ne pas fonctionner correctement à une distance même modérée. Un professionnel passe à bord pour tester le matériel. Il semble que tout soit ok. Il ne comprend pas les difficultés que je peux rencontrer. Il manipule les boutons de la VHF tout en parlant à haute voix. Il me parle de la fonction « HIGH » (haute) et « LOW » (basse). Hein ? Késako ? Et là, je réalise que pendant tout le voyage, j’ai laissé la VHF sur la puissance minimale qui ne permet d’émettre que sur une distance d’un mille(*) nautique environ au lieu des 20 à 25 milles autorisés avec la puissance la plus forte… Alors, tous ces problèmes de communication à distance avec Yves sur l’aller/retour qui m’ont valu un beau hors forfait téléphonique (vu que lorsque j’avais besoin de le contacter, j’utilisais mon téléphone quand j’arrivais à avoir du réseau), c’était ça ???? Effectivement, je me rappelle avoir vaguement entendu parler de cette notion de « High » et « Low » lorsque j’ai passé mon CRR(*) (le certificat m’autorisant à utiliser une VHF) mais visiblement je n’avais pas saisi l’importance de celle-ci…

Vive la blonde attitude !


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A très vite !


PS : Cette histoire raconte ce que j’ai vécu mais afin de respecter l’anonymat des personnes qui ont croisées ma route, j’utilise des prénoms d’emprunt – sauf autorisation expresse obtenue de leur part.


GLOSSAIRE :

Annexe : petite embarcation, à rame ou à moteur, permettant de faire les allers retours entre le port ou le rivage et le bateau en mouillage.

Antifouling : peinture couvrant la partie immergée de la coque et contenant des produits toxiques destinés à empêcher le développement des mollusques et des algues.

Bague hydrolube : pièce en caoutchouc rainurée a l’intérieur, elle assure le centrage de l’arbre d’hélice et sert de pallier, elle est lubrifiée par l’eau. C’est une pièce d’usure à changer régulièrement.

Baille à mouillage : soute à l’avant du bateau dans laquelle on range la chaîne et parfois l’ancre elle-même.

Carriacou : île du sud des Antilles faisant parti de l’État de Grenade. C’est l’île la plus septentrionale des îles de l’État de Grenade. La population est d’environ 8.000 habitants.

Chaise d’arbre : appendice sur la coque d’un navire supportant l’arbre d’hélice.

Corobrill : mélange d’acide phosphorique et de détergents.

CRR : Certificat Restreint de Radiotéléphoniste.

Grenade : principale île de l’État de Grenade dans le sud des Antilles. La population est d’environ 100.000 habitants.La Grenade est surnommée « l’île aux épices » (Island of Spice) pour sa cannelle, ses clous de girofle, son curcuma et surtout le macis et la noix de muscade.

Inverseur : c’est ce qui permet de gérer la marche avant et la marche arrière.

Micro-ballons : ce sont de minuscules sphères de verre se présentant sous la forme d’une poudre blanche extrêmement légère. Mélangées à la résine, les microballons permettent de « charger » celle-ci sans l’alourdir et de remplir des cavités sans rajouter trop de poids.

Mille marin ou mille nautique :  1.852 mètres environ ce qui correspond au calcul d’une minute d’angle à l’équateur.

Passe-coque : tube à collerette et traversant la coque. Il est destiné à y connecter un tuyau d’évacuation ou de prise d’eau généralement.

Pompe de cale : c’est une pompe qui permet d’évacuer l’eau de l’intérieur du bateau depuis l’un des points les plus bas de la coque.

Sainte-Lucie (Saint Lucia en anglais) : état insulaire des Antilles situé entre, au sud, les îles de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, au sud-est, la Barbade et au nord, la Martinique.

Sika : abréviation de « Sikaflex » qui est une marque de colles et de mastics d’étanchéité très réputée dans le monde marin.

Union : une des îles de l’archipel des Grenadines, archipel situé dans les petites Antilles, entre l’île de Saint-Vincent au nord et Grenade au sud. Elle fait partie de l’État de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, dont c’est l’une des îles les plus méridionales.

VHF : radio à très haute fréquence (bande de fréquences comprises entre 30 MHz et 300 MHz).

Pourquoi un marin ne part pas un vendredi ?

protectionCertains marins refusent catégoriquement de partir un vendredi mais lorsqu’on les interroge, ils avouent volontiers ne pas savoir pourquoi on dit que ça porte malheur…

L’une des explications qu’on trouve à cette croyance est qu’autrefois les marins touchaient leur paye le jeudi et qu’ils faisaient la fête toute la nuit suivante… Alcool à gogo… Gueule de bois carabinée le lendemain, le vendredi donc…. Parfois, les équipages étaient dans un état tellement piteux que les accidents étaient nombreux à bord et parfois il était même tout simplement impossible de lever l’ancre… D’où l’origine de cette superstition

Une autre explication qu’on trouve à une origine religieuse… Car le vendredi est un jour maudit : c’est le jour de la crucifixion de Jésus-Christ, le jour où le diable tenta Eve et où Adam mangea le fruit défendu..

 

 

Art. 7 – Ma première fois en solo !

Archangels(Tous les mots suivis d’un * sont expliqués dans le glossaire figurant au bas de l’article)

J’aime ce mouillage à l’entrée du troisième trou à cyclone non loin de la pointe Marin qui abrite le club Med. Je peux enfin me baigner dans une eau claire. Ce n’est pas aussi limpide qu’en Polynésie mais c’est bien mieux que les autres endroits où j’ai pu mouiller jusqu’à présent.

Je continue à améliorer doucement mon intérieur. La scie d’élagage que m’a offerte Ben est devenue ma meilleure amie depuis quelques temps. D’une chute de bois, je fabrique une petite étagère pour épices, c’est encore un peu de place gagnée. Je ne jette rien, je garde et je tente de réutiliser au maximum. Economie, économie ! C’est que tout coûte cher sur un bateau…

En inspectant l’un des placards que j’ai aménagé dernièrement, je réalise que l’étagère du dessus présente des traces d’humidité. C’est même un peu humide lorsque je passe ma main dessus. Une des règles primordiales en bateau est la suivante : si vous avez de l’eau quelque part, cherchez-en la cause après l’avoir goûtée pour déterminer si c’est salé ou pas (ça élimine très vite certaines options dans le doute). Il a bien plu ce matin mais cela ne peut pas provenir des hublots, ça ne serait pas logique vu la position de la trace… Je tâtonne essayant de comprendre d’où provient cette eau. Soudain, je sens une goutte sur mon doigt. Je glisse ma tête dans le placard : c’est la cadène(*) qui retient un haubans(*) qui suinte et ça coule le long de la contre-plaque(*) avant de finir sur l’étagère. C’est pas bon signe ça ! Je sors pour tâter le pont tout autour de la zone d’infiltration. J’ai peur que le sandwich(*) ne soit infiltré d’eau mais a priori la surface semble saine. Rien ne s’enfonce sous la pression exercée par mon doigt. Tant mieux mais je vais devoir rapidement faire quelque chose.

Je suis interrompue dans mes pensées par l’arrivée d’un inconnu. C’est Yves, un voisin de mouillage qui passe se présenter. Il me voit m’affairer sur mon voilier depuis la veille et il vient me proposer un coup de main si j’ai besoin. Ca tombe bien car moi j’ai plein de questions pour lui qui semble s’y connaître. Je lui explique mon problème de cadène qui fuit. Effectivement, il me conseille d’y remédier rapidement et il m’explique la procédure. Ne jamais desserrer seul un haubans, toujours par paire ! Un tour sur le ridoir(*) d’un des haubans, un tour sur son jumeau sur l’autre bord. Veiller à compter le nombre de tours afin de pouvoir retendre ses haubans comme ils l’étaient initialement à la fin de la procédure. Au besoin, mettre un scotch sur le pas de vis pour repérer jusqu’à où les ridoirs étaient vissés avant…

J’avoue que je n’ai pas tout compris sur le moment mais ça ne me paraît pas trop difficile. Après avoir discuté un moment, Yves s’éclipse et retourne sur son bateau « Archangels » en me laissant seule face à mes haubans. Je lutte un bon moment avec ceux-ci. Ils me valent même la perte d’une clé de 8 dans la mer qui s’envole littéralement dans les airs afin de faire un gros plouf alors que je m’escrime à desserrer le premier haubans. Je plonge immédiatement à sa suite mais sans succès. Nouvelle leçon de la journée : toujours avoir plusieurs clés de la même taille ! Heureusement Yves me dépanne gentiment. Je réussis enfin à vaincre ces foutus haubans ainsi que les cadènes et les contre-plaques. Après avoir bien nettoyé la zone, l’avoir asséchée plusieurs heures et l’avoir bourrée de sika(*), je remonte le tout avec encore une fois l’intervention d’Yves pour contrôler la tension des haubans une fois ceux-ci remontés.

Il me présente à ses meilleurs amis au mouillage, un couple très sympa vivant sur leur bateau « New Moon ». Nous passons plusieurs soirées ensemble. Ils projettent de partir bientôt sur l’île de Cariacou(*) au sud de l’arc antillais pour faire l’antifouling(*) de leur bateau et ils m’encouragent à les suivre.

Sur le moment, je ne suis pas véritablement partante pour cette idée… C’est sûr, l’antifouling est à faire… La somme demandée au Marin par le carénage(*) pour l’entrée et la sortie d’eau de Nautigirl avec quatre jours inclus à terre me semble faramineuse : 600 EUR environ et ça c’est sans avoir acheté ni fait l’antifouling. J’avais dans l’idée de monter en Guadeloupe qui m’a proposé un devis moitié moins cher mais ce qui m’a freinée jusqu’à présent c’est que je ne sais pas comment on fait un antifouling et que je ne connais personne en Guadeloupe alors qu’au Marin si ! Voilà maintenant qu’on me propose de faire un tir groupé à la zone de carénage de Carriacou. Mes amis négocient un prix de groupe et nous nous partageons le coût des matériaux : primaire(*), antifouling etc… Et ils seront là pour répondre à toutes mes questions puisqu’ils feront eux-même le même travail sur leur voilier respectif ! Dans ces conditions, je serais folle de refuser !

Ne me reste plus qu’une seule raison d’hésiter. Je n’ai pas d’équipier et je n’ai encore jamais navigué seule. Et faire environ 150 milles(*) nautiques d’une seule traite pour une première fois, cela me paraît un défi trop important… Yves vient encore une fois à ma rescousse. Il me propose de suivre le rythme de Nautigirl avec son voilier un First(*) 40.7 qui va aisément deux fois plus vite que moi normalement. « Pas grave, je réduirais les voiles ! »  me dit-il en souriant ! Dans ces conditions… que puis-je dire ? « C’est parti mon kiki ! »

New Moon est déjà parti tôt ce matin. Les amis d’Yves vont d’une seule traite sur Carriacou. Moi et Yves, nous partons tranquillement dans la matinée pour faire une première étape à Sainte-Lucie à environ 20 milles de là. Je pars en avance, Yves me rejoindra sur la route. De toute manière, il sait qu’il me rattrapera rapidement.

Je relève l’ancre, le cœur battant. C’est le grand départ pour moi. Mon premier canal à traverser ! Je sors du Marin. Je hisse la grand-voile et déploie le génois. Tout se passe bien. Le vent est assez fort, 25 nœuds avec quelques rafales à plus de 30 nœuds, la houle est prononcée et le pilote automatique force sur la barre mais il gère, ça va. Je commence à me détendre légèrement.

globi2J’entre à peine dans le canal quand soudain je vois deux énormes têtes noires et toutes rondes jaillir de l’eau à quelques dizaines de mètres du bateau. Je ne sais pas ce que c’est mais leur route est à 90° de la mienne ! Nous sommes en droite ligne de collision ! Ce ne sont pas des dauphins, leur tête est énorme !!! Ça ne peut être que des orques dans mon esprit… C’est plus grand qu’un dauphin, plus petit qu’une baleine et c’est tout noir. Des orques, hein ? Quoi d’autre ? Le cœur battant la chamade, je décroche mon pilote et j’abats(*) à fond pour les éviter tout en scrutant attentivement la surface de l’eau… Je ne les verrais jamais réapparaître. Les animaux ont sondé dans les profondeurs et moi j’en suis quitte pour une bonne petite trouille ! indexJe me suis imaginée un instant coulée à quelques milles seulement de mon point de départ ! Ça aurait été ballot tout de même lors de ma première navigation !!! J’apprendrais plus tard que ce sont des globicéphales qui peuvent mesurer de 5 à 6 mètres, rien à voir avec une orque qui peut atteindre 10 mètres !

Allez, juste pour vous faire rire, ma réaction en live car j’ai réussir à filmer ce moment (si, si !). C’est trop ridicule mais c’est trop bon à regarder !!! https://youtu.be/0mTsV-vs41A

Après ce petit intermède, je vois le bateau d’Yves se rapprocher rapidement. Il me dépasse et nous échangeons quelques mots à la VHF(*). Il observe mes voiles depuis son cockpit et me donne des conseils sur le bon réglage. Petit à petit, nous nous rapprochons des côtes de Sainte-Lucie(*). Nous nous donnons rendez-vous à « Rodney Bay » au nord de l’île. Sur les derniers milles, Henry lance toute la toile et il disparaît rapidement à l’horizon. Je le retrouve dans la baie comme prévu vers 17h00 et j’ancre non loin de lui.

Je suis fière de moi ! C’est ma première traversée solo, sous l’œil bienveillant d’Yves ok, mais seule à bord quand même ! Je remplis mon livre de bord : 5 heures de porte à porte, 20 milles…

Je dîne à bord d’Archangels. Yves me donne les instructions pour la navigation du lendemain. Départ prévu à 3 heures du matin car une longue navigation nous attend pour atteindre Bequia(*). Extinction des feux à 20 heures…

Le réveil est dur ! Il fait nuit noire. Je remonte l’ancre et je pars avant Yves. De toute manière, il est bien plus rapide que moi alors pourquoi se presserait-il ? Je monte les voiles et me lance à l’assaut de la côte sous le vent de Sainte-Lucie.

Je navigue depuis presque deux heures maintenant. Il n’est pas loin de 5h du matin et je commence à peine à voir poindre le jour quand j’entends soudain un énorme SPLASH !!! Je tourne la tête juste à temps pour voir un second dauphin effectuer une cabriole en l’air. Il est si près de Nautigirl que j’aurais presque peur qu’il n’atterrisse sur le pont ! Dommage qu’il fasse encore si sombre, j’aurais voulu profiter à 100% de la beauté de ce spectacle. J’appelle Yves à la VHF pour partager ce petit moment de bonheur ! Je le vois un petit peu plus loin dans mon sillage. Les dauphins sont partis le rejoindre. Ils l’accompagneront une quinzaine de minutes avant de disparaître au loin.

La journée est longue. C’est la première fois que je navigue si longtemps. J’essaie de dormir quelques minutes par ci, par là mais je n’y arrive pas. Tous mes sens sont constamment en alerte. De toute manière, je n’arrive pas à trouver de place confortable. Dans le cockpit, si je m’allonge sur le banc côté sous le vent, je suis gênée par le pilote qui m’empêche de relever les jambes. Si je m’allonge sur le banc côté au vent, avec la gite, je me retrouve par terre. Si je m’allonge en travers du cockpit, c’est un peu mieux mais avec la gite, je me retrouve presque en appui sur mes jambes, difficile de se laisser sombrer dans le sommeil dans ce cas là… Je tente de m’allonger par terre au fond du cockpit mais à chaque mouvement un peu prononcé du bateau, je me dresse comme un lemming pour voir ce qu’il se passe.

Je communique quand je le peux avec Yves sur la VHF. Il est obligé de réduire de moitié sa voilure pour ne pas me semer. Parfois, quand il en a assez, il remet de la toile et fait demi-tour un peu plus loin. J’ai l’impression que j’ai un problème de VHF… Autant j’arrive à entendre ce qu’il me dit, autant quand j’émets, j’ai l’impression qu’il ne m’entend pas tout le temps sauf quand il est vraiment près… A voir…

Nous rejoignons Bequia(*) en pleine nuit. Yves m’y a précédé et il a mouillé dans une dizaine de mètres d’eau. Je suis crevée, énervée, fatiguée… Il est près de 20h30, ça fait plus de 17 heures qu’on est parti. Il me propose pour me faciliter la vie de mettre à couple Nautigirl et Archangels. Pas de chaîne et d’ancre à gérer. Le seul problème c’est que son bateau ne cesse de faire des va-et-vient autour de son point d’ancrage avec les risées de vent. C’est la première fois que je fais ce genre de manœuvre et j’ai peur de lui rentrer dedans ou d’abîmer nos coques. Je tente une première approche mais son bateau chasse vers le mien. Apeurée, je m’éloigne brutalement. Je m’excite toute seule sur mon bateau pendant que lui, Yves, reste stoïque limite moqueur : il ne voit pas la difficulté… Moi, je veux juste me reposer, je n’en peux plus, et son putain de bateau qui n’arrête pas de bouger m’énerve !!! J’échange quelques paroles un peu vives avec lui. La fatigue… Lui serein reste cool et me laisse m’énerver toute seule. Finalement, je réussis à finaliser mon approche. Il a tout préparé, pare-battages(*) et amarres(*), pour me faciliter la vie. Il me fait même à dîner !

Et de nouveau le lendemain matin, le lundi 13 mars 2017, départ de nuit à 3h30 pour arriver à Carriacou, à 35 milles nautiques de là, en début de matinée pour ne pas rater notre rendez-vous avec la zone de carénage. A 12h00, je vois mon voilier quitter la surface de l’eau et être gruté afin d’être mis à sec.

Prochain étape : OPERATION CARENAGE !!!


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A très vite !


PS : Cette histoire raconte ce que j’ai vécu mais afin de respecter l’anonymat des personnes qui ont croisées ma route, j’utilise des prénoms d’emprunt – sauf autorisation expresse obtenue de leur part.


GLOSSAIRE :

Abattre : manœuvrer le voilier de manière à l’écarter du lit du vent. 

Amarre : grosse “corde” utilisée par les bateaux pour se “garer” le long d’un quai ou d’un autre bateau ou pour s’attacher à un corps-mort.

Antifouling : peinture couvrant la partie immergée de la coque et contenant des produits toxiques destinés à empêcher le développement des mollusques et des algues.

Bequia : île du Sud des Antilles faisant partie de l’état de Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Bequia se situe au sud de l’île de Saint-Vincent. C’est la plus grande île des Grenadines. La population est d’environ 6.000 habitants.

Cadène : pièce généralement métallique solidaire du pont du navire sur laquelle est frappé un câble tenant le mât. La traction exercée sur une cadène nécessite que la cadène soit également solidarisée avec la coque par la mise en place d’une contreplaque (ou renvoi de cadène) qui est une pièce métallique située sous le pont qui reprend l’effort exercé par la cadène et la transmet à la coque.

Carénage : lieu où l’on carène (nettoie) les coques des bateaux.

Carriacou : île du sud des Antilles faisant parti de l’Etat de Grenade. C’est l’île la plus septentrionale des îles de l’État de Grenade. La population est d’environ 8.000 habitants.

Contre-plaque : voir cadène

First 40.7 : un voilier de marque Beneteau, l’une des références mondiales de la course-croisière.

Haubans : câbles qui soutiennent latéralement le mât, reliant les hauts du mât au pont du bateau.

Mille marin ou mille nautique :  1.852 mètres environ ce qui correspond au calcul d’une minute d’angle à l’équateur.

Pare-battage : sorte de bouée gonflée d’air servant à amortir et à protéger la coque face à d’éventuels chocs sur un quai ou un autre bateau (on parle également de « défense »).

Primaire : appelé encore sous couche. Il s’utilise pour améliorer l’accroche de l’antifouling sur la coque.

Ridoir : dispositif permettant de fixer un câble à une partie fixe avec la possibilité de régler la tension dudit câble.

Sainte-Lucie (Saint Lucia en anglais) : état insulaire des Antilles situé entre, au sud, les îles de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, au sud-est, la Barbade et au nord, la Martinique.

Sandwich : assemblage en couches des différentes couches de résine et de fibre qui constituent le pont.

Sika : abréviation de « Sikaflex » qui est une marque de colles et de mastics d’étanchéité très réputée dans le monde marin.

VHF : radio à très haute fréquence (bande de fréquences comprises entre 30 MHz et 300 MHz).

 

 

 

Portrait 1 – Birgit HABELT, une septuagénaire dans le vent !

J’ai entendu parler d’elle l’année dernière en 2016 lorsque j’étais sur l’île de Fakarava, en Polynésie Française. On m’en a reparlé ici en Martinique en 2017. Cette femme, c’est Birgit HABELT, 70 ans. Je me suis intéressée au parcours de cette femme et voici ci-dessous son histoire (ce que j’en ai lu dans les journaux et pages internet en tout cas).

Elle est d’origine allemande et a parcouru une bonne partie des mers du globe. Pourtant, elle n’est pas une navigatrice née : elle a découvert le monde de la voile à l’âge de 48 ans seulement ! A l’époque, elle vivait en Guadeloupe avec son fils qui venait de passer son bac. C’est là-bas qu’elle a travaillé en tant qu’hôtesse sur des voiliers et qu’elle a tout appris. Ensemble, ils sont ensuite partis de Guadeloupe pour rallier l’île de Moorea en Polynésie Française à bord d’un bateau appelé « Poco Loco ». Ils pensaient y trouver du travail. Cela a été le cas pour son fils, Tammo, qui s’y est même installé tandis qu’elle, Birgit, continuait son chemin.

Depuis, elle n’a cessé d’écumer les mers du globe : mer Baltique, océan Atlantique, océan Pacifique. Elle a même tenté de passer le Cap Horn avec Popeye son compagnon de l’époque. Malheureusement, leur bateau a chaviré au niveau des 50e hurlants et des 40e rugissants. Ils ont réussi toutefois à gagner les côtes chiliennes pour réparer leur embarcation. Il paraît d’ailleurs qu’« il n’y a pas meilleure pompe de cale qu’un homme armé d’un seau et qui a très peur ». Elle s’est posée quelques temps à terre, quatre ans notamment en Espagne où elle a retapé une maison héritée de ses parents afin de pouvoir la revendre et se dégager de tout souci matériel.

En 2015, elle se met en tête de rejoindre son fils Tammo à Moorea où il réside afin de fêter ensemble son anniversaire le 23 mai 2016. Mais plutôt que de prendre un billet d’avion, elle a décidé d’aller le rejoindre en bateau.

Elle est donc partie à la recherche d’un petit voilier qui l’amènerait à destination. C’est un de ses amis qui la met sur la piste d’un « Muscadet » en vente à Roscoff en Bretagne. C’est un voilier de série de 6,40 mètres construit en 1967, le numéro 157 de la série. Elle y est allée, l’a vu, l’a acheté et a travaillé trois mois dessus pour le rendre navigable. Pour ces travaux, elle a emmené son bateau appelé « Fleur d’Ajonc » au chantier des Quatre-Vents à Saint-Pol-de-Léon à quelques kilomètres de Roscoff. Elle y a travaillé tous les jours parfois jusqu’à 3 heures du matin afin d’achever la préparation de son bateau en octobre 2015, sa date butoir pour quitter les côtes françaises en direction des îles Canaries. Il fallait presque tout refaire. Ponçage, sablage, époxy, peinture. Elle change le génois, la grand-voile et le spi. Elle achète un nouveau gréement avec un mât en alu à enrouleur, un régulateur d’allure un sonar, deux radios (une BLU et une VHF), deux GPS, des panneaux solaires, des batteries neuves et un moteur de secours. Bref, de quoi affronter une longue traversée de 20.000 kilomètres en solitaire.

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Quand on lui dit que c’est un vieux bateau, elle répond qu’il est « vingt ans plus jeune qu’elle ! ».

Le pari a été tenu et elle a largué les amarres le samedi 17 octobre 2015, à 69 ans ! Elle a profité de la seule fenêtre météo, avant la mauvaise saison, bien qu’il lui restait quelques petites choses à terminer sur le bateau. Elle a préféré filer sans se poser de questions plutôt que de rater le créneau. Elle n’a pas de pilote automatique et son mât, bien que récent, demande de l’attention. La vidéo de son départ est ici : https://www.youtube.com/watch?v=jQYhmuMT7I0

Il lui faut 27 jours pour rejoindre les Canaries. Une traversée difficile. Son régulateur d’allure est arraché dans le Golfe de Gascogne, elle n’a pas de pilote automatique pour compenser cela et elle tombe sérieusement malade, victime d’un empoisonnement à la confiture (si, si !!). Elle séjourne dix jours aux Canaries afin de se remettre avant de continuer sa route pour rejoindre les Antilles et plus précisément la Martinique. Il lui fallait traverser l’océan sans tarder, et ce, toujours sans pilote automatique. C’est au milieu de l’océan Atlantique que Birgit célèbre seule ses 70 ans : « C’était une journée magnifique, le temps était beau et chaud, une belle brise poussait mon voilier, et j’ai célébré mes 70 ans avec une bouteille de Mouton-Cadet Rothschild ».

Lorsqu’on lui demande comment elle fait pour avoir la météo, elle répond : « quand mon épaule gauche commence à me faire mal, je sais que le temps va changer, la basse pression arrive ». Et sinon, elle observe le ciel et réduit les voiles à temps.

Sous le vent de la Martinique, du côté de Saint-Pierre, elle lance un PAN-PAN (un appel d’urgence) et est prise en charge par la SNSM de Case-Pilote.

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Les sauveteurs en mer la trouvent à l’arrivée de la transat déshydratée, sous-alimentée et désorientée. Elle est hospitalisée et son bateau est remorqué dans une marina. Birgit se remet sur pied et reste six semaines en Martinique pour régler une bonne fois son problème de gréement. Elle achète également un pilote automatique afin de lui rendre la vie à bord un peu plus facile et traverse la mer des Caraïbes pour atteindre Panama.

Lors de la traversée du canal de Panama, ils sont six personnes à bord de ce minuscule bateau de 6,40 mètres de long le temps de traverser les trois écluses : elle, la capitaine, le pilote du port et quatre équipiers obligatoires pour assurer la sécurité pour un bateau. A nouveau, un peu de temps perdu car le premier bateau qui devait remorquer le Muscadet a fait défaut au dernier moment.

À la sortie du canal, Birgit atteint la ville de Balboa et se dirige vers les Marquises qu’elle atteint après 37 jours de mer le lundi 13 juin 2016. Son fils Tammo l’y retrouve. A cause des divers imprévus qu’elle a dû affronter durant son voyage, elle n’a pas pu arriver à le 23 mai 2016 à Moorea comme prévu mais c’est sans regret.

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Ensemble, en souvenir de celui réalisé 19 ans plus tôt à bord du précédent voilier de sa Brigit, le « Poco Loco », Tammo et elle emmène « Fleur d’Ajonc » de Nuku Hiva à Moorea. Cette dernière traversée durera 7 jours.

Depuis son départ de Roscoff, Birgit HABELT, à 70 ans, aura réalisé en 8 mois 133 jours de navigation pour 20.000 kilomètres parcourus.

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Comme quelqu’un l’a si joliment dit sur un forum de discussion sur l’épopée de Birgit « Il y a des Hommes qui en rêvent et des Femmes qui le font. Chapeau Bas Madame. »


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Art. 6 – Vive les travaux !

P = U x I… Je répète la formule pensivement… Effectivement, ça me dit vaguement quelque chose… Ça doit faire plus de vingt ans que je ne m’en suis pas servie de cette formule… A l’époque, j’étais encore sur les bancs du lycée et j’étais capable de répéter toutes les informations apprises et de les appliquer aux problèmes abstraits qu’on me posait pour les résoudre correctement. Aujourd’hui, je n’ai plus que de vagues souvenirs de cette période et je n’ai jamais appliqué concrètement ces types de connaissances. Du coup, j’ai oublié… Ben me refait rapidement un petit cours : la puissance P se mesure en Watts et elle est égale à la tension mesurée en Volts fois l’intensité mesurée en Ampères(*). J’essaie de visualiser la formule… pour avoir des Watts, on multiplie des Volts par des Ampères…

Ben commence par faire la revue de mes besoins électriques. Malgré un panneau solaire de 100 Watts sur le portique arrière et un autre panneau de 50 Watts fixé au pied du mât, soit 150 Watts au total, il me persuade vite que ce n’est pas suffisant par rapport à mes besoins électriques : mon pilote, les lumières à l’intérieur, les feux à l’extérieur, mon ordinateur, ma tablette etc…Honnêtement, je n’ai pas tout compris de ses explications mais il a l’air tellement sûr de lui que je me laisse guider. C’est ainsi que je commence à modifier Nautigirl. Exit le panneau solaire de 50 Watts. Il est démonté et revendu. En contrepartie, j’investis dans un panneau de 100 Watts qui rejoint celui qui était déjà sur le portique.

J’en profite pour acheter un moniteur d’activité ainsi qu’un nouveau convertisseur 12-220V. Hé oui, dans un bateau, tout fonctionne en 12 Volts et pour utiliser un ordinateur ou n’importe quel appareil qui ne fonctionne pas à la même tension, il faut un convertisseur et si possible un convertisseur qui délivre un courant stable ! Sinon, on grille ses appareils électriques en un rien de temps paraît-il ! Ben m’a fait tellement peur à ce sujet que j’ai préféré investir et abandonner le vieux que j’avais déjà à bord du bateau et qui semblait être sur le point de décoller tel une fusée tant il est chaud et tant son ventilateur faisait de bruit lorsqu’il était en marche. Le moniteur d’activité, quant à lui, branché aux batteries, me permet de suivre facilement leur niveau de décharge. Côté électricité, je suis donc parée maintenant grâce à Ben ! Celui-ci part vadrouiller dans les îles du Nord Caraibes et il me laisse un dernier cadeau avec de partir : une scie d’élagage qui se replie en deux.

Je suis ravie de son petit cadeau : ça marche super bien pour la découpe de planches de contreplaqué. J’ai déjà plein d’idées d’aménagements intérieurs pour tenter d’optimiser l’espace de rangement. Trop d’espaces sans étagères et c’est autant d’espace perdu, à moins de vouloir y entasser des choses pêle-mêle sans aucune organisation. Je ramène des planches à bord pleine d’enthousiasme et je commence à découper mes futures étagères. J’en mets partout où je peux. Je réalise même ma première porte de placard de ma vie, du type qui s’encastre, avec des petites charnières et tout et tout ! Ca paraît rien du tout mais je suis fière de mes petits accomplissements. Bien évidemment, cela a été une succession de tentatives avortées avant de trouver la bonne solution et plus rarement des succès du premier coup. Je découvre le monde du bateau… Non, le sika(*), ce n’est pas de la superglue, et non, tu ne peux pas faire tenir une baguette en bois sur de la résine sans vis… Et pour que l’étagère soit bien droite, vous feriez comment vous ? Avec un niveau, c’est ça ? Ben, j’y avais bien pensé et j’en ai même acheté un, mais figurait vous qu’un bateau au mouillage, hé bien, ça bouge toujours ! Du coup le niveau, ça sert pas à grand chose… Bref, j’apprends de mes erreurs… Tout doucement… Vraiment doucement…

Forcément je pose beaucoup de questions tout autour de moi. Et ce que j’observe, c’est que tu as beau poser la même question à différentes personnes, avec les mêmes mots, il n’y en a pas UNE SEULE qui te donnera la même réponse que son voisin… Donc, toi, petite nouvelle dans ce monde inconnu, tu dois donc faire un choix entre plusieurs possibilités sans savoir laquelle est la bonne… Et le problème, c’est qu’on te raconte pas mal de conneries ! Donc, tu fais un choix et parfois, ce n’était pas la bonne option…

Un exemple : j’avais un presse-étoupe(*) qui gouttait. De l’eau qui rentre dans ton bateau, même si c’est au compte-gouttes, ça ne paraît jamais bon et je me posais quelques questions. Du coup, une copine me parle d’un pote qui est un excellent mécano mais qu’il faut chopper avant 11 heures du matin parce que sinon, il risque de ne pas être en état (on parle d’un gros problème d’alcool là, si, si !) et qui pourrait rapidement jeter un coup d’œil en échange… d’une bière (ben ouais, forcément…). Je passe le voir avec elle et je le ramène sur le bateau. « Ha, mais c’est pas bon ça ! Attends je te le resserre ! ». Il m’emprunte quelques outils et s’exécute. Génial ! Quelques heures après, j’en parle avec quelqu’un au bar du coin (on passe beaucoup de temps dans les bars dans une marina) qui me dit « Mais non ! C’est le dernier truc à faire avec le type de presse-étoupe que tu as ! C’est un presse-étoupe à tresse. Il y a du suif à l’intérieur. C’est normal que ça goutte. C’est pour empêcher le suif de chauffer ! ». Merde… Ne me restait plus qu’à desserrer un peu le presse-étoupe pour le refaire goutter comme avant. Et résultat, au premier petit tour en mer que j’ai fait après avoir touché à ça, j’ai ramassé 30 litres d’eau dans les fonds : à la gite, je voyais l’eau dépasser des planchers. Autant dire que ça m’a bien fait stresser sur le coup et que je suis retournée rapidement au port. Heureusement que je n’étais pas seule à bord ce coup-là sinon j’aurais pu paniquer. En fait, j’avais trop desserré le presse-étoupe. Ca gouttait à l’arrêt comme il fallait, mais moteur en route, ça ne gouttait pas, ça « pissait » plutôt (trop desserré le machin). Et ça s’est joué à un 1/4 de tour de petits boulons. C’est un autre pote, qui s’y connaissait, lui, qui a finit d’ajuster le serrage de ce fameux presse-étoupe…

Autre exemple… A la première pluie subie, je me suis rendu compte que les hublots fuyaient… Encore, un truc à régler et sur lequel tout le monde y aillait de son idée… « Mets du silicone ! », « Du sika, y a rien de mieux », « Sika oui, mais tu mets un primaire d’accroche avant hein, sinon ça tient pas ! », « Bof, met du tape(*) gris tout autour. De toute manière, ça finit toujours par fuir »…. Bref, à force de tourner en bourrique, j’ai décidé de faire simple. En attendant de faire un travail correct (quand je saurais quelle est la meilleure option), j’ai acheté dans un magasin un produit spécial fuites : une sorte de liquide qu’on fait couler dans les craquelures et qui, en séchant, se transforme en une sorte de pâte à joint qui comble les fissures. Momentanément, ça a suffit… Momentanément, seulement…

Je commence à me former un petit groupe d’amis au Marin. Et je ne suis pas la seule dont c’est le premier bateau. Du coup, nous formons des petits équipages mixtes (expérimentés et « débutants ») pour nous entraîner à naviguer à plusieurs bateaux dans la baie du Marin. Bonne ambiance à bord garantie ! Nautigirl est généralement le plus petit, les autres faisant plutôt dans les 40 pieds(*), il est donc aussi forcément le plus lent, mais ce n’est pas grave, les autres font demi-tour régulièrement pour ne pas me distancer.

 

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Je me rappelle d’une bonne frayeur lors d’un de ces petits tours d’entraînement. J’étais avec Théo à bord, la vingtaine, moniteur de voile légère et nous remontions au près(*) dans la baie lorsque notre route a croisé celle d’un voilier bien plus grand, sous moteur (voiles rangées donc) faisant droite ligne de collision sur nous. Théo, confiant, me dit « T’inquiète pas, on est sous voiles et on est tribord amures(*). On est prioritaire. Il va s’écarter de la route, tu verras ». Les secondes s’écoulent et nous sommes toujours en route de collision ! Théo reste confiant… Encore… Toujours… Je commence à m’inquiéter. Là, il faut vraiment qu’on fasse quelque chose ! Théo siffle. Je m’excite. J’essaie d’interpeler l’autre voilier. Pas une réaction de sa part. Au dernier moment, Théo tire à fond sur la barre pour abattre en grand et on passe au cul du bateau sourd. Et là, je vois deux nanas en bikini en train de faire bronzette. On crie, on engueule, on fait des gestes pour tenter de leur faire comprendre leur imprudence et on voit ces deux nymphettes – qui visiblement n’ont rien compris à ce qu’il venait de se passer – nous faire des grands signes pour nous dire bonjour… Un yacht russe… Visiblement, les personnes qui sont à l’extérieur sont là pour la décoration et pas pour les manœuvres… L’équipage, lui, ou le skipper tout au moins est invisible…

Nous nous motivons à réaliser des petits exercices comme par exemple récupérer un homme à la mer symbolisé par un pare-battage(*) jeté à l’eau et auquel nous avions attaché un seau (très mauvaise idée le seau en fait). Pour cet entraînement, nous étions trois (un expérimenté et deux débutants) sur un voilier de type « Ovni 39 ». Nous avons passé deux bonnes heures à tenter de récupérer le soit-disant homme à la mer sans succès. Soit on passait trop loin du pare-battage, soit on arrivait pas à l’attraper avec la gaffe à gauche du seau qui s’était bien évidemment rempli et qui jouait un poids mort. A la fin, n’y tenant plus, ainsi que pour pimenter le jeu, j’ai décidé de me jeter à l’eau pour motiver mes équipiers. J’ai rapidement rejoint le pare-battage, vidé le seau et attendu leur passage. Cette fois-ci, la manœuvre d’approche a été plus un peu meilleure. J’ai pu leur tendre le « faux homme à la mer » qui a retrouvé son coffre de rangement. Pour me faire remonter à bord, on a voulu tester une des méthodes possibles. Me tendre une drisse(*) afin de me remonter à bord à la force du winch(*). J’étais censée faire une boucle avec un gros nœud, me glisser dedans et attendre qu’on veuille bien me « treuiller ». Et ça ne s’est pas vraiment passé comme prévu… La drisse a filé le long du mât, aucun nœud au bout pour la bloquer avant qu’elle ne file totalement et qu’elle me reste entre les mains. De retour à la marina, je me suis proposée pour monter en haut du mat (15 mètres quand même) afin de la remettre en place…

Bref, je trouve une petit rythme de vie sympa dans la marina du Marin. Entre bricolage, petits tours en mer, soirées animées avec les copains dans les bars et restaurants pas chers du coin. Forcément, je rentre souvent de nuit au bateau. J’apprends à prendre confiance en moi au milieu des ancres, des bouées et des cayes(*) à éviter. Une caye ? C’est un haut-fond, grosso modi, une « no-go zone » même en annexe… Moi qui pensait que dans une marina, partout il y avait un minimum de profondeur, j’apprends à mes dépens que même au milieu d’un mouillage, on peut se retrouver moteur planté dans les algues et la vase dans 20 centimètres d’eau. De nuit, c’est mieux s’il vous plaît ! D’où l’importance d’avoir toujours des rames à bord !!! Et croyez-moi, tu ne les oublies qu’une seule fois !!!

Concernant encore le dinghy(*) : si vous saviez le nombre d’autres bêtises que j’ai pu faire avec… La plus drôle à raconter, c’est quand j’ai voulu pour la première fois regonfler un peu ses boudins. A l’époque heureusement, Ben était encore dans les parages. Bref, je m’installe pleine de bonne volonté dans l’annexe, la pompe à la main (pompe je précise qui n’est pas celle d’origine) et je tente d’insérer l’embout de la pompe à l’intérieur du trou prévu à cet effet. Et là, j’entends un « pffffffffffffff » continu… A moitié affolée (je me vois déjà baigner dans le port), je remets à la va-vite le bouchon comme je peux pour boucher la fuite et j’ai dû appeler Ben à la rescousse… En fait, il s’agissait juste d’un petit bitoniau qui, lorsqu’on appuie dessus en le faisant pivoter, laisse ouvert la valve. Lorsqu’on appuie juste dessus sans le faire tourner, sitôt qu’on cesse d’exercer une pression, il referme la valve. Là, en installant la pompe, j’avais dû le faire pivoter sans le vouloir (et sans savoir !)…. Je vous passe les détails concernant ma panne de moteur parce que j’avais oublié de remettre de l’essence… Bref, tous les petits moments de solitude à travers lesquels tous les voileux ou presque sont passés à un moment donné (j’avoue néanmoins que j’ai certainement dû exploser la moyenne)…

Régulièrement, je change de zone de mouillage. Quelques semaines du côté de la zone de carénage où je fais connaissance avec la faune de « Bichick », petit bar un peu « routard » avec un bon wifi où se retrouvent tous ceux qui bossent sur les bateaux dans les environs. Quelques semaines côté « nouvelle marina » avec les bars et les restaurants un peu plus orientés « touristes ». Et puis finalement un petit bout de temps côté troisième trou à cyclone(*) où l’eau est bien plus claire et plus accueillante que l’eau du reste de la marina, ce qui m’autorise des baignades régulières au cul du bateau.

C’est là-bas que je rencontrerai les amis qui vont me motiver à faire MA PREMIÈRE NAVIGATION SOLO ! Une gros cap psychologique à franchir pour moi.


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A très vite !


PS : Cette histoire raconte ce que j’ai vécu mais afin de respecter l’anonymat des personnes qui ont croisées ma route, j’utilise des prénoms d’emprunt – sauf autorisation expresse obtenue de leur part.


GLOSSAIRE :

Annexe : petite embarcation, à rame ou à moteur, permettant de faire les allers retours entre le port ou le rivage et le bateau en mouillage.

Caye : C’est une zone proche d’une côte, caractérisée par une faible profondeur, souvent en sable ou composée de corail comme une petite île basse.

Drisse : “corde” que l’on voit courir le long du mat et qui sert à hisser ou affaler une voile.

Dinghy : annexe en anglais. Les deux mots sont couramment employés pour définir la même chose. Voir la définition d’annexe plus haut.

Pare-battages : sorte de bouée gonflée d’air servant à amortir et à protéger la coque face à d’éventuels chocs sur un quai ou un autre bateau (on parle également de « défense »). 

Pied : mesure de longueur qui, comme son nom l’indique, correspond environ à la taille d’un pied humain. C’est l’une des mesures les plus anciennes de l’histoire. Un pied fait 0,3048 mètre.

Près : lorsque le voilier navigue au plus près du vent (à 45°), l’allure correspondante est le près.

Presse-étoupe : pièce garnie d’un joint assurant l’étanchéité de l’arbre de transmission. En gros (en très gros), l’hélice est fixé sur un tube (l’arbre) qui rentre dans la coque du bateau et c’est ce fameux presse-étoupe qui permet de ne pas couler par cet endroit.

Sika : abréviation de « Sikaflex » qui est une marque de colles et de mastics d’étanchéité très réputée dans le monde marin.

Tape gris : scotch gris plastifié à l’extérieur et tissé à l’intérieur très très solide. Il sert dans beaucoup de situations.

Tribord amures : On dit tribord amures quand le bateau reçoit le vent par tribord (droite en regardant l’avant du bateau).

Trou à cyclone : baie particulièrement bien protégée dans laquelle se réfugient les bateaux en cas de menace de vents forts.

Winch : avec sa manivelle, sorte de gros moulin à café sur lequel vient s’enrouler la “corde” qu’on cherche à tendre. Il permet de démultiplier les efforts.